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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord
Autoren: Bernard Cornwell
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Hild, je l’enroulai autour de ma tête, couvrant mon
nez, ma bouche et mon front.
    — Que fais-tu ? piailla Bolti.
    Je ne répondis pas et coiffai mon casque
par-dessus. Les clinques, pièces de métal qui couvraient les joues, étaient si
bien ajustées que seuls mes yeux étaient visibles. Je vérifiai que
Souffle-de-Serpent glissait bien dans son fourreau, puis je fis avancer mon
cheval.
    — Je suis désormais Thorkild le Lépreux, dis-je
à Bolti d’une voix étouffée par l’écharpe. Toi et moi, nous allons traiter avec
eux.
    — Moi ? s’étrangla-t-il.
    Je fis signe à tous d’avancer. La troupe qui
nous avait suivis était retournée vers le Sud, sans doute en quête des
prochains voyageurs qui cherchaient à éviter les hommes de Kjartan.
    — Je t’ai engagé pour me protéger, se
désespéra Bolti.
    — Et je vais le faire. (Je fis taire son
épouse qui gémissait comme à des funérailles. Puis, à une centaine de coudées
du village, je m’arrêtai et ordonnai à tous de rester sur place.) Nous n’irons
que toi et moi, dis-je à Bolti.
    — Je crois que tu devrais t’en occuper
seul.
    Il acheva dans un cri : je venais d’assener
une claque sur la croupe de sa bête qui bondit en avant.
    — N’oublie pas, dis-je en le rattrapant. Je
suis Thorkild le Lépreux. Si tu dévoiles qui je suis vraiment, je vous tuerai, toi,
ta femme et tes fils, et je vendrai tes filles comme putains. Qui suis-je ?
    — Thorkild, bégaya-t-il.
    — Thorkild le Lépreux.
    Nous venions d’arriver au village, misérable
hameau de maisonnettes en pierre couronnées de terre où étaient retenues une
quarantaine de personnes. Sur le côté, non loin du pont de pierre, étaient
dressés une table et des bancs. Deux hommes y étaient assis avec un pichet d’ale,
mais je remarquai une seule chose.
    Le casque de mon père.
    Il était posé sur la table. Ce casque était
doté d’une visière fermée, incrustée d’argent comme la couronne. Enfant, j’avais
bien souvent vu la bouche grimaçante ciselée dans le métal. Je jouais même avec,
malgré les taloches que m’aurait données mon père s’il m’avait surpris. Il le
portait le jour de sa mort à Eoferwic, Ragnar l’Ancien l’avait acheté à celui
qui l’avait abattu, et à présent il appartenait à l’un de ceux qui avaient
assassiné Ragnar.
    C’était Sven le Borgne. Il se leva à notre
approche et la fureur m’envahit en le voyant. Je l’avais connu enfant.
    C’était désormais un homme, mais je reconnus
immédiatement ce visage aplati où flamboyait un œil féroce. Grand, large d’épaules,
les cheveux longs et la barbe en broussaille, il arborait une longue et
splendide cotte de mailles et deux épées à la ceinture, une longue et une
courte.
    — D’autres hôtes ! s’exclama-t-il en
nous désignant les bancs. Asseyez-vous, ordonna-t-il, et faisons affaire.
    — Assieds-toi avec lui, marmonnai-je à
Bolti.
    Il me lança un regard affolé, puis il sauta de
selle et alla s’asseoir. Le compagnon de Sven était plus âgé, les cheveux noirs
et le teint mat. Il portait une robe noire qui lui donnait l’air d’un moine, mais
il avait au cou un marteau en argent. Devant lui était posé un plateau de bois
habilement divisé en compartiments pour accueillir différentes pièces qui
luisaient au soleil. Sven se rassit, se servit une chope d’ale et poussa le
pichet vers Bolti.
    — Et tu es ? lui demanda-t-il.
    — Bolti Ericson, répondit-il.
    — Bolti Ericson. Et moi je suis Sven
Kjartanson, et mon père est le seigneur de ces terres. As-tu entendu parler de
Kjartan ?
    — Oui, seigneur.
    — Il me semble que tu tentais de ne pas
payer l’octroi, Bolti, sourit Sven. Essayais-tu ?
    — Non, seigneur.
    — D’où viens-tu donc ?
    — D’Eoferwic.
    — Ah, un autre marchand d’Eoferwic, hein ?
Tu es le troisième aujourd’hui ! Et que transportes-tu sur tes chevaux ?
    — Rien, seigneur.
    Sven se pencha en avant et laissa échapper en
souriant un pet sonore.
    — Pardonne-moi, Bolti, c’était le
tonnerre. Rien, disais-tu ? Mais je vois quatre femmes, dont trois fort
jeunes. Seraient-ce les tiennes ?
    — Mon épouse et mes filles, seigneur.
    — Épouses et filles, comme nous les
aimons, fit Sven.
    Il leva le nez vers moi et, bien que sachant
que seuls mes yeux étaient visibles
sous mon casque, je sentis mes poils se hérisser.
    — Qui est-ce là ? demanda-t-il. (Sa
curiosité devait être
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