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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine
Autoren: Jean-François Parot
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physiciens seront consultés et je vous rends parole que tout le
nécessaire sera fait tant Sa Majesté entend qu’il soit mis fin aux incommodités qui assaillent les peuples de Sa bonne ville de Paris.
    – Vive le roi ! Vive monsieur Le Noir ! Vive le commissaire ! cria la foule.
    – Qu’ils n’aient garde d’y manquer ! hurla une gagne-denier dépoitraillée dont la sombre physionomie au premier rang avait frappé Nicolas. Il fut surpris de sa manière de parler qui ne correspondait en rien à son apparence.

    Il descendit du carrosse. On s’écarta avec respect devant lui. Chacun le félicitait, lui tapait dans le dos. Il nota bien çà et là des regards menaçants, mais dans l’ensemble l’émotion se calmait. On le conduisit en cortège rue de la Lingerie jusqu’à l’échoppe d’un cordonnier où la catastrophe s’était produite. Le maître, Luc Cotinet, conta son affaire au commissaire. Travaillant fort tôt en ce début d’été, il était descendu chercher du cuir dans sa cave. Une horrible puanteur l’avait saisi au point de n’avoir pu dépasser le pied de son échelle. Affolé, il s’était précipité chez ses voisins pour les éveiller. L’un d’eux, un cabaretier, plus hardi que d’autres ou plus animé de courage par l’eau-de-vie, s’était aventuré au milieu de la cave et avait découvert avec horreur que le mur mitoyen avec le cimetière des Innocents avait cédé sous la pression des terres et que des cadavres infects avaient envahi le sous-sol. Il n’y avait là rien d’étonnant. Une de ses voisines, Mme Gravelot, était tombée gravement malade. Des tonneliers qui s’étaient hasardés dans un cellier proche avaient éprouvé d’étranges malaises, tremblements, vertiges et suffocations. Nicolas décida d’aller constater la chose de visu. Le cordonnier tenta de l’en dissuader
et, faute d’y réussir, le persuada d’user d’un chiffon imprégné d’esprit de vin pour se protéger, en lui recommandant de remonter bien vite au moindre désordre ressenti.
    En dépit de cette précaution, une épouvantable odeur saisit Nicolas à l’ouverture de la trappe qui donnait accès à la cave. Il descendit l’échelle de meunier. Quand il se retourna et que la lumière de sa lanterne balaya le fond de la pièce, ce qu’il vit le fit frémir jusqu’au tréfonds de lui-même. Pourtant, depuis son entrée dans la police du roi, il avait contemplé de terribles spectacles, mais jamais aussi effrayants que celui qu’il avait sous les yeux.
    L’observateur en lui résistait, maîtrisant l’émotion ressentie. Il se raccrochait à une question, savoir ce qui était le plus effarant, l’ensemble ou les détails qui le composaient. Le premier présentait – il se murmurait des termes neutres pour banaliser l’épouvante qui en émanait – un pan de muraille écroulé dont les débris couverts de plâtre gisaient à terre. Il laissait paraître des tranches de terre dans lesquelles se distinguaient des têtes et des corps écrasés entre des traces de chaux. Cependant le mouvement du terrain effondré avait compressé cette masse de telle sorte que les cadavres décomposés ou, pour certains, presque intacts, semblaient vouloir s’échapper. Des mains et des pieds jaillissaient et des crânes aux mâchoires décrochées lançaient à pleins gosiers des hurlements silencieux. Une tête aux traits encore conservés le frappa ; elle le fixait, semblant ricaner. Nul sentiment de repos dans ce théâtre de corruption, mais plutôt, figés dans l’horreur d’un irrémédiable délabrement, des écrasements en déséquilibre qu’il craignait de voir poursuivre leur mouvement. Des miasmes putrides atteignaient Nicolas qui crut
un moment suffoquer. Il s’empressa de remonter. Des visages effarés le dévisageaient et des bras tremblants l’aidèrent à reprendre pied dans l’échoppe. La trappe fut vivement rabattue. Un verre de vin tendu fut bu d’un trait au risque de s’étouffer. On le força à s’asseoir ; il reprit souffle. Il se sentait souillé, demanda de l’eau, se lava dans un seau et se sécha le visage et les mains d’un vieux chiffon. Il n’avait pourtant rien frôlé des pourritures du dessous.
    – Que faire ? dit Cotinet, l’air hagard.
    – Monsieur, ne vous mettez pas martel en tête. Je vais suggérer au Magistrat d’immédiates mesures. D’abord condamner votre cave. C’est malheureusement nécessaire.
    – Et mes cuirs ? se
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