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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi
Autoren: Max Gallo
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l’aine.
    Mais il ne doit pas s’affaisser, donner un signe de faiblesse.
    Il veut vivre droit jusqu’à ce que la mort le terrasse.
    Il pense à Fénelon, l’archevêque de Cambrai, dont le père Le Tellier, après le souper, lui a appris dans un murmure, en se signant, que Dieu l’avait rappelé à lui.
    Un mort de plus, l’un de ceux qui avaient imaginé gouverner avec le duc de Bourgogne. Et le duc de Bourgogne et ses fils sont morts, et Fénelon est mort et tant d’autres.
    Et il est encore le roi.
    Il lève l’autre bras, ferme les yeux quelques instants. Les doigts des valets effleurent sa peau. Il entend le froissement du tissu des vêtements qu’on retire.
    Il rouvre les yeux.
    Ce corps si maigre qu’il découvre, c’est le sien.
    Il lui semble que ses chairs ont fondu, qu’il a suffi de quelques semaines pour que son apparence se transforme. La peau est fripée, livide.
    Il a en face de lui le corps d’un homme mort.
    Il murmure comme s’il s’adressait à cet autre qui est lui :
    — Je vois bien que ton heure approche et qu’il faut songer sérieusement à mourir.
     
    Mais il ne veut pas céder à la tentation de fermer les yeux, de cesser ce combat qu’il mène contre la mort, cet affrontement de chaque instant, dont il s’efforce de masquer la cruauté.
    Il voit bien dans les regards des courtisans, des ministres, et dans ceux de Mme de Maintenon ou du duc du Maine, qu’on suit, heure après heure, sa lutte contre la maladie et la mort.
    Et certains espèrent leur victoire.
    On lui rapporte que quand il paraît faiblir, les salons des appartements de Philippe d’Orléans, au Palais-Royal, se remplissent de la foule des courtisans qui s’empressent autour de celui qui doit être le futur régent.
    Et d’apprendre cela lui donne un regain d’énergie.
    Il veut qu’un édit royal attribue à ses bâtards, le duc du Maine et le comte de Toulouse, la qualité de princes du sang. Et chacun comprendra ainsi les dispositions de son testament.
    Il sait bien cependant qu’il ne s’agit que de batailles en retraite, et qu’il lutte pour que la fin de sa vie ne soit pas une déroute. Mais il n’est pas dupe. On attend sa mort, à la Cour et dans les royaumes d’Europe.
    Il apprend par Torcy que des paris sont ouverts en Angleterre pour savoir s’il vivra au-delà du 1 er  septembre 1715, le mois de son soixante-dix-septième anniversaire.
    Il toise les courtisans rassemblés autour de lui, au moment du dîner, et leur lance :
    — On me dit qu’en Angleterre, on fait des paris sur ma mort prochaine.
    Il les voit confus, baissant la tête.
    Peut-être ici aussi, à Versailles, les paris sont-ils ouverts.
    Mais il veut montrer à ces parieurs macabres que Louis le Grand peut encore être le Roi-Soleil.
     
    Il écoute ses ministres, Torcy, Pontchartrain, Desmarets, qui répètent qu’il faudrait ouvrir aux manufactures du royaume le marché persan, et que l’occasion de nouer avec le shah de Perse Hussein Mirza des relations amicales est offerte à la France par l’arrivée à Paris, en ce mois de février 1715, de son ambassadeur Mehemet Reza Beg.
    Il faut le recevoir avec faste, l’éblouir en l’accueillant dans la galerie du château de Versailles.
    Louis veille avec le baron de Breteuil à chaque détail de cette réception. Il échappe ainsi à cette pénombre qui l’entoure et l’étouffe, à la mort qui s’avance, aux douleurs qui le tenaillent.
    Il veut, dit-il, que toute la Cour soit magnifiquement vêtue. Qu’on installe des gradins dans la galerie, du côté qui est vis-à-vis des fenêtres. Les dames et les princes de la Cour y prendront place. Les dames ne porteront pas de grande robe de cour, puisqu’elles ne se lèveront pas alors que le roi le fera. Elles seront vêtues seulement en robe de chambre, comme à Marly, mais ces robes de chambre seront magnifiques et les dames auront beaucoup de pierreries sur la tête.
    Il portera la couronne, et sur son habit or et noir seront placés les plus beaux, les plus gros diamants du roi.
    Il veut que chaque membre de la famille royale, le petit dauphin, le duc d’Orléans, le duc du Maine et le comte de Toulouse portent eux aussi le plus grand nombre de pierreries.
    Il veut que leurs rayons éblouissent Mehemet Reza Beg.
    Et avant d’avancer lentement dans la galerie, le corps ployé sous le poids des diamants, il se regarde un long moment dans le miroir.
    Il va montrer à tous les courtisans, à toute
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