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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi
Autoren: Max Gallo
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invite d’un geste lent Monseigneur le dauphin, Michel Le Tellier et Louvois, puis le marquis de Châteauneuf à prendre place autour de lui.
    Mme de Maintenon, assise à gauche de la cheminée et penchée sur son ouvrage, n’a pas bougé.
    — Ce que veut le roi devient le droit, dit-il.
    Tous approuvent.
    Mais, reprend-il, il veut plus que la gloire, plus que la réunion et l’annexion des territoires et des villes, plus que les excuses du doge de la république de Gênes, plus que la trêve acceptée par les Provinces-Unies, l’Espagne et l’empereur germanique.
    D’ailleurs, ces adversaires se préparent déjà à reprendre la guerre.
    Guillaume d’Orange s’est allié à l’électeur de Brandebourg, Frédéric-Guillaume. En Angleterre, le nouveau souverain, le catholique Jacques II, est critiqué, menacé par ses sujets, restés hérétiques.
    — J’ai le dessein de travailler à la conversion entière des hérétiques de mon royaume, ajoute-t-il. Je suis prêt à faire ce qui sera jugé le plus utile au bien de la religion.
    Il voudrait se lever, mais la douleur lancinante le paralyse.
    — Les sujets doivent avoir la religion de leur roi, dit Louvois. Une foi, une loi, un roi, chacun doit se soumettre à ce principe.
    Louis regarde Mme de Maintenon. Elle baisse la tête en signe d’assentiment, puis murmure :
    — Il ne faut point précipiter les choses. Il faut convertir et non point persécuter.
    Louis répète :
    — Convertir tous les hérétiques.
     
    Depuis 1661, explique Louvois, près de trois cents édits ont été promulgués qui ont peu à peu réduit l’hérésie.
    Des dizaines de milliers de huguenots, à Montauban, à Bordeaux, en Béarn, se sont convertis. Seuls les rebelles au roi refusent la conversion.
    Ceux-là, il faut les réduire. Ils sont le mauvais germe, l’ivraie dans la moisson. Il suffirait de révoquer l’édit de Nantes pour que l’hérésie soit extirpée.
    — Il faut en finir avec ce péril huguenot, poursuit Louvois. Ces obstinés religionnaires ne sont que des républicains, de mauvais sujets.
    Monseigneur le dauphin toussote, puis à voix basse dit que la révocation peut susciter des troubles, une reprise des guerres de Religion.
    Les huguenots, ajoute-t-il, peuvent chercher l’appui des princes de leur foi, ou bien, s’ils ne prennent pas les armes, fuir le royaume, ce qui nuirait au commerce et à l’agriculture.
    Louis toise son fils.
    Il a de bons généraux, dit-il au dauphin, des troupes fidèles, de braves dragons pour empêcher toute rébellion. Les huguenots le savent et n’iraient pas à leur perte.
    Il se lève malgré la douleur, prenant appui sur le dossier de son fauteuil.
    — Quant à la raison d’intérêt, continue-t-il, elle est peu digne de considération comparée aux avantages d’une opération qui rendrait à la religion sa splendeur, à l’État sa tranquillité et à l’autorité tous ses droits.
    Il fait quelques pas en boitillant.
    Il prendra bientôt sa décision, dit-il, avant la fin de cette année 1685.
    Il s’adresse à Louvois.
    Il veut que dans toutes les villes et provinces du royaume, on incite sans violence les huguenots à la conversion, en utilisant tous les moyens nécessaires.
    — Ce que veut le roi est le droit, conclut-il.
    Il a hâte que tous quittent la chambre.
    S’il se retrouvait seul avec Françoise de Maintenon, la douleur qui ronge son talon et sa jambe, qui brûle son ventre, déchire ses fondements, s’atténuerait.
    Mais il doit faire face à Monseigneur le dauphin qui s’attarde, qui n’en finit plus d’évoquer les excès commis en Béarn, dans de nombreuses villes, par les dragons, que les intendants au lieu de retenir poussent à être impitoyables.
    On ferme les temples, on arrache les enfants à leurs parents. On pille. On viole. On tue. On rassemble les huguenots sur les places des villes. On les exhorte à se convertir et, s’ils s’y refusent, on les frappe. On les oblige à rester immobiles jusqu’à ce qu’ils aient changé d’avis. Les évêques sont aux côtés des généraux.
    On outrepasse les désirs du roi.
    Seuls quelques hommes, des prêtres, des prévôts, s’interrogent sur les conséquences que de telles violences susciteront. Que gagne le royaume à voir un drapier, un artisan, conduit comme un criminel aux galères, et sa femme violée, ses enfants confiés à des familles inconnues ? Qui peut avoir confiance dans les nouveaux convertis, qui peut
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