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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique
Autoren: Bernard Cornwell
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village.
    — Doux Jésus !
    L’épée remise au fourreau, le duc n’était encore qu’à moitié
en selle. Il bascula brusquement en arrière quand, par réflexe, ses deux
acolytes le lâchèrent pour sortir leurs propres lames et faire face aux
assaillants. Par le diable, d’où venaient ces Anglais ? Tout autour de
lui, les hommes d’armes du duc venaient en hâte de rabaisser leur visière.
Soucieux de protéger leur seigneur, ils se rassemblèrent à ses côtés. Étendu
sur l’herbe, mais incapable de bouger et de voir autre chose que le ciel, le
duc entendait le choc des armures.
    Ce nouveau groupe de chevaliers anglais était celui que le
roi Philippe avait vu approcher quelque temps plus tôt. Quand l’attaque
française avait commencé, ils s’étaient arrêtés dans le village pour assister,
impuissants, à la curée dans les tranchées. Rapidement, ils s’étaient apprêtés
à rebrousser chemin et à retraverser le pont, lorsque, soudain, les hommes du
duc de Bourbon s’étaient approchés tout près. Trop près ! Comment
pouvaient-ils ignorer un tel défi ? Impossible. Alors le seigneur anglais
avait entraîné les chevaliers de sa maison dans un assaut furieux qui avait
bousculé sans peine les hommes du duc. Les Français n’étaient pas prêts pour
l’attaque. Quant aux Anglais, ils avaient chargé dans un ordre impeccable,
genou contre genou, leurs longues lances de frêne dressées vers le ciel. Puis à
l’instant précis du contact, ils les avaient abaissées et elles avaient
mortellement transpercé mailles et cuir. Le chef anglais arborait un surcot
bleu orné de lions dorés. Une bande blanche blasonnée de trois étoiles rouges
le barrait. Il enfonça son épée dans l’aisselle d’un fantassin français. Le
sang de ce dernier aspergea la tunique azurée. Foudroyé de douleur, le Français
essaya de retourner son épée sur son agresseur, mais le coup de masse d’un
autre Anglais lui pulvérisa la visière. Le sang se mit à gicler par une dizaine
d’orifices. Un cheval aux jarrets tranchés lança un hennissement déchirant vers
le ciel et bascula dans la boue.
    — Restez serrés ! vociférait le seigneur anglais.
Restez serrés !
    Son cheval se cabra et laissa retomber ses pattes
antérieures sur un Français à pied. L’homme s’effondra, le casque et le crâne
fracassés par un sabot. Puis le chevalier aperçut le duc, de nouveau debout,
sans défense près de son cheval. Il identifia immédiatement l’importance de
l’homme à l’armure étincelante, éperonna sa monture dans sa direction. Le duc
para le coup d’épée avec son écu et, dans le même mouvement, frappa de sa
propre lame la jambière de son adversaire. Mais, aussi soudainement qu’il lui
avait fondu dessus, le chevalier ennemi disparut de son champ de vision.
    Un autre Britannique venait de tirer en arrière le cheval de
son chef : une meute de cavaliers dévalait la colline. Le roi Philippe les
avait dépêchés dans l’espoir de capturer le seigneur anglais et ses hommes. Par
ailleurs, les Français étaient déjà tellement nombreux au pied de la tour pour
participer au massacre qu’un grand nombre d’entre eux, dans l’incapacité de
s’approcher, s’étaient cherché une autre cible et chargeaient présentement le
pont.
    — Retraite ! cria le seigneur anglais.
    Cependant, la rue du village et l’étroit petit pont sous la
menace des Français étaient encombrés de fugitifs. Le chevalier et ses hommes
pouvaient se frayer un chemin, mais ils seraient pour cela contraints de
piétiner leurs propres compatriotes. Et dans la panique et le chaos régnants,
certains cavaliers risquaient même d’être renversés, voire tués. Alors
l’Anglo-Saxon préféra regarder de ce côté-ci de la rivière. Il aperçut un
sentier courant le long de la rive et remontant vers la mer. Il devait conduire
à la plage, pensa-t-il. De là, il pourrait sans doute obliquer vers l’est afin
de rejoindre les lignes anglaises.
    Les chevaliers anglais éperonnèrent leurs destriers derrière
leur chef. Le sentier était étroit. Seuls deux cavaliers pouvaient chevaucher
de front. D’un côté il y avait la Ham, de l’autre un marécage. Mais le chemin
lui-même était ferme. La petite troupe le suivit et gagna rapidement un terrain
légèrement plus élevé où ils purent se rassembler… pour découvrir qu’ils
étaient pris au piège. La petite langue de terre surélevée était quasiment un
îlot
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