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L'homme au ventre de plomb

L'homme au ventre de plomb

Titel: L'homme au ventre de plomb
Autoren: Jean-François Parot
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Madame Adélaïde
tamponnait les tempes de Mme de Ruissec avec un mouchoir.

    Revenant plus tard
sur ces instants, Nicolas se rappellerait que tout s'était
alors mis en route comme une mécanique monstrueuse qui ne
devait s'arrêter qu'une fois le destin satisfait et repu de
ruines et de morts. Il salua M. de La Borde, puis courut rejoindre le
lieutenant général de police aussi vite que le lui
permettait l'assistance debout conversant en groupes compacts.

    M. de Sartine
n'était pas dans sa loge. Il avait dû gagner celle de la
princesse. Après avoir parlementé avec des officiers de
sa Maison, Nicolas réussit à y pénétrer.
Madame Adélaïde parlait à voix basse au lieutenant
général. Son beau visage plein était empourpré
d'émotion. M. de Ruissec, agenouillé aux pieds de sa
femme, à demi pâmée sur son siège,
l'éventait. Un homme en noir, dans lequel Nicolas reconnut un
exempt du Châtelet, se tenait figé, collé à
la cloison, l'air terrifié de ce qu'il voyait et entendait.
Nicolas s'approcha et salua profondément. La princesse étonnée
lui répondit par un léger mouvement de tête. Il
fut ému de retrouver sur ce jeune visage l'expression du
regard du roi. M. de Sartine reprit son propos :

    â€“ Que Votre
Altesse royale se rassure, nous allons prendre toutes dispositions
pour accompagner le comte et la comtesse à leur hôtel et
tenter de régler discrètement cette affaire. Il
convient cependant que certaines constatations puissent être
faites. Le commissaire Le Floch, que voici, m'accompagnera. Le roi le
connait et le tient en haute estime.

    Le regard princier
se porta sur Nicolas sans paraître le voir.

    â€“ Nous
comptons sur vous pour faire au mieux afin d'apaiser la détresse
de nos pauvres amis, dit Madame Adélaïde. Et surtout,
monsieur, ne soyez pas soucieux de ma personne et parez au plus
utile. Les officiers de notre Maison veilleront sur notre personne,
et d'ailleurs les Parisiens nous aiment, mes sœurs et moi.

    M. de Sartine
s'inclina tandis que les deux vieillards - la comtesse, agitée
d'un tremblement convulsif - prenaient congé de la princesse.
Tous sortirent pour rejoindre leurs voitures. Il fallut attendre un
moment pour rassembler les cochers partis boire quelques chopines. Un
carrosse de cour s'ébranla, les Ruissec étant venus de
Versailles en cortège avec la princesse. Il fut bientôt
suivi de la voiture de M. de Sartine. Le flamboiement des torches
grésillantes faisait danser les ombres portées sur les
maisons de la rue Saint-Honoré.

    Le lieutenant
général demeura un long moment silencieux et perdu dans
ses pensées. Un embarras de voitures arrêtées en
désordre immobilisa le carrosse. Le jeune homme en profita
pour risquer une remarque.

    â€“ Il
conviendrait, monsieur, que fut un jour réglementé le
stationnement des voitures aux portes des spectacles. Il serait même
opportun qu'on les obligeât à user d'un chemin unique
qui permettrait de désengorger nos rues et rendrait plus aisé
leur cheminement 6 .
Ajoutons-y un meilleur éclairage de nos voies, et la sécurité
ne pourra qu'en être améliorée 7 .

    La remarque du
jeune homme ne suscita aucun écho. Un certain agacement parut
même dans un tambourinement rapide des doigts du lieutenant
général sur la vitre. Il se tourna vers son subordonné.

    â€“ Monsieur
le commissaire Le Floch...

    Nicolas se raidit.
L'expérience lui avait appris que lorsque le lieutenant
général de police lui donnait son titre au lieu de
l'appeler comme d'habitude par son prénom, c'était que
l'humeur n'était pas bonne et les ennuis pas loin. Il redoubla
d'attention.

    â€“ Nous
voici, je crois, devant une affaire qui va exiger de nous un tact et
un doigté tout particuliers, continua Sartine. Je suis
d'ailleurs pris au piège de mes promesses à Madame
Adélaïde. Croit-elle ce genre de démarche facile ?
Elle ignore tout et du monde et de la vie. Elle se laisse aller à
son bon cœur. Qu'ai-je à faire de sentiments et
d'apitoiements ? Vous ne répondez pas ?

    â€“ Encore
faudrait-il, monsieur, que vous éclairiez un peu ma lanterne.

    â€“ Tout doux,
Nicolas. Il ne me convient pas, à moi, d'éclairer votre
lanterne. Je connais trop bien où cela nous mènerait.
Votre
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