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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi
Autoren: Max Gallo
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toutes les nations on regarde vers ce château, vers le roi qui l’a fait surgir dans une nature ingrate, elle aussi domestiquée.
    Et chacun doit se persuader qu’en ce château, cœur du royaume et cœur du monde, le roi est comme le Soleil capable d’éclairer d’autres empires : Nec pluribus impar.
    Il faut qu’on n’oublie jamais que « le roi seul reçoit tous les respects, que lui seul est l’objet de toutes les espérances, qu’on ne poursuit, qu’on n’attend, qu’on ne fait rien que par lui seul ».
    Et que « tout le reste est rampant, tout le reste est impuissant, tous le reste est stérile ».

 

2.
     
     
    Il se penche vers la reine.
    Marie-Thérèse a déjà prononcé quelques mots, mais d’une voix si faible qu’il ne les a pas entendus, à moins qu’il n’ait pas voulu les comprendre.
    Elle se soulève un peu, le visage couvert de sueur, elle murmure :
    — Monsieur, je me meurs.
    Il se redresse. Il ne peut pas répondre, la rassurer et la contredire. Il sait qu’elle dit vrai.
    Il a soumis les Grands. Il les a contraints à suivre méticuleusement l’étiquette qu’il a fixée. Sur la scène de Versailles, ils sont les acteurs de cette machine qu’il a conçue pour qu’ils ne soient plus que les rouages du pouvoir dont il est l’incarnation et le principe.
    Et il a fait s’agenouiller tous les sujets du royaume, ces paysans si souvent en révolte et qui maintenant en Anjou tendent la main, pour recevoir l’aide royale. Et il a écrit à Colbert :
    « La misère me fait grand peine, et il faudra faire tout ce que l’on pourra pour soulager les peuples. Je souhaite de le pouvoir bientôt. »
    Quant aux huguenots, têtus et hérétiques, il a approuvé Louvois de multiplier les dragonnades dans le Vivarais, au Poitou, en Languedoc, au Béarn, et selon le ministre les conversions se font chaque jour plus nombreuses.
    Et les souverains des autres nations, même ligués entre eux, ont dû reconnaître sa puissance.
    Il a voulu parcourir avec la Cour les terres de Franche-Comté et d’Alsace. Il a visité les villes conquises, annexées, réunies : Besançon, Belfort, Colmar. Il a fait manœuvrer dix-huit mille cavaliers au camp de Bellegarde, et vingt-huit bataillons d’infanterie dans celui de Bouquenon.
    Qui peut lui résister ?
    Il le sait : la mort.
    C’est la grande invincible frondeuse.
     
    Il l’a vue, tout au long de ce voyage de plus d’un mois, faire le siège de la reine, emporter une à une ses résistances, obligeant Marie-Thérèse à ne pas chevaucher aux côtés des autres dames pour assister aux parades et aux manœuvres.
    Il a dû écrire à Colbert :
    « Pressez tous les ouvrages de Versailles car je pourrais bien abréger le voyage de quelques jours. »
    Et dès le retour au château, Marie-Thérèse s’est couchée, épuisée, un abcès douloureux sous l’aisselle.
    Il lui a rendu souvent visite, comme il a pris l’habitude de le faire depuis qu’il s’est installé à Versailles et qu’il n’a plus près de lui l’une de ces maîtresses régnantes dont le corps l’enflammait.
    Mme de Maintenon au contraire, de sa voix posée, l’invite à se rendre chaque soir auprès de Marie-Thérèse.
    Et il lui sait gré de l’inciter ainsi à rendre hommage à la reine qui pour la première fois l’émeut.
    Et voici la mort qui s’avance. La fièvre brûle le corps de Marie-Thérèse. Les médecins s’opposent, impuissants à la combattre. L’un, Guy Fagon, veut qu’on fasse une saignée au pied. L’autre, le chirurgien Gervais – le médecin de la reine –, refuse d’abord, puis pleure.
    — Vous voulez donc que ce soit moi qui tue la reine ?
    Mais il s’exécute.
    Fagon ordonne alors qu’on fasse boire à la reine du vin émétique qui épuise la malade.
    Mais que peuvent les médecins contre la mort ?
    Le 30 juillet 1683, Marie-Thérèse murmure :
    — De toute ma vie, depuis que je suis reine, je n’ai eu qu’un seul jour de véritable contentement.
    Puis elle meurt.
    — Voilà le premier chagrin qu’elle m’ait donné, dit Louis.
    Il entend Élisabeth Charlotte, la Palatine, murmurer :
    — On peut bien dire que tout le bonheur de la France est mort avec elle.
    Il voit s’avancer Mme de Montespan. Qui pleure-t-elle ? Marie-Thérèse, ou la fonction de surintendante de la Maison de la reine qui lui assurait, en dépit de son rejet par le roi, une fonction éminente à la Cour ?
    Il ne veut pas répondre
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