Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince
Autoren: Jocelyne Godard
Vom Netzwerk:
dont la base se recouvrait
de hiéroglyphes.
    — Sais-tu, Cachou, remarqua Satiah, que
Thoutmosis sera fier de moi quand je lui raconterai que j’ai visité la
nécropole du dieu Osiris ?
    Elles tressaillirent. Un bruit les fit se
retourner. Satiah sauta de sa mule et la retint par la bride. Cachou l’imita.
Les grandes colonnes commençaient à leur jouer le tour de l’affreux potager.
Elles diffusaient des ombres effrayantes qui léchaient silencieusement leurs
pieds qu’elles avaient chaussés de sandales de cuir souple pour parer aux
longues marches.
    Instinctivement, Satiah baissa les yeux. Une
énorme langue noire vint s’enrouler autour de sa cheville. Elle cria.
    — Cachou ! Ce n’est pas une ombre !
    La jeune esclave se précipita sur Satiah et d’un
coup de main agile écarta la tête du reptile qui serpentait autour de la
cheville de sa compagne.
    — Laissez-le, entendirent-elles dans leur
dos.
    Satiah n’osa bouger, mais Cachou se retourna et
vit un homme de petite taille, vêtu d’une large tunique blanche dont l’une des
épaules était découverte. Il avait le visage grave, un peu austère et la main
qu’il levait se tenait droite comme le symbole d’une justice à venir.
    — Laissez-le, répéta l’homme, ces petits
reptiles sont inoffensifs. Ils nous servent à éloigner les impies, les voleurs
de tombes, les malfaiteurs de toutes sortes qui ne savent pas que leurs langues
sont sans venin.
    Satiah restait médusée, n’osant bouger et,
voyant que Cachou ne lâchait pas sa prise, elle se retourna lentement, leva le
visage sur l’homme et croisa son regard gris.
    — Lâchez-le, je vous dis, réitéra l’homme
d’un ton froid et calme qui n’admettait aucune réplique. Vous ne craignez rien.
    Comme il lisait une grande frayeur dans les
yeux des fugitives, il ajouta d’un ton moins austère.
    — Faites-moi confiance, je suis le Grand
Prêtre de ce temple.
    Impressionnée, Cachou ôta sa main avec prudence.
Libéré, le reptile s’enroula plus haut sur la jambe de Satiah et remonta sur sa
cuisse nue que découvrait la courte tunique qu’elle portait.
    Elle faillit crier, mais se retint. Sur elle,
le reptile semblait à l’aise et l’homme ne faisait rien pour le retenir.
Quittant sa cuisse et déroulant lascivement sa spirale, il grimpa à l’assaut de
son buste. Le cœur de Satiah s’était arrêté, tout comme son souffle et sa
respiration. Elle ferma les yeux et attendit. Les anneaux froids du reptile s’enroulèrent
autour de son cou.
    — Ne bougez pas. C’est inutile, fit le
prêtre. Il va redescendre tout comme il est monté.
    Cette fois, les jambes de Satiah commençaient
à trembler. Cachou avança la main vers elle, mais la garda tendue, sans rien
faire.
    Le reptile s’attarda quelques instants,
oscillant de la tête au-dessus de celle de Satiah. Sa langue pourpre allait et
venait sans cesse dans un mouvement extrêmement rapide. Puis, se balançant
encore quelques instants sur la chevelure de Satiah, il redescendit d’une façon
identique en poursuivant le même trajet, traversant son buste, sa taille, ses
cuisses, ses jambes. Quand il fut arrivé à ses chevilles, il glissa sur le sol
et disparut lentement entre les colonnes de pierre.
    — Vous êtes l’une et l’autre très
courageuses, fit le prêtre en s’approchant d’elles.
    Satiah ouvrit la bouche, prit sa respiration
et Cachou abaissa sa main. Mais, ni l’une ni l’autre n’osa émettre le moindre
son. Elles se regardèrent un instant, puis de nouveau Satiah respira une grande
bouffée d’air qui arrivait des bords du Nil comme un havre de sécurité et de
splendeurs. Soudainement, tout parut magnifique à Satiah.
    — Vous êtes bien jeunes pour voyager
seules. Où allez-vous donc ainsi ?
    — À Memphis.
    — À Memphis ! Et qu’allez-vous faire
à Memphis ?
    Satiah hésita. Elle ne pouvait révéler son nom
au Grand Prêtre. Trop jeune, en effet, pour voyager seule en compagnie d’une
esclave qui n’était pas plus vieille qu’elle, elles auraient été de suite
ramenées à Thèbes après vérification de leur identité.
    Satiah, on le sait, était une jeune fille
hardie. Lorsqu’elle se laissait prendre au dépourvu, comme en cet instant où
elle ne s’attendait pas si vite à cette question, elle prenait le parti d’en
poser une à son tour.
    — Grand Prêtre, pouvez-vous nous héberger
cette nuit dans votre temple ?
    Il ne parut pas surpris, mais son œil
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher