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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang
Autoren: Harry Sidebottom
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régulière romaine : un détachement, vexillatio, d’environ un millier de légionnaires d’infanterie lourde issus de la quatrième légion, la Legio Scythica, et une cohorte auxiliaire d’archers montés et d’archers à pied, d’environ un millier d’hommes elle aussi. Il avait pour instructions de lever autant d’impôts qu’il lui serait possible localement dans la ville d’Arété et de demander des troupes aux royaumes satellites d’Émèse [7] et de Palmyre sans, bien sûr, porter préjudice à leurs propres défenses. Il devait tenir la ville d’Arété jusqu’à ce que la relève arrivât sous la forme d’une armée de campagne impériale commandée par l’empereur Valérien en personne. Pour faciliter l’arrivée de cette armée de campagne, on lui ordonnait de plus de veiller à la défense du principal port de Syrie, Séleucie de Piérie, ainsi que de la capitale provinciale d’Antioche. En l’absence du gouverneur de Cœlé Syrie, le Dux Ripæ aurait tous les pouvoirs d’un gouverneur. À son retour cependant, il devrait se placer sous ses ordres.
    Ballista ne put retenir un sourire ironique devant l’absurdité des instructions qu’on lui avait données ; une absurdité typique des missions militaires organisées par des politiciens. Une énorme confusion pouvait naître du flou qui régnait en matière de commandement – que l’on confiait tantôt à lui, tantôt au gouverneur de Cœlé Syrie. Et comment pouvait-il, avec les forces totalement inadéquates qu’on lui avait allouées et les quelques paysans locaux qu’il enrôlerait, défendre au moins deux autres villes tout en étant assiégé à Arété par l’immense armée perse ?
    Il avait été honoré d’être convoqué devant les empereurs Valérien et Gallien. Le père comme le fils s’étaient montrés très bienveillants à son égard. Il les admirait tous deux. Valérien avait signé le mandata de Ballista et l’avait lui-même investi dans ses fonctions de Dux Ripæ. Mais on ne pouvait nier que sa mission était mal conçue et que les ressources qu’on lui allouait étaient totalement insuffisantes : trop peu de temps, trop peu d’hommes pour un territoire bien trop vaste. Une âme sensible l’aurait qualifiée de condamnation à mort.
    Pendant les trois semaines de fébriles préparatifs avant de quitter l’Italie, Ballista s’était livré à quelques recherches sur la lointaine ville d’Arété. Elle était située sur la rive gauche de l’Euphrate, à quelque cinquante milles [8] du confluent avec le Chaboras [9] . On disait que ses murs étaient solides et que sur trois côtés, des falaises à pic la rendaient imprenable. À l’exception de deux ou trois tours de guet insignifiantes, c’était l’avant-poste le plus reculé de l’Empire romain ; et le premier endroit qu’une armée de Perses sassanides remontant l’Euphrate rencontrerait.
    Ce qu’il avait pu apprendre sur l’histoire de la ville ne lui inspirait pas vraiment confiance. Fondée par l’un des successeurs d’Alexandre le Grand, elle avait d’abord été conquise par les Parthes, puis par les Romains et enfin, deux ans seulement auparavant, par les Sassanides qui avaient renversé les Parthes. Dès que le gros de l’armée perse eut regagné ses quartiers dans les terres du Sud-Est, la population locale, avec l’aide de quelques unités romaines, s’était soulevée et avait massacré la garnison que les Sassanides avaient laissée derrière eux. En dépit de sa solide enceinte et des falaises, il était clair que la ville était vulnérable par endroits. Ballista se chargerait de découvrir lesquels lorsqu’il serait sur place, en Syrie. Le commandant de la cohorte auxiliaire stationnée à Arété avait pour instructions de le rejoindre au port de Séleucie de Piérie.
    Rien n’était jamais tout à fait conforme aux apparences avec les Romains, et Ballista ne manquait pas de se poser des questions : comment l’empereur savait-il que les Sassanides attaqueraient le printemps prochain ? Et qu’ils remonteraient l’Euphrate plutôt que d’emprunter l’un ou l’autre des itinéraires possibles au nord ? Si l’on pouvait se fier aux services de renseignements militaires, pourquoi n’avait-on eu vent qu’une armée de campagne impériale était mobilisée ? Une autre question le concernant directement le taraudait : pourquoi l’avait-on choisi, lui, pour être Dux Ripæ  ? Il avait certes une certaine
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