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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi
Autoren: Max Gallo
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vue vivre. Il l’a vue prier. Et elle est désormais marquise de Maintenon.
    Et d’ailleurs, s’il l’a choisie, il l’élève, il efface son passé.
    N’a-t-il pas le pouvoir dont il use encore, quatre ou cinq fois par an, de toucher les écrouelles et de les guérir, et les malades l’attendent, les plaies couvrant leur visage ou leurs membres difformes. Il les effleure du bout des doigts. Et le jeudi saint, il lave les pieds de treize enfants pauvres.
    Mais lui, qui le touchera avec la volonté de le protéger, d’apaiser ses souffrances, ces maux du corps qui chaque jour le mordent plus profondément, plus durement ?
    Il a besoin de cette femme devant laquelle il peut somnoler, soupirer, montrer sa lassitude, sa fatigue.
    Il regarde Mme de Maintenon, assise dans son fauteuil à coussins de damas rouge. Elle brode, mais souvent elle lève les yeux.
    Il ne se sent pas surveillé, guetté. Son regard le caresse, elle l’enveloppe. Elle partage avec lui le même âge de la vie. Et il ne ressent plus guère le désir d’un jeune corps. Il n’a plus besoin d’être conquérant.
    Il aime la manière passive et souriante dont elle l’accepte, s’offrant avec tendresse et soumission. Elle n’a aucune des fureurs amoureuses, des inventions passionnées d’Athénaïs de Montespan. Mais il n’attend pas cela d’elle.
    Lorsque, après une brève étreinte, il s’écarte, il est apaisé. Et parfois, une deuxième fois dans la journée, il la serre contre lui, et avec la même douceur, la même bienveillance, elle se laisse aimer.
    Louise de La Vallière ou Marie-Angélique de Fontanges défaillaient quand il les prenait. Elles étaient de jeunes proies. Marie-Thérèse fermait les yeux et subissait. Athénaïs de Montespan se nouait à lui, avec un désir si fort qu’il en était presque effrayé, et elle l’entraînait dans des gouffres de plaisir où il perdait conscience.
    Mme de Maintenon l’accueille avec simplicité et naturel. Elle lui appartient. Et après l’amour il s’endort paisiblement.
     
    Lorsqu’il se réveille, il veut qu’elle soit là, toujours, disponible, priant pour lui. Et une phrase tout à coup s’impose à lui alors que l’automne commence à noyer sous le brouillard les jardins, et que la terre est tapissée de feuilles mortes. La fumée des cheminées se répand dans les galeries du château, sans que le feu puisse vraiment réchauffer les bâtiments où s’infiltre le vent humide !
    Il murmure ces mots qui s’imposent à lui. Elle sera son épouse devant Dieu ; celle qui demeurera à ses côtés chaque jour jusqu’à ce que la mort s’avance.
    Et elle n’exigera de lui que la présence et la piété.
    Il sera avec elle tel qu’il est avec lui-même.
    Il la regarde vivre, prier dès le matin, se rendre à l’une des premières messes, s’y confessant, puis revenant dans ses appartements, se préparant à l’accueillir.
    Il s’installe à droite de la cheminée cependant qu’elle prend son ouvrage et que les ministres défilent, exposent leurs affaires.
    Il veut pouvoir à tout instant lui demander : « Qu’en pense Votre Solidité ? »
    Et c’est une grâce de Dieu que d’avoir placé près de lui cette femme pieuse, qui prie pour le salut de son roi.
    Il peut avec elle, devant elle, sortir de cette scène royale où il doit mesurer chacun de ses gestes, de ses regards. Et c’est de ce repos intime dont il a besoin.
    Il convoque son confesseur le père de La Chaise, puis l’archevêque de Paris Harlay de Champvallon.
    — Elle prie pour mon salut, dit-il.
    — Elle n’a que le souci de votre âme, dit le père de La Chaise. Dieu l’habite.
    Il veut l’épouser, en la seule présence du confesseur et de l’archevêque, du marquis de Montchevreuil dont l’épouse est une amie de Mme de Maintenon, de Louvois. Le premier valet de chambre Bontemps préparera la chapelle du château de Versailles.
    Ce mariage, le 9 octobre 1683, est affaire d’âmes et non de théâtre.
    Et chacun sera tenu au secret.

 

4.
     
     
    Il lit et relit cette copie de l’une des nombreuses lettres qu’Élisabeth Charlotte, la Palatine, adresse chaque jour aux siens et que les espions du cabinet noir subtilisent et traduisent.
    « Je n’ai pas pu savoir si le roi a oui ou non épousé la Maintenon, écrit la princesse. Il y en a beaucoup qui assurent qu’elle est sa femme et que l’archevêque de Paris les a unis en présence du confesseur du roi et du frère
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