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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique
Autoren: Bernard Cornwell
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d’étroits passages qui reliaient les différentes tranchées entre
elles. En s’y engouffrant pour poursuivre leur attaque vers les lignes arrière,
ils offraient des cibles aisées aux archers positionnés dans les deux fossés les
plus proches de la tour. Mais ces derniers s’exposaient eux-mêmes aux tirs des
arbalétriers génois, qui s’écartaient de leurs pavois pour faire pleuvoir une
grêle de fer sur l’ennemi. Sentant venir le massacre, certains Anglais
quittaient déjà leurs tranchées pour courir vers la Ham. À la tête des
arbalétriers, Édouard de Beaujeu aperçut ces fuyards. Il cria à ses Génois de
laisser tomber leurs arbalètes et de se joindre à l’offensive. Obéissant, les
mercenaires transalpins tirèrent donc leurs épées ou leurs haches et coururent
sus à l’ennemi.
    — Tue ! Tue ! hurlait Beaujeu, dressé sur son
destrier.
    Puis, épée au clair, il éperonna le grand étalon.
    — Tue !
    Dans la première tranchée, les Anglais étaient submergés.
Ils luttaient désespérément pour se protéger du raz-de-marée français. Mais les
épées, les haches et les lances taillaient en pièces les malheureux. Malgré
l’oriflamme déployée, quelques-uns essayèrent de se rendre. En vain ! Il
n’y aurait résolument « pas de quartier ». Le sang anglais
transformait le fond de la tranchée en boue rougeâtre. Maintenant, tous les
défenseurs des autres tranchées fuyaient en courant. Les quelques cavaliers
français qui s’étaient jugés trop fiers pour charger à pied lancèrent leurs
montures en même temps que leur cri de guerre. Ils sautèrent par-dessus les
étroits fossés, bousculèrent leurs propres troupes et poussèrent leurs
coursiers vers les fuyards qui atteignaient la rivière. Les étalons
virevoltaient tandis que les épées taillaient sauvagement dans les chairs. Un archer
perdit sa tête au bord de l’eau, qui rougit soudainement. Piétiné par un
destrier, un homme d’armes eut juste le temps de hurler avant d’être transpercé
par une lance. Les mains en l’air, un chevalier anglais présentait son gant en
signe de reddition. Un premier Français, arrivé par-derrière, lui brisa la
colonne vertébrale d’un coup d’épée et un second lui planta une hache en pleine
face.
    — Tuez-les ! hurlait le duc de Bourbon, l’épée
inondée de sang. Tuez-les tous !
    Il avisa un groupe d’archers s’échappant vers le pont et
cria à ceux qui le suivaient :
    — Avec moi ! Avec moi ! Montjoie saint
Denis !
    Les archers étaient près de trente à s’être précipités vers
le pont. Alors qu’ils atteignaient le village, un chapelet de pauvres maisons à
toits de roseaux disséminées sur la rive, ils entendirent un bruit de cavalcade
dans leur dos. Affolés, ils regardèrent derrière eux. Pendant une fraction de
seconde, les fugitifs donnèrent l’impression d’être sur le point de céder
totalement à la panique, mais l’un de leurs camarades les arrêta.
    — Abattez les chevaux, les gars ! leur lança-t-il.
    Les archers bandèrent leurs arcs, lâchèrent les cordes, et
les flèches à plumes blanches allèrent se ficher en claquant dans les poitrails
et encolures des destriers. L’étalon du duc de Bourbon vacilla. Deux flèches
avaient transpercé sa barde de mailles et de cuir. Il s’effondra en même temps
que deux autres chevaux. Leurs sabots battaient l’air. Instinctivement, les
cavaliers encore en selle tournèrent bride pour aller en quête de proies plus
faciles. L’écuyer du duc voulut céder sa propre monture à son maître, mais une
seconde volée de flèches britanniques fusa du hameau. L’une d’elles frappa le
jeune homme, mort avant même d’avoir touché terre. Plutôt que de perdre son
temps à essayer de monter le cheval de son malheureux écuyer, le duc s’éloigna
pesamment dans sa splendide armure qui l’avait protégé des traits ennemis. Face
à lui, autour de la base de la tour de Nieulay, les Anglais survivants
formaient un mur d’écus encerclé par des Français hargneux et vindicatifs.
    — Pas de quartier ! cria un chevalier du roi
Philippe. Pas de prisonniers !
    Le duc héla des fidèles pour qu’ils l’aident à se remettre
en selle.
    Deux de ses vassaux mirent pied à terre pour accéder à la
demande de leur maître. C’est alors qu’ils perçurent un tonnerre de sabots. Ils
se tournèrent vivement pour voir charger un groupe de chevaliers anglais
surgissant du petit
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