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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang
Autoren: Harry Sidebottom
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    La guerre est un enfer. La guerre civile est pire et celle-ci ne dérogeait pas à la règle. Rien ne se déroulait comme prévu. L’invasion de l’Italie était au point mort.
    Les troupes avaient souffert pour traverser les Alpes avant que le soleil de printemps ne fît fondre les neiges dans les cols. Elles s’étaient attendues à être accueillies en libératrices. On leur avait dit qu’il leur suffirait de poser le pied en Italie pour que la population accourût, brandissant des rameaux d’oliviers, poussant ses enfants devant elle, implorant la pitié et se prosternant à leurs pieds.
    Il n’en avait pas été ainsi : lorsque les soldats descendirent des montagnes, un paysage désolé les attendait. Les habitants avaient fui, emportant avec eux tout ce qu’ils avaient pu, jusqu’aux portes de leurs maisons et de leurs temples. Les plaines, habituellement grouillantes, étaient désertes. Dans la ville d’Emona [1] , il n’y avait pas âme qui vive ; seulement une meute de loups.
    Cela faisait maintenant plus d’un mois que l’armée cantonnait devant les murs de la ville d’Aquilée [2] en Italie du Nord. Les légions et les auxiliaires souffraient de faim, de soif et d’épuisement. La chaîne d’approvisionnement, mise en place à la hâte, était désormais rompue. On ne pouvait rien se procurer localement. Tout ce que les citoyens n’avaient pu emporter intra-muros avait été consommé par les soldats à leur arrivée. Aucun abri non plus, car on avait démantelé tous les bâtiments de la périphérie pour fabriquer les engins de siège. La rivière était contaminée par les cadavres des deux camps.
    Le siège de la ville piétinait : on ne parvenait pas à ouvrir une brèche dans les murs, les engins de siège manquaient, les assiégés se défendaient trop âprement. Toute tentative de franchir les murs à l’aide d’échelles et de tours mobiles se soldait par un échec sanglant.
    Pourtant, le courage du grand homme ne souffrait aucun doute. Chaque jour, l’Empereur Maximin le Thrace [3] faisait le tour de la ville à cheval, à portée des flèches ennemies, encourageant ses hommes de la voix. Lorsqu’il passait dans les rangs, il promettait à ses soldats qu’ils pourraient jouir à leur guise de la ville et de tous ses habitants. Certes, son courage était indiscutable, mais il n’en allait pas de même de son bon sens. Chaque revers ajoutait à sa férocité. Tel un animal blessé, ou, comme on le disait souvent, tel le paysan barbare qu’il ne cesserait jamais d’être, il s’en prenait à ses troupes. Les officiers commandant les assauts voués à l’échec étaient exécutés avec force raffinements. S’ils étaient nobles, on leur réservait des trésors d’inventivité.
    Ballista était encore plus affamé, assoiffé et sale que la plupart de ses compagnons d’infortune. C’était un grand jeune homme, de seize printemps seulement et de plus de six pieds de haut, mais dont la croissance n’était pas encore terminée. Ses longs cheveux blonds et raides lui arrivaient au milieu du dos. Personne ne souffrait autant que lui du manque de nourriture. Le peu qui subsistait de sa nature sensible l’empêchait d’aller se laver au bord de la rivière et, depuis la veille, une odeur de brûlé, la puanteur des chairs calcinées se mêlaient aux autres remugles qui émanaient de lui.
    En dépit de sa jeunesse et de son statut d’otage diplomatique pour sa tribu, il avait semblé juste à tout le monde qu’un homme de son extraction, né d’Odin, dirigeât l’une des unités de soldats irréguliers germains. Les Romains avaient calculé la hauteur des murs, puis fourni les échelles idoines et les quelque cinq cents Barbares « sacrifîables », Ballista en tête, furent envoyés au combat. Les hommes s’étaient avancés au pas de course, courbés en avant sous la pluie de projectiles. Leurs grands corps que nulle armure ne protégeait faisaient d’eux des cibles faciles et les flèches atteignaient leur but dans un bruit écœurant, maintes fois répété. Ils tombaient comme des mouches. Les survivants avaient continué à avancer avec bravoure pour se retrouver au pied des murs lisses. Nombre d’entre eux étaient morts alors qu’ils écartaient leurs boucliers pour poser les échelles.
    Ballista comptait parmi les premiers à grimper ; d’une seule main, son bouclier élevé au-dessus de lui, le glaive encore dans son fourreau. Une pierre heurta
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