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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique
Autoren: Bernard Cornwell
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cerné par un marais de vase et de roseaux uniquement accessible par le
sentier qu’ils venaient de remonter. Ils ne pouvaient plus s’échapper.
    Derrière eux, une centaine de cavaliers français
s’apprêtaient déjà à emprunter l’étroit chemin. Sans tarder, les Anglais mirent
pied à terre et formèrent un mur d’écus. La vue de cette redoutable barrière
d’acier convainquit leurs adversaires de retourner plutôt vers la tour, dont les
ultimes défenseurs représentaient un objectif beaucoup plus accessible. Du haut
des remparts, des archers continuaient de tirer. Mais les arbalétriers génois
répliquaient efficacement. Et au pied de la tour, les Français bousculaient
maintenant les derniers hommes d’armes.
    Les troupes du roi Philippe attaquaient à pied. La pluie
d’été avait rendu le sol glissant et les pieds maillés l’avaient transformé en
boue glutineuse. La première ligne de fantassins lança son cri de guerre et se
jeta sur les Anglais, largement inférieurs en nombre. Désespérément, ces
derniers venaient eux aussi de former un mur de boucliers et, vaillamment, ils
s’avancèrent pour affronter la charge. L’acier et le bois se heurtèrent dans un
fracas retentissant. Un cri jaillit d’une gorge lorsqu’une lame se faufila
entre deux écus et trouva un corps. Par-dessus les têtes et les écus de leurs
camarades du premier rang, la seconde ligne anglaise taillait, à grands coups
de masses et d’épées.
    — Saint Georges ! lança une voix.
    — Saint Georges ! reprirent ses compagnons
d’armes.
    Les hommes d’armes poussaient en avant. Ils écartaient les
morts et les mourants avec leurs boucliers.
    — Tuez ces bâtards ! cria un Anglais.
    — Tuez-les tous ! hurla en écho messire Geoffrey
de Charny.
    Et les Français repartirent à la charge, trébuchant dans
leurs cottes de mailles et leurs armures au milieu des blessés et des cadavres.
Cette fois, les forces anglaises étaient encore un peu plus clairsemées et
leurs écus ne se touchaient plus bord à bord. Les Français s’engouffrèrent dans
les failles. Les épées se fracassaient sur les armures, traversaient les
mailles, cognaient les heaumes. Quelques survivants essayaient de traverser la
rivière pour s’enfuir, mais des arbalétriers génois leur donnaient la chasse.
C’était un jeu d’enfant de maintenir un homme en armure sous l’eau pour qu’il
se noie, puis de piller son cadavre. Une poignée de fugitifs anglais était
quand même parvenue à grimper tant bien que mal sur la rive opposée. Ils
tentaient de rejoindre une ligne de combat constituée d’archers et de
fantassins britanniques en train de se former à quelque distance pour repousser
toute attaque en provenance de la Ham.
    À l’intérieur même de la tour, un Français armé d’une hache
de guerre s’acharnait sur un adversaire, entaillant l’épaulière protégeant son
épaule droite, tailladant la maille en dessous, forçant l’homme à s’accroupir.
Il continua de faire pleuvoir les coups sur le malheureux jusqu’à ce qu’il lui
ait entrouvert la poitrine. Sous l’armure pulvérisée, les côtes blanches de
l’homme saillirent alors au milieu de la chair massacrée. Le sang et la boue
formaient une véritable pâte collant sous les pieds. Tous les Anglais se
battaient au mieux à un contre trois. La porte de la tour avait été laissée
ouverte pour permettre aux défenseurs restés à l’extérieur de s’y réfugier.
Mais c’étaient les Français qui en profitaient pour se glisser à l’intérieur.
Devant la tour, les derniers soldats du roi Edouard étaient systématiquement
abattus et achevés tandis que les attaquants commençaient à gravir l’escalier.
    Le colimaçon de marches montait dans le sens du soleil,
autrement dit vers la droite. Cela signifiait que les défenseurs pouvaient
utiliser sans grande difficulté leur bras droit, alors que les mouvements des
assaillants étaient constamment bloqués par la pile centrale de l’escalier.
Armé d’une courte lance, un chevalier français donna l’assaut le premier. Il
éventra un ennemi avec sa pointe tranchante avant de se faire lui-même tuer par
un autre qui arrivait immédiatement derrière sa victime, épée en avant. Il
faisait si sombre à l’intérieur que les visières étaient relevées : un
homme ne pouvait rien voir avec ses yeux à demi couverts d’acier. Alors les
Anglais visaient les yeux de leurs adversaires. Des assaillants
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