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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi
Autoren: Max Gallo
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quand les hommes et la nature sont maîtrisés, que la douleur en lui s’apaise.
    Et il réprimande, il châtie ceux qui viennent par leurs propos troubler cet ordre.
    Il ne tolère plus les comportements fantasques, les écrits, les libertés d’Élisabeth Charlotte, la Palatine, qui il y a quelques mois encore le faisaient sourire.
    Elle doit rentrer dans le rang. Et il le dit durement au confesseur de la princesse.
    Il veut que le prêtre transmette dans les mêmes termes cette réprimande.
    Il pourrait chasser de la Cour, insiste-t-il, Élisabeth Charlotte. Il faut qu’elle comprenne que les temps ont changé.
    Elle lui répond. Il lit les premières phrases et, durant quelques instants, la douleur qui le tenaille semble s’effacer.
    Élisabeth Charlotte écrit :
    « Je sais que vous êtes mon roi et par conséquent mon maître, ainsi je ne m’aviserai jamais de vous bouder… Vous êtes mon roi et c’est à moi d’en souffrir et quoi que cela m’ait pénétré de douleur jusqu’aux os je me suis flattée, je vous l’avoue, que vous ayez encore assez de bonté pour moi pour écouter ma justification…»
    Elle s’excuse, elle se soumet :
    « Je ne puis que vous supplier, Monseigneur, d’oublier le passé, de m’ordonner quelle conduite vous voulez que je tienne à l’avenir et je l’exécuterai très exactement, et vous assure, Monseigneur, qu’en cela et en tout ce qui vous plaira jamais de m’ordonner, vous serez obéi. »
    Et puis tout à coup, alors qu’il parcourt les dernières lignes, il sent l’étau de la douleur le serrer de nouveau.
    La Palatine écrit :
    « Et je vous supplie encore de croire que je n’ai pas moins de respect et, si j’ose dire, de véritable amitié pour Votre Majesté, que les gens qui croient se faire valoir auprès de vous, qu’ils ne peuvent avoir de véritable respect pour vous, parce qu’ils ont la hardiesse de vous rendre odieux…»
    Il cesse de lire, il rejette la lettre.
    Élisabeth Charlotte ne cite pas de noms, mais qui peut-elle viser sinon Françoise de Maintenon ?
    Les espions qui se sont glissés dans l’entourage de la Palatine ont déjà rapporté qu’elle voue à Mme de Maintenon une haine tenace, qu’elle l’accuse de « s’amuser à rendre odieux au roi tous les membres de la famille royale ».
    La souffrance qui le tenaille se fait plus vive.
    Élisabeth Charlotte ne s’est convertie que pour pouvoir épouser Philippe d’Orléans, mais elle est demeurée au fond d’elle-même une hérétique.
    Il est sûr qu’elle est hostile à la révocation de l’édit de Nantes.
    Dans ses lettres à ses proches restés hérétiques, elle écrit : « Il m’est impossible de traiter par la poste de questions religieuses. »
    Elle se méfie, connaît l’existence du cabinet noir !
    Mais elle se confie et il s’emporte en lisant les propos qu’elle tient :
    « Là où le diable ne peut arriver il envoie une vieille femme, dit-elle. Nous tous, les membres de la famille royale, nous nous en apercevons bien. Mais assez là-dessus ! Il n’est pas recommandé d’en dire davantage. Mais j’ai plus de religion que tous les grands dévots, car je vis aussi bien que je peux et je ne fais de mal à personne…»
    Qui est cette vieille femme, sinon Mme de Maintenon ?
    Il se sent blessé, et impuissant, car pourrait-il chasser de la Cour, faire emprisonner, la femme de son propre frère ?
    Il doit agir. Il ne doit pas suivre ces nouveaux convertis, ces hésitants qui acceptent que le royaume soit menacé par la gangrène de l’hérésie.
    Il doit écouter Bossuet, le père de La Chaise, qui répètent :
    — Le prince doit employer son autorité pour détruire dans son État les fausses religions. Il est le protecteur du repos public qui est appuyé sur la religion et il doit soutenir son trône dont elle est le fondement…
    Il confie à Bossuet que certains, auprès de lui, prêchent la tolérance, l’acceptation de la présence de l’hérésie dans le royaume.
    Bossuet s’indigne, dit :
    — Ceux qui ne veulent pas souffrir que le prince use de rigueur en matière de religion, parce que la religion doit être libre, sont dans une erreur impie.
     
    Il entend le murmure des prières de Mme de Maintenon qui, égrenant son chapelet, ne le quitte pas des yeux.
    Elle veille sur lui, le conforte dans sa décision. Elle demande au Seigneur de le protéger, de soulager ses souffrances. Et il a l’impression que peu à peu la
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