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L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol
Autoren: Michel Zévaco
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frappé… Ce serait une décisive expérience… Sachons d’abord où va se passer la chose…
    Il sortit de chez lui. Il avait remarqué la direction prise par ses deux visiteurs. Il se jeta sur leurs traces, se glissa à leur suite et arriva à temps pour les voir entrer dans un logis de noble structure : l’hôtel Passavant.
    Alors, sous un auvent d’auberge, il alla s’adosser à la maison d’en face, et attendit – l’oreille tendue à ces cris funèbres qui jaillissaient de l’oratoire… les cris de Laurence d’Ambrun.
    C’était affreux…
    Elle ne voulait pas mourir ! Si jeune, si belle, si vivante, elle éprouvait ce qu’il y a d’horreur à regarder la mort face à face, en pleine connaissance de soi-même, en pleine force de vie ardente… Elle jeta autour d’elle des regards de feu, vit Jean sans Peur et il n’eut le temps ni de reculer ni de la repousser, déjà elle l’enlaçait :
    – Je t’ai aimé, souviens-toi !
    Il se débattit. Plus étroitement, elle s’attachait à lui et criait :
    – Toi aussi, tu m’as aimée, souviens-toi !
    D’une secousse, il se libéra de l’étreinte ; elle trébucha jusqu’au mur… Bois-Redon était là :
    – Monsieur, supplia-t-elle, ah ! monsieur…
    – Ceci ne me regarde pas, dit Bois-Redon.
    Alors elle s’appuya au mur, baissa la tête et pleura : elle était vaincue ; ses yeux atones se fixèrent sur la coupe que lui tendait la reine. Elle la prit en disant :
    – Oh ! que cela va me faire mal !…
    – Non, dit la reine. Vous ne souffrirez pas.
    Et elle répéta la parole de Saïtano :
    – C’est la foudre !
    Un instant après, Laurence tint la coupe entre ses doigts crispés. Et tout à coup elle, la porta à ses lèvres. Soutenue par cet espoir qu’elle allait être « foudroyée », elle la vida d’un trait, et puis la laissa tomber à ses pieds.
    La minute qui suivit fut étrange. Figés, la reine, Bois-Redon et Nevers regardaient. Ils éprouvaient à son maximum d’intensité ce malaise nerveux des gens qui attendent la détonation de la mine alors que la mèche brûle. Et la détonation ne se produisait pas…
    Quoi ? Qu’y avait-il ?
    Laurence avait bu le poison – la foudre – la mort instantanée, et Laurence était debout ! Loin de se décomposer, son visage perdait sa teinte livide pour se colorer de rose, et dans ses yeux qui avaient contenu toute la terreur se levait une aube souriante !…
    Elle vivait ! Non seulement elle se sentait vivre, mais c’était encore d’une vie plus ardente, plus généreuse, comme si ses veines eussent roulé les flots d’un sang plus jeune.
    Bois-Redon demeurait hébété. La stupeur de Nevers touchait à l’effroi. La rage d’Isabeau était au paroxysme. Brusquement, la vérité fit irruption en eux ; Laurence n’était pas empoisonnée !…
    Non. Elle ne l’était pas. Soit hasard, soit calcul en vue de quelque mystérieuse expérience, l’homme de la Cité, au lieu d’un liquide mortel, avait remis à la reine une bienfaisante liqueur – oui, bienfaisante à coup sûr, indiciblement bienfaisante, car Laurence, de seconde en seconde, sentait des forces inconnues se développer en elle et régénérer son être entier.
    Elle tendit les mains à la reine et murmura :
    – C’était une épreuve… Mon Dieu, mon Dieu… ce n’était qu’une épreuve !
    Les regards de Nevers et d’Isabeau se heurtèrent : – Si elle vit, c’est pour moi la mort infamante, dit l’œil sanglant de Jean sans Peur. – Qu’attendez-vous, alors ? répondit le regard de la reine.
    Et Laurence, d’un accent tout mouillé de reconnaissance éperdue, balbutiait :
    – Soyez rassuré, monseigneur, vous aussi, ma reine ; vous me donnez la vie, mais…
    Un soupir bref coupa sa parole – et elle s’affaissa le long du mur, derrière la table ; la figure contre les dalles… la foudre ! cette fois, c’était bien la foudre qui s’était abattue sur elle : le poignard de Nevers !
    À ce moment, une femme vêtue de noir, impassible figure de bravo femelle, entra dans l’oratoire en disant : « Le scribe m’a avertie, madame, et me voici… » Sans doute elle avait un rôle à jouer. Et la reine la connaissait, car elle lui dit : – Tu sais ce que tu auras à faire, Gérande ? – Le scribe m’a tout dit. – Tu es prête ? – Toujours ! – C’est bien. Une litière attend au coin de la rue Saint-Martin. Elle est là pour toi.
    Jean sans
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