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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi
Autoren: Max Gallo
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répéter :
    — Je sais que vous faites tout ce qui est possible. La grande dépense me fait beaucoup de peine, mais il en est de nécessaires.
    Il ne veut plus qu’on le harcèle ainsi.
    Et pour quel profit ?
    Il a fallu qu’on enterre Colbert à la nuit tombée, parce que l’on craignait que le peuple manifestât contre lui, autour de l’église Saint-Eustache, où se déroulaient les cérémonies funèbres.
    Le peuple ne sait pas. Le peuple est ingrat.
    Un roi ne doit chercher qu’en lui-même, et non chez ses sujets, fussent-ils ministres, l’approbation ou le désaveu de ses actions.
    Il ne doit accepter aucune critique.
    Seule la mort est plus puissante que le roi, et Dieu est son seul juge.

 

3.
     
     
    Il est assis à la droite de la cheminée, dans ce qui fut la chambre de la reine.
    Il a voulu dans les jours qui ont suivi la mort de Marie-Thérèse que Mme de Maintenon s’installât dans ses appartements.
    Elle est là, de l’autre côté de la cheminée. Elle brode ou elle lit. Il lève les yeux, ferme l’état des dépenses et des recettes que vient de lui remettre le contrôleur général des Finances, Claude Le Peletier. Il observe Mme de Maintenon.
    Il a besoin de sa présence, le plus souvent silencieuse. Mais il la sent attentive. Réservée, la tête baissée sur son ouvrage, elle ne perd aucun mot des propos que les ministres échangent, puisque c’est en sa présence, dans sa chambre, qu’il a décidé de tenir les Conseils. Et il a même pris l’habitude de l’interroger.
    — Que pense Votre Solidité ? lui demande-t-il.
    Elle le regarde. Elle murmure qu’elle ne sait pas. Il répète sa question. Il ne doute pas qu’après quelques instants, d’une voix douce, elle donnera son avis et, même s’il ne s’y rallie pas, il veut l’entendre.
     
    Il a l’impression qu’elle veille sur lui, qu’elle le protège contre lui-même, contre les tentations qui parfois l’effleurent encore.
    Mais les jeunes et provocantes suivantes ou dames d’honneur, ce bouquet de fleurs fraîches qu’on lui présentait à chaque pas, ont disparu.
    La reine n’est plus. Mme de Montespan rôde encore dans les galeries et elle a conservé les appartements qu’elle occupait lorsqu’elle était maîtresse régnante, mais il ne la voit plus, détournant les yeux chaque fois qu’il la croise. Elle fréquente d’ailleurs plus la chapelle du château que les tables de jeu d’après souper.
    Et lui-même a changé. Il veut encore de grandes fêtes, des réceptions fastueuses pour les ambassadeurs étrangers, des représentations de ballets, mais il n’a plus l’entrain d’autrefois.
    Son corps est encombrant. Parfois une douleur fulgurante traverse son ventre, brûle ses fondements. Il pense à la reine, à Colbert, à ses proches, plus jeunes que lui et que la mort a ensevelis.
    Puis la douleur s’efface. Mais son souvenir demeure. Il est soucieux. Il ne s’apaise que quand il entend le murmure des prières que Mme de Maintenon récite en égrenant son chapelet.
    Et il l’imite.
    Elle dit :
    — Je crois que la reine a demandé à Dieu la conversion de toute la Cour.
    Elle baisse encore la voix, ajoute :
    — La vôtre est admirable, Sire.
    Il pense que peut-être doit commencer pour lui le temps de la pénitence.
    Il a si souvent cédé aux besoins de la chair sans se soucier de savoir si ses amours étaient criminelles, sacrilèges, qu’il lui faut demander pardon, changer.
    Désormais, dans cette partie de sa vie, il veut refuser ces plaisirs. D’ailleurs, il ne sent plus en lui le désir tumultueux auquel il s’était toujours soumis.
    Le temps n’est plus.
    Le sommeil – et non le désir – le saisit au milieu de la journée. Il se réveille en sursaut, un peu hagard, et il est rassuré dès qu’il aperçoit Mme de Maintenon, assise non loin de lui, immobile, comme si le temps n’avait pas de prise sur elle.
    Il veut qu’elle soit là, près de lui, toujours.
    Peu importe son passé.
    Il connaît toutes les rumeurs qui ont couru sur elle et qui se propagent encore.
    Elle a peut-être été cette jeune Françoise d’Aubigné veuve Scarron, mariée à cet infirme par ambition, accueillante aux côtés de Ninon de Lenclos, une courtisane aux amants si nombreux qu’on ne pouvait en dresser la liste, mais qui étaient tous de haute lignée.
    Il ne veut pas se souvenir de cela, mais de la gouvernante aimant les enfants qu’il a eus avec Mme de Montespan.
    Il l’a
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