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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang
Autoren: Harry Sidebottom
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Dominus.
    —  Que recommandes-tu ?
    — Nous devions faire route à l’est jusqu’au cap d’Acrocéraunie [11] , puis longer les côtes vers le sud jusqu’à Corcyra [12] . Le bon vouloir des dieux aidant, nous sommes maintenant environ à mi-chemin entre l’Italie et la Grèce. Comme nous ne pouvons pas espérer nous mettre à l’abri lorsque la tempête arrivera, il faut nous en éloigner au plus vite.
    — Fais ce que bon te semblera.
    — Bien, Dominus. Puis-je vous demander d’ordonner à vos hommes qu’ils s’éloignent des mâts ?
    Tandis que Demetrius traversait le pont à la hâte pour transmettre l’ordre, le capitaine s’entretint brièvement une nouvelle fois avec le timonier avant d’émettre une volée d’instructions. Les matelots et les hommes d’infanterie de marine, après avoir rassemblé le personnel de la suite le long du bastingage, abaissèrent avec dextérité la grand-voile d’environ quatre ou cinq pieds. Ballista approuvait. Le navire aurait besoin de prendre suffisamment le vent pour faciliter les manœuvres, mais trop de voilure le rendrait incontrôlable.
    La trirème tanguait maintenant violemment et le capitaine donna l’ordre de virer de bord pour faire cap au nord. Le timonier s’adressa au chef de nage et à l’officier de proue puis, à son signal, tous trois hélèrent les rameurs ; le fifre sembla couiner et le timonier tira sur le gouvernail. Gîtant dangereusement, la galère pivota et prit son nouveau cap. Sur une nouvelle volée d’ordres, on fixa la grand-voile, désormais étroitement carguée et ne laissant plus apparaître qu’une petite surface de toile, et les avirons des deux niveaux inférieurs furent tirés à bord.
    Les mouvements du navire se limitaient maintenant à un roulis beaucoup plus maîtrisable. Le charpentier apparut en haut de l’échelle et fit son rapport au capitaine.
    — Trois avirons cassés à tribord. Pas mal d’eau est entrée lorsque le bois sec côté tribord a été immergé, mais les pompes fonctionnent et les planches devraient gonfler et empêcher que l’on fasse eau.
    — Prépare suffisamment d’avirons de rechange. On risque d’être un peu secoués.
    Le charpentier esquissa un salut avant de disparaître sur le pont inférieur.
    À la dernière heure du jour, la tempête se déchaîna. Le ciel devint aussi sombre que l’Hadès, bleu-noir, teinté d’une surnaturelle lueur jaune. Le vent hurlait, l’air était saturé d’embruns et le navire roulait violemment, sa poupe sortant parfois entièrement de l’eau. Ballista vit deux de ses hommes glisser sur le pont. L’un fut retenu par le bras d’un matelot, l’autre s’écrasa contre le bastingage. Par-dessus la fureur des éléments, il entendit un homme hurler de douleur. Deux dangers principaux les guettaient : une vague pouvait se briser juste au-dessus du navire, les pompes ne pouvant plus expulser l’afflux d’eau, le navire s’en imprégnerait, deviendrait impossible à manœuvrer et, tôt ou tard, présenterait son flanc à la tempête avant de chavirer. Ou alors, la force du roulis serait telle que la poupe s’élèverait dans les airs tandis que la proue s’abîmerait profondément sous les flots et le navire se retournerait. Cette dernière éventualité aurait le mérite de sceller leur sort plus rapidement.
    Ballista aurait voulu se lever, planter ses pieds fermement au sol et accompagner les mouvements du navire. Mais, comme pendant la bataille, il se devait de donner l’exemple et de rester assis sur sa curule. Il comprenait maintenant pourquoi on l’avait si solidement boulonnée au pont. Il baissa les yeux et s’aperçut que le jeune Demetrius étreignait ses jambes, adoptant la posture classique d’un suppliant. Il serra l’épaule du garçon.
    Le capitaine se traîna vers l’arrière du navire. Agrippant l’étambot, il hurla les paroles rituelles : « Alexandre vit et règne ! » Comme pour le démentir, un éclair dentelé éclaira les flots à bâbord et un coup de tonnerre assourdissant retentit. Il rejoignit Ballista tant bien que mal, courant et glissant sur le pont qui se dérobait sous lui. Toute sa déférence envolée, il empoigna la curule et le bras de Ballista.
    — Il faut que je laisse juste assez d’espace pour barrer. Le vrai danger, c’est qu’un des avirons de gouverne se casse. À moins, bien sûr, que la tempête empire. En tout cas, nous devrions nous en remettre à nos
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