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L'homme au ventre de plomb

L'homme au ventre de plomb

Titel: L'homme au ventre de plomb
Autoren: Jean-François Parot
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mêmes amis ne vous
toléreront pas.

    Il tira une petite
montre d'or de la poche de son habit et, l'ayant consultée,
reprit :

    â€“ Madame
Adélaïde ne devrait plus tarder.

    â€“ Je pensais
notre princesse inséparable de sa sœur Victoire 2 dit Nicolas. Or, si j'en crois mes informations, elle assistera seule
au spectacle ce soir.

    â€“ Remarque
pertinente. Mais il y a eu quelque bisbille entre le roi et la
seconde de ses filles. Il lui a refusé une parure et, piquée,
Madame Victoire lui a décoche à brûle-pourpoint
un méchant propos sur l'accueil qu'aurait reçu une
semblable demande venant de Mme de Pompadour Voilà, mon cher,
le secret des cours, mais vous êtes un tombeau... Cela dit,
Madame Adélaïde ne sera pas seule ; elle sera accompagnée
du comte et de la comtesse de Ruissec, qui la chaperonneront. Vieille
noblesse militaire, sévère, dévote et radoteuse
à souhait. Ils tiennent à la fois de l'entourage de la
reine et de celui du dauphin, c'est tout dire. Encore que le comte...

    â€“ Quelle
distribution de bois vert en peu de mots !

    â€“ L'0péra
m'inspire, Nicolas. Je présume que notre ami Sartine sera là
?

    â€“ Vous
présumez bien.

    â€“ Madame
sera bien gardée. Mais rien n'arrive jamais sous l'œil
de nos lieutenants de police. Nos spectacles sont d'un calme ! Seules
les cabales et les claques. les animent un peu, et Les Paladins de
notre ami Rameau ne devraient pas déclencher de tempête.
Le coin de la reine et le coin du roi 3 seront paisibles.

    Le Mercure relate quel le goût italien et le goût français y
sont très habilement mêlés, encore que
l'audacieux assemblage du comique et du tragique pourrait mettre à
mal la bienséance.

    â€“ Cela n'ira
pas loin, ce sont là des passions innocentes.

    â€“ Mon cher,
vous n'êtes jamais allé à Londres ?

    â€“ Jamais et,
par les temps que nous vivons, je crains de ne pas en avoir
l'occasion de sitôt.

    â€“ Je n'en
jurerais pas. Mais pour revenir à mon propos, le voyageur
français s'étonne quand il entre dans un théâtre
londonien : il n'y trouve aucune surveillance militaire. Aussi les
tumultes et les bagarres y sont le prix de la liberté.

    â€“ Voilà
un pays rêvé pour nos amis les philosophes qui,
disent-ils, respirent dans nos salles « le mauvais air du
despotisme ».

    â€“ Je connais
l'auteur de ce mot que le roi a peu prisé, fit La Borde.
Discret Nicolas, vous ne l'avez même pas nommé. Mais je
vous demande de me pardonner : je vais de ce pas faire ma cour à
Madame Adélaïde. Prestement, car mon sujet d'étude
paraît au prologue...

    Et il traversa
légèrement le parterre, dispensant sans compter ses
saluts aux belles de sa connaissance. Nicolas éprouvait
toujours le même plaisir à retrouver le comte de La
Borde. Il se souvenait de leur première rencontre et de ce
dîner où celui-ci l'avait tiré avec indulgence
d'un mauvais pas. M. de Noblecourt, le vieux procureur chez qui il
logeait et qui le considérait comme le fils de la maison,
avait maintes fois souligné le privilège d'un
attachement si sincère et, ajoutait-il, si utile à
Nicolas. Le jeune homme repassa à nouveau dans son esprit les
événements qui s'étaient succédé
depuis le début de l'année. Le premier valet de chambre
restait lié à l'événement incroyable de
sa rencontre avec le roi. Il connaissait le secret de sa naissance
noble ; il savait qu'il n'était pas seulement Nicolas Le
Floch, mais aussi le fils naturel du marquis de Ranreuil. Cependant,
il demeurait assuré que cette origine n'entrait pour rien dans
la sympathie spontanée qui les avait réunis.

    Une rumeur le
ramena à la réalité. La salle tout entière
s'était levée et applaudissait. Madame Adélaïde
venait d'apparaître dans la loge royale. Blonde et faite au
tour, elle avait grand air. Chacun convenait qu'elle l'emportait de
beaucoup sur Mesdames, ses sœurs. Le profil et les yeux
faisaient souvenir de ceux du roi. Souriante, elle s'inclina en une
grande révérence de cour qui redoubla les vivats. La
princesse était fort populaire ; son affabilité et son
accès facile étaient connus de tous. Elle paraissait
goûter ce que lui offrait sa solitude d'une soirée
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