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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince
Autoren: Jocelyne Godard
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pour y être élevée. Le rôle de la reine serait joué par
Cachou. Dieu d’Amon ! Pourvu qu’elle n’écorche pas trop le répertoire de
Satiah !
    Sa voix se fit grave et chatoyante :
    « Oh ! Déesse de l’amour, déesse
de la vie, n’es-tu donc pas mortelle pour venir ici-bas jeter les fleurs de la
gloire ? »
    Elle abaissa son bras et entendit la petite
voix de Cachou qui jetait :
    « Oui, déesse. »
    Rassurée, elle reprit :
    « Si je hante vos nuits, c’est que le
Dieu Suprême est au-dessus de vous et que vos âmes viendront me rejoindre. Ah !
Reine divine, Pharaon immortel, l’Égypte t’écoute et s’incline devant toi.
Toute l’Égypte t’ovationne. Réclame des offrandes pour tes déesses bien-aimées
et des sacrifices pour les dieux qui te protègent. »
    Elle se courba et chuchota :
    — Prosterne-toi, Cachou.

Puis, elle fit brusquement volte-face et se
dressa devant l’un des prêtres, celui qui, d’un regard moqueur, l’avait
regardée tout à l’heure. Élevant le ton, elle déclama :
    « Moi, la déesse, moi Isis, je suis
ton âme, ton esprit, ton masque et ta petitesse ne grandira que si tu me
respectes, car je suis celle qui te permet d’amasser le blé que je sème et de
boire le vin qui coule de ma coupe. Alors, écarte-toi de moi si tu ne peux me
satisfaire. Le ciel de ma descendance ne te sera pas accordé. »
    Devant le regard de celui qu’elle haranguait
ainsi – il fallait dire qu’à présent, elle improvisait totalement et c’était
d’ailleurs mieux, car elle n’avait plus besoin des répliques de sa compagne qui
tremblait à l’idée de lui répondre – elle vit passer la surprise, puis la
contrariété.
    Le Grand Prêtre se leva.
    — Ton talent est certain, jeune fille,
mais ta déesse me paraît bien vengeresse. Isis n’est-elle pas plus clémente ?
    — Seulement quand les êtres sont de bonne
volonté.
    — Parfait ! Petite. Tu nous as
convaincus. C’est du théâtre ou je ne m’y entends pas.
    Il se pencha vers son compagnon de droite et
lui chuchota quelques mots. Ce dernier acquiesça de la tête.
    — Nous sommes ravis de ton
interprétation. Aussi, nous te demandons de jouer encore quelques soirs pour
éblouir et charmer nos vieilles oreilles qui n’entendent que des hymnes et des
incantations sans cesse répétées. Acceptes-tu ?
    Éberluée par tant de sollicitude, Satiah ne
sut quoi dire. Voici qu’elle venait d’en faire trop. Comment faire marche
arrière à présent ?
    — C’est que je dois être le plus tôt
possible à Memphis afin de rejoindre la troupe qui est déjà sur place.
    — Nous te donnerons, à toi et à ton
esclave, un char et un conducteur qui te mènera directement là où tu dois
aller. Es-tu contente ?
    — Mais…
    — Allons, ne discute plus, petite !
C’est ainsi et tu dois nous remercier. Tu voulais gîte et couvert, nous te l’offrons.
    Elles passèrent une nuit agitée, tant Satiah
craignait que ce temple ne les retienne plus longtemps que prévu. Mais, que
dire à présent que le prêtre lui avait proposé un char et un conducteur qui
ferait le voyage dix fois plus vite ?
    Elle eut l’impression qu’un piège se refermait
sur elle. Une sorte de filet doré avec des mailles si fines qu’elle risquait d’en
rester prisonnière. De rage, elle frappa le sol du pied.
    À l’issue du voyage, faudrait-il dire au conducteur
qu’il n’y avait ni troupe, ni comédiens et que seul l’amour qu’elle portait à
Thoutmosis était en cause ? Son mensonge découvert, devrait-elle rendre
des comptes à la police de Memphis ?
    Le lendemain, on leur fit absorber un potage
de melon et un pâté de poivron et de courgettes hachées. Puis, on vint lui
annoncer que le Grand Prêtre voulait lui parler.
    — As-tu bien dormi jeune fille ?
    — Oui, Grand Prêtre, répondit Satiah en s’inclinant.
    — Alors, tu vas rester parmi nous. Nous
te gardons en otage.
    Satiah sentit ses jambes flageoler et son
front s’embuer d’une petite sueur froide et désagréable.
    — Mais, fit-elle, je suis vraiment
comédienne. Je ne vous ai pas menti.
    — Si, sur un point.
    — Lequel ?
    La jeune fille avait retrouvé son aplomb.
    — Tu n’as jamais sillonné les routes. Tu
viens de Thèbes où d’ailleurs tu n’es pas née.
    — Je suis née à Bouhen.
    — C’est exact. Et tu as été élevée dans
le harem du palais de Thèbes.
    — Pourquoi aurais-je été élevée dans le
harem
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