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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince
Autoren: Jocelyne Godard
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royal ? reprit Satiah avec plus d’aplomb qu’elle ne l’aurait cru.
    Elle cherchait éperdument une autre façon de s’en
tirer et elle ne trouvait, pour l’instant, que l’arrogance.
    — Parce que ta mère était la Grande
Scribe Royale de la pharaonne Hatchepsout et que ses missions permanentes l’obligeaient
à se déplacer.
    — Qui vous a dit tout cela ?
    — Ta mère. Oses-tu nier ?
    Satiah eut un geste de colère.
    — Ma mère ! Comment a-t-elle fait
pour me retrouver ?
    — C’est très simple. Elle se doutait que
tu t’arrêterais à Negadah ou Abydos, ce sont les premières escales que tu étais
censée faire. Tu ne pouvais aller plus loin.
    — Elle m’a fait suivre.
    — Presque. Tu oublies qu’il n’y avait que
quelques heures de décalage entre le moment où ta mère a pris connaissance de
ton message et celui où tu es partie.
    La colère de Satiah s’atténuait. À quoi bon s’acharner
sur le mauvais sort qui la poursuivait ? Elle soupira et se prit la tête
entre les mains.
    — Il me sera donc interdit de voir
Thoutmosis avant la Grande Épouse ?
    Le Grand Prêtre ne répondit pas et l’agressivité
de Satiah reprit. Têtue, elle secoua la tête.
    — Je ne veux pas rentrer.
    — Ta mère est plus sage que toi, ma
fille. Ce n’est pas ce qu’elle impose.
    — Qu’exige-t-elle ?
    — Que tu restes avec nous. Je te l’ai dit
hier soir.
    — Vous le saviez déjà ?
    — Bien sûr, le messager de ta mère est
arrivé juste avant toi.
    — Alors, non seulement je ne pourrai pas
accueillir le prince à Thèbes, mais il me sera interdit de le voir. Moi, la
future Seconde Épouse ! éclata-t-elle.
    — Allons, calme-toi. Ce n’est pas tout à
fait ce que ta mère explique dans son message, dit-il en déroulant le papyrus
qu’il avait enroulé dans la manche de sa tunique. Elle ne veut pas te brusquer
ni te peiner. Les armées de Thoutmosis passeront ici et s’arrêteront au temple
d’Abydos. Tu pourras l’y attendre et si tu le veux, nous préparerons ensemble
les festivités de son retour.
     
    *
    * *
     
    Nakht, l’astrologue, se courba devant la pharaonne
mais ses vieilles épaules, creusées par le temps, arrivaient à peine à se
relever. Hatchepsout le regarda s’avancer. Elle ne voyait qu’un corps, haut et
décharné qui, se balançant malhabilement, n’était plus que l’enveloppe d’un squelette.
    Nakht était revêtu d’une tunique longue, ample
et propre mais dont la blancheur avait depuis longtemps laissé la place à la
grisaille d’un vêtement trop usagé. Sa tunique était sommairement rattachée à
la taille par une corde en fibre de papyrus au bout de laquelle était suspendu
un ostraca en forme d’œil dont la pupille noire semblait se mouvoir.
    Son crâne rasé, qu’autrefois il recouvrait d’une
longue perruque tressée, était nu et offrait tout un sillage de veines
apparentes qui venaient s’estomper sur son front haut et large.
    — Relève-toi, Nakht, fit la pharaonne en
venant vers lui, les mains tendues et le regard dispos, et dis-moi si tu as
fait bon voyage.
    — Vos hommes se sont montrés d’une
extrême courtoisie envers ma vieille personne, répondit le vieil homme. Mais c’était
un long parcours et je ne suis plus habitué à être ballotté ainsi sur les
routes en proie au soleil qui lèche les vieux os avec voracité.
    — Est-il donc si loin le jour où tu es
venu à la cour de Thèbes pour la dernière fois afin de rendre hommage à ma
mère, la reine Ahmosis ?
    — Certes Majesté, je venais pour honorer
votre mère, mais accordez-moi aussi le privilège de dire que votre père a eu
souvent recours à mes bons et loyaux services. Que le Grand Pharaon, premier
des Thoutmosis, m’emporte chez Sobek le dieu des crocodiles si je mens.
    — Ah ! Nakht. Je sais que tu dis
vrai. Mon père était un pharaon grand et puissant. L’Égypte entière l’écoutait
et le peuple l’acclamait.
    Elle éleva les yeux au ciel et eut un soupir
qui retomba sur elle comme un murmure obstiné et tenace.
    — Dis-moi, reprit-elle en abaissant son
regard sur le vieil homme, suis-je aussi grande que mon père l’était ?
    Le vieux Nakht plissa ses yeux. Ils disparaissaient
presque entièrement dans les plis usés de son visage.
    — Certes, Majesté. Vous avez fait de
Thèbes un site grandiose et prestigieux. Vous avez fortifié et enrichi les
grandes villes d’Égypte, Edfou, Abydos, Denderah en sont le vivant
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