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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)
Autoren: James Fenimore Cooper
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aurait été parfaitement inutile.
    Une semaine se passa ainsi, après la fin de la tempête, et pendant tout ce temps, on vit régner dans la ville une agitation et une activité extraordinaire, une joie mal déguisée d’une part, et un sombre mécontentement de l’autre, sentiments que devait naturellement produire un événement si inattendu.
    Vers la fin d’un de ces jours consacrés aux apprêts tumultueux du départ, on vit sortir un cortège funèbre d’une maison connue depuis longtemps comme la résidence d’une des premières familles de la province. Au-dessus de la porte était suspendu un écusson portant les armoiries de la famille Lincoln et le symbole de la main sanglante, entouré des emblèmes ordinaires de la mort. Ce signe héraldique de deuil, qui n’était adopté dans les colonies qu’au décès de quelque personnage de haute importance, coutume qui a disparu depuis ce temps avec les autres coutumes de la monarchie, avait attiré les yeux de quelques enfants, qui, de tout ce qui se trouvait alors dans Boston, étaient les seuls individus assez peu occupés de ce qui s’y passait pour faire attention à ce spectacle peu ordinaire ; et ils suivirent le cortège peu nombreux qui se dirigeait vers le cimetière de la chapelle du roi.
    La bière semblait d’une largeur inusitée, et le drap mortuaire qui la couvrait était si ample qu’il toucha les deux côtés de la porte quand on entra dans l’église. Le ministre dont nous avons eu occasion de parler plusieurs fois vint l’y recevoir, et regarda avec un étrange intérêt le jeune homme en grand deuil qui était à la tête du cortège funèbre. La cérémonie se fit avec toute la solennité d’usage, et l’on entra lentement dans le saint édifice. Derrière Lionel marchaient le commandant en chef des troupes anglaises et son lieutenant favori, Burgoyne. Entre eux était un officier d’un rang inférieur, marchant à l’aide d’une jambe de bois et d’une canne, et qui semblait amuser ses deux compagnons par quelque récit intéressant et mystérieux, jusqu’au moment où l’on arriva dans l’église. Le reste du cortège se composait d’un petit nombre d’officiers à la suite des deux généraux, des domestiques de la famille, et de quelques oisifs qui s’y étaient joints par curiosité.
    Quand le service fut terminé, on se remit en marche, et les deux généraux et l’officier qui les accompagnait reprirent leur conversation à voix basse jusqu’au moment où l’on arriva près d’une voûte située dans un coin du cimetière, et dont la trappe était ouverte. De là on apercevait les hauteurs occupées par les Américains ; et les yeux du général en chef, qui avaient toujours été fixés sur l’officier qui lui parlait, prirent aussitôt cette direction. Cette vue parut avoir rompu le charme de la conversation secrète, et la physionomie inquiète des deux généraux prouva que leurs pensées cessaient de s’occuper de l’histoire des chagrins d’une famille, pour songer aux dangers et aux embarras de leur position.
    La bière fut placée devant la porte du caveau, et ceux qui étaient chargés de ce soin se présentèrent pour l’y descendre. Mais quand on eut levé le drap mortuaire, on vit, à la grande surprise de la plupart des spectateurs, qu’il couvrait deux cercueils. L’un était couvert en velours noir, attaché avec des clous d’argent et orné avec toute la pompe de l’orgueil humain ; mais rien ne couvrait la nudité du bois de chêne de l’autre ; une plaque d’argent massive, portant les armoiries du défunt et une longue inscription, décorait le premier ; on ne voyait sur le second que les lettres initiales J. P., sculptées sur le bois.
    Les regards impatients des deux généraux anglais firent sentir au docteur Liturgy la valeur de chaque instant ; et, en moins de temps qu’il ne nous en faut pour le dire, le corps du riche baronnet et celui de son compagnon ignoré furent descendus dans le caveau et placés à côté de celui de la femme qui avait été pendant sa vie un fléau pour l’un et pour l’autre.
    Après avoir hésité un instant, par déférence pour le major Lincoln, les deux généraux, voyant qu’il paraissait avoir dessein de rester encore quelques instants en ce lieu, se retirèrent en le saluant. Le reste du cortège imita leur exemple, et il ne resta près de Lionel que l’officier à jambe de bois dont nous avons déjà parlé, et en qui le
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