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L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol
Autoren: Michel Zévaco
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jugé vers la pièce dont, du dehors, il avait vu les baies teintées de lumière : l’oratoire. Il l’atteignit, s’y glissa, et tout de suite vit le cadavre. Rapide, silencieux, il courut s’agenouiller, souleva le corps, l’adossa au mur, posa sa main sur le cœur, comme avait fait Bois-Redon.
    Alors un sourire d’inexprimable triomphe détendit ses lèvres. Il haleta :
    – L’expérience est concluante. Voici une femme laissée pour morte. Le coup a atteint les sources de la vie. Elle devrait être morte. On a dû sûrement s’assurer qu’elle était morte… oui… mais elle a bu ! Elle a bu ma liqueur qui a arrêté la mort au seuil de cette blessure !… C’est donc bien vrai ! Je suis donc vraiment sur la trace de la grande découverte !… Et tout à l’heure, avec le sang de l’enfant mort mêlé au sang des trois vivants…
    Il s’arrêta, flamboyant d’orgueil…
    Puis, sans plus s’occuper de Laurence, morte ou vivante, d’un glissement de spectre, il se retira…
    Elle demeura là, adossée au mur, comme Saïtano l’avait placée. Et son sein, d’un mouvement rythmique, se soulevait et s’abaissait. Le sang ne coulait plus de la blessure. Le cœur battait… ce cœur dont Bois-Redon avait constaté l’immobilité !…
    La morte vivait…
    Cependant, Hardy de Passavant bataillait dans la rue, reculait, revenait à la charge, attaquait, donnait un coup de griffe, reculait encore, refoulé par ces ombres qui le pressaient de toutes parts, refoulé vers la Seine, vers la Cité… vers le logis d’horreur où les trois vivants attachés sur des escabeaux « attendaient » l’enfant mort !… Il n’avait pas une blessure, pas une égratignure. Il se rendait compte qu’on le ménageait. Pourquoi ? Pourquoi ? Alors que lui en avait déjà blessé cinq ou six ! Que voulaient-ils ? À quoi cherchaient-ils à l’acculer ? Il s’affaiblissait. Il haletait. Des pensées d’épouvante l’assaillaient. Il avait la sensation qu’un danger pire que la mort le menaçait. Quoi ? Quel danger ?
    – Plutôt mourir ! cria-t-il en se jetant une dernière fois sur les silencieux fantômes.
    Plutôt que quoi ? Il ne savait pas. Mais il se rua pour mourir – pour échapper à la « chose inconnue », et dans le même moment, il s’affaissa, assommé par un coup sur le crâne.

IV – HARDY DE PASSAVANT
    L’évanouissement de Hardy fut bref. Lorsqu’il revint au sentiment des choses, il se vit étendu sur un plancher rugueux qui se balançait mollement, et il entendit le froissement soyeux de l’eau déchirée à intervalles réguliers ; il ne fit qu’ouvrir et fermer les yeux ; la vision lui resta, très nette, de deux formes noires, assises côte à côte sur un banc, et d’une tête penchée sur lui… ce fut un éclair : il était dans une barque, poussée par deux rameurs, et quelqu’un veillait sur lui.
    Pourquoi dans une barque ? Où le conduisait-on ?…
    De nouveau, il rouvrit et ferma les yeux. Cette fois, toute son attention s’était concentrée sur cette tête penchée. Hardy frémit. Sur ce visage de colosse, en toutes lettres, il venait de lire la volonté de le tuer.
    Mais pourquoi ne le tuait-on pas ?…
    Le colosse, l’homme qui l’examinait, c’était Bois-Redon.
    Et Bois-Redon songeait :
    – Pourquoi sans effusion de sang ? D’un seul coup de dague, ce serait fait. Et puis, le corps à l’eau, ni vu ni connu. Au diable le Saïtano et ses œuvres de maléfice ! Mort violente sans effusion de sang !… Que faire ? Un nouveau coup sur la tête ? Lui serrer les doigts à la gorge ?…
    Traduction claire mais longue d’une pensée confuse qui ne fut qu’une bouffée… à peine le temps d’atteindre le milieu du fleuve. Si Bois-Redon, à cet instant, avait regardé de près l’enfant, il eût eu une notion exacte des formes que prend l’horreur sur un visage humain. Mais Bois-Redon s’était redressé. Il venait de choisir. Un coup d’assommoir sur la tête, c’est plus vite fait. Avec une effroyable tranquillité, Bois-Redon retroussait la manche de son bras droit.
    Hardy, sur cette figure de poupée, vit la bouffée de pensée mortelle ; il vit le hideux préparatif ; il se raidit ; toutes les forces vives de son esprit, de son imagination, de son corps, de ses nerfs, il les appela, les condensa, pour ainsi dire.
    – Il faut que je le tue, ainsi ! grogna Bois-Redon.
    Il leva son poing, – masse de boucher.
    Dans ce
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