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L'Étreinte de Némésis

L'Étreinte de Némésis

Titel: L'Étreinte de Némésis
Autoren: Steven Saylor
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son choix ? »
Je ne crains pas Crassus. Je pense qu’il est beaucoup trop occupé par sa
rivalité avec Pompée pour se soucier de vieilles querelles.
    Il
tendit la main pour caresser la tête de Meto.
    — Il
m’a fallu plus de temps pour retrouver la trace de celui-là. Pourtant il n’était
qu’en Sicile. D’autres esclaves de Gelina s’y trouvaient aussi parce qu’on les
avait vendus par lots. Le fermier stupide qui l’avait acheté négligea la
formation qu’il avait reçue et l’envoya travailler dans les champs. C’est bien
cela, Meto ?
    — Je
devais faire l’épouvantail dans les vergers. Je restais toute la journée en
plein soleil pour effrayer les oiseaux. Et mon maître m’enveloppait les mains
dans des chiffons pour que je ne puisse pas manger les fruits sur les arbres.
    — Incroyable,
dis-je.
    Je
déglutis pour m’éclaircir la voix.
    — Et
qu’est devenu Alexandros, le Thrace ?
    Le
visage de Mummius s’assombrit.
    — Crassus
l’a envoyé travailler dans une de ses mines d’argent en Espagne.
Habituellement, les esclaves ne vivent pas longtemps dans les mines, même ceux
qui sont jeunes et forts. J’ai envoyé un agent essayer de l’acheter, mais le
contremaître est resté inébranlable. Crassus fut sans doute mis au courant :
Alexandros fut transféré sur une galère – la Furie, en l’occurrence.
Malgré tout, j’espérais encore le sauver. Hélas ! il y a quelques jours à
peine – en fait, le jour même de l’arrivée de Meto à Rome – j’ai
appris que la Furie avait été attaquée et incendiée par des pirates sur
la côte sarde. Quelques marins ont pu s’échapper et raconter l’histoire.
    — Et
Alexandros ?
    — La Furie a coulé avec les esclaves enchaînés à leur poste.
    Je
soupirai et grinçai des dents. Les tournesols se balançaient dans la brise. Je
les regardai un instant, avant de boire les dernières gouttes de vin dans ma
coupe.
    — Sa
mort est plus terrible que celle de Faustus Fabius. S’il était resté caché dans
sa grotte et n’était pas sorti pour identifier Fabius, il s’en serait tiré.
Mais Apollonius et Meto ne seraient plus de ce monde. Ces Thraces sont vraiment
des gens exceptionnels ! Olympias est au courant ?
    Il
secoua la tête.
    — J’espérais
lui faire une surprise avec de bonnes nouvelles. Maintenant, je pense que je ne
le lui dirai jamais.
    — Peut-être
le faudrait-il. Autrement, elle risque d’espérer toujours. Iaia est assez sage
pour trouver une manière de le lui dire.
    — Peut-être.
    Le
silence tomba sur le jardin. Mummius sourit.
    — Tu
vois, j’ai attendu d’avoir une surprise pour te recontacter. Meto est mon
cadeau. C’est la moindre des choses que je puisse faire pour te remercier d’avoir
sauvé Apollonius et les autres.
    — Mais
je ne voulais l’acheter que pour le sauver de Crassus…
    — Alors
prends-le maintenant. S’il te plaît, même si c’est seulement pour contrarier
Crassus ! Tu sais que l’enfant est intelligent et honnête. Il te fera
honneur.
    Je
regardai Meto, qui me souriait plein d’espoir.
    — Très
bien, dis-je. J’accepte ton présent, Marcus Mummius. Merci.
    Un
large sourire illumina le visage du préteur, et puis il se leva d’un bond. Je
tournai mon regard, Bethesda venait d’apparaître dans le péristyle. Elle
arrivait de la cuisine.
    Je
m’avançai pour lui prendre la main. Sur le visage de Mummius, je découvris,
tour à tour, l’étonnement et la gêne, comme c’est souvent le cas lorsque des
hommes se trouvent en présence d’une femme au dernier stade de sa grossesse.
    — Mon
épouse, dis-je. Gordiana Bethesda.
    Mummius
s’inclina gauchement. Derrière lui, Apollonius souriait. Le petit Meto, bouche
bée, fixait le ventre proéminent avec déjà dans le regard une crainte mêlée de
respect à l’endroit de sa nouvelle maîtresse.
    — Je
ne peux pas rester longtemps dans le jardin, dit Bethesda. Il fait beaucoup
trop chaud. Je partais m’allonger un moment, quand j’ai cru entendre des voix
dans le péristyle. Ainsi tu es Marcus Mummius. Gordien m’a souvent parlé de
toi. Tu es le bienvenu ici.
    Mummius
se contenta de déglutir et de hocher la tête. Bethesda lui sourit.
    — Eco !
Viens m’aider un instant.
    D’un
signe de tête, Eco pria les invités de l’excuser et la suivit.
    Mummius
arqua un sourcil.
    — Mais
je pensais…
    — Oui,
Bethesda était mon esclave. Pendant des années, je n’ai pas
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