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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi
Autoren: Max Gallo
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donne votre naissance, dit-il d’une voix faible au duc d’Orléans.
    Il lui parle de Mme de Maintenon, qui doit être traitée avec respect, et protégée tout au long de ce qui lui reste de vie. Il l’a aimée.
    Puis il se tourne vers le maréchal de Villeroi :
    — Monsieur le maréchal, je vous donne une nouvelle marque de mon amitié et de ma confiance en mourant ; je vous fais gouverneur du dauphin qui est l’emploi le plus important que je puisse donner.
    Il saisit la main de Villeroi. Il l’a serrée pour la première fois dans son enfance, quand ils jouaient ensemble. Et Villeroi va lui survivre.
    — Je ne doute pas que vous me serviez après ma mort avec la même fidélité que vous l’avez fait pendant ma vie. J’espère que mon neveu vivra avec vous avec la considération et la confiance qu’il doit avoir pour un homme que j’ai toujours aimé.
    Il sent les larmes de Villeroi qui lui embrasse la main.
    — Adieu, monsieur le maréchal, j’espère que vous vous souviendrez de moi.
    Maintenant, il veut voir la duchesse de Berry, Mme la Palatine, les autres princesses, ses filles et ses petites-filles.
    Il murmure : « Souvenez-vous de moi », « Union entre vous ».
    Il se tourne vers la Palatine qui sanglote.
    — Je ne dis pas cela à vous, je sais que vous n’en avez pas besoin et que vous êtes trop raisonnable pour cela. Je le dis aux autres princesses.
    Il sent l’émotion le gagner. Il ne le faut pas.
    Il doit encore brûler les papiers secrets contenus dans ses cassettes. Il demande à Voysin de trier avec lui ses liasses, qui seront bientôt cendres.
    Il veut aussi voir le père Le Tellier pour l’entendre parler de Dieu.
    Après viennent les médecins qui pansent sa jambe gauche, disent que la gangrène n’a fait aucun progrès, qu’elle était comme hier au-dessous de la marque que l’habitude de porter une jarretière a faite autour de sa jambe.
    Mais il sait que la mort ne lâchera pas prise.
     
    Il la sent en lui rageuse, après cette nouvelle nuit.
    Il veut que Le Tellier ne quitte pas l’antichambre, puisse venir auprès de lui à chaque instant. Il veut que son confesseur l’accompagne jusqu’au moment où il n’entendra plus les prières, où il ne pourra plus prononcer « je confesse à Dieu » en se frappant la poitrine.
    Il demande au comte de Pontchartrain, secrétaire d’État à la Maison du roi, d’approcher.
    Il l’interrompt alors que le comte commence à dire que les médecins sont pleins d’espoir puisque la gangrène ne progresse pas.
    — Aussitôt que je serai mort, lui dit-il, vous expédierez un brevet pour faire porter mon cœur à la maison professe des jésuites et l’y faire placer de la même manière que celui du feu roi mon père. Je ne veux pas qu’on y fasse plus de dépense.
    Puis il se tourne vers Mme de Maintenon.
    — J’avais toujours ouï dire qu’il était difficile de se résoudre à la mort ; pour moi qui suis sur le point de ce moment si redoutable aux hommes, je ne trouve pas que cette résolution soit si pénible.
    Elle se signe, elle murmure, penchée vers lui :
    — Cette résolution est difficile quand on a de l’attachement aux créatures, quand on a de la haine dans le cœur, des restitutions à faire.
    Il sent une poussée d’énergie.
    — Ah, pour des restitutions à faire, je n’en dois à personne comme particulier, mais pour celle que je dois au royaume, j’espère en la miséricorde de Dieu.
    La douleur est tout à coup plus vive. Il veut voir son confesseur, même si c’est pour la vingtième fois dans la journée.
    —  Confiteor Deo omnipotenti , murmure-t-il.
    Puis c’est la nuit.
     
    Et un nouveau jour commence que la souffrance, cette jambe pourrie font ressembler à la nuit.
    On veut le faire boire, manger.
    — Il ne faut pas me parler comme à un autre homme. Présentement, ce n’est pas un bouillon qu’il me faut : que l’on m’appelle mon confesseur.
    Il hésite. Est-ce Le Tellier qui se penche vers lui ?
    — Donnez-moi encore une absolution générale pour l’expiation de mes péchés.
    Il ne veut pas entendre Le Tellier l’interroger sur l’intensité de sa douleur.
    — Je voudrais souffrir davantage pour l’expiation de mes péchés, dit-il.
    Ces sanglots autour de lui, ceux de ses officiers, des valets, l’irritent.
    — Pourquoi pleurez-vous ? Est-ce que vous m’avez cru immortel ? Pour moi je n’ai point cru l’être, et vous avez dû dans
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