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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique
Autoren: Bernard Cornwell
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de
Gênes sur le bras gauche. Tous étaient accompagnés d’un fantassin tenant un
pavois, un énorme bouclier qui protégerait le tireur pendant qu’il rebanderait
sa lourde arme. À un peu moins d’un kilomètre, au bord de la rivière, les
Anglais sortaient de la tour en courant et se précipitaient vers les tranchées.
Ces dernières avaient été creusées tant de mois auparavant qu’elles étaient
déjà couvertes d’herbe et de végétation.
    — Tu vas rater ta bataille, indiqua le roi au duc.
    Celui-ci renonça finalement à la bannière écarlate. Il
tourna bride et lança son grand cheval caparaçonné vers les hommes de messire
Geoffrey.
    — Montjoie saint Denis !
    Le duc lança le cri de guerre de la France. Les joueurs de nacaire
frappèrent leurs grands tambours et une dizaine de trompettes firent retentir
leurs instruments comme un défi vers le ciel. Les visières des heaumes
s’abaissèrent en claquant. Déjà, les arbalétriers avaient atteint le pied de la
colline et se déployaient vers la droite pour envelopper le flanc anglais. Au
même instant, les premières flèches volèrent, des anglaises à empennages
blancs, sifflant au-dessus des vertes prairies. Dressé sur sa selle, le roi
constata que le nombre d’archers ennemis était relativement réduit.
Généralement, quand ces damnés Anglais se battaient, leurs archers étaient au
moins trois fois plus nombreux que leurs chevaliers et leurs hommes d’armes.
Mais l’avant-poste de Nieulay semblait essentiellement occupé par de simples fantassins.
    — Que Dieu soit avec vous ! cria le roi à ses
soldats.
    Il venait de comprendre que la victoire était réellement à
portée de la main, et il sentit soudain une vague d’exaltation l’envahir.
    La musique retentit de nouveau. Comme une coulée de métal gris
dévalant la pente, les hommes d’armes s’ébranlèrent. Leurs hurlements guerriers
se mêlaient aux tambours et aux trompettes : les premiers martelaient
sauvagement leurs peaux de chèvres tandis que les seconds s’époumonaient comme
si le son seul de leurs instruments pouvait vaincre les Anglais.
    — Dieu et saint Denis ! hurla le roi.
    Les carreaux d’arbalète s’envolèrent vers les remblais de
terre. Ces petits dards de métal avaient des ailettes de fer pour empennage.
Pendant quelques secondes, ils obscurcirent le ciel en sifflant. Puis les
Génois se réfugièrent derrière les grands boucliers pour retendre leurs arcs
d’acier en actionnant les treuils. Des flèches anglaises se fichèrent dans les
pavois. Mais l’offensive que venait de lancer messire Geoffrey contraignit
rapidement les archers anglais à se tourner vers cette nouvelle menace. Les
Britanniques placèrent des flèches boujons [6] sur leurs
cordes, des traits qui avaient à leur extrémité quatre bons pouces d’acier
effilé capable de percer une cotte de mailles comme si c’était du lin. Ils
armaient, bandaient et tiraient, armaient, bandaient et tiraient. Et les
pointes meurtrières filaient se planter dans les écus et les rangs français
compacts. Un homme, touché à la cuisse, s’effondra. Ses camarades le
dépassèrent sans prêter attention à sa démission, reformèrent la ligne. Un
archer anglais se redressa pour tirer. Un carreau d’arbalète l’atteignit à
l’épaule et sa flèche partit se perdre dans l’air.
    — Montjoie saint Denis !
    Les hommes d’armes beuglaient sans fin leur cri de défi. Au
pied de la pente, la charge venait d’atteindre le plat. Les flèches
s’écrasaient sur les écus avec une force effrayante. Mais les Français
parvenaient à continuer de progresser en rangs serrés, écu contre écu. Les
arbalétriers s’accrochaient derrière eux et visaient les archers anglais
contraints de se dresser hors de leurs tranchées pour tirer. Un carreau
traversa une salade [7] de fer, transperçant le crâne anglais qui se
trouvait en dessous. L’homme bascula, le visage inondé de sang. Du sommet de la
tour, une volée de flèches se mit à pleuvoir. En réponse, les carreaux
d’arbalète génois s’écrasèrent sur la pierre de la bâtisse. Voyant que les
flèches de leurs camarades n’avaient pas arrêté l’ennemi, les hommes d’armes
anglais bondirent, épée au clair, pour affronter la charge.
    — Saint Georges ! hurlaient-ils.
    Les assaillants atteignaient la première tranchée et
frappaient les défenseurs qui s’y trouvaient. Y prenant pied, les Français
découvrirent
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