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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord
Autoren: Bernard Cornwell
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écartant sa jument avant que Witnere n’ait pu la mordre.
    — Que Kjartan vous tuera s’il vous
capture, mon père.
    — Me tuer ?
    — Et qu’il vous jettera à ses chiens.
    — Oh, seigneur Dieu…
    Il était malheureux, perdu, loin de chez lui
et terrifié dans ce paysage nordique inconnu. Hild, en revanche, était de plus
en plus heureuse. À dix-neuf ans, elle n’était que patience devant les épreuves
de la vie. Née dans une riche famille saxonne de l’Ouest, non noble mais
possédant assez de terre pour bien vivre, elle était la dernière de huit
enfants. Son père l’avait promise à l’Église, car sa mère avait failli mourir
en couches et il attribuait sa survie à la bienveillance de Dieu. Aussi, à onze
ans, Hild, dont le nom entier était sœur Hildegyth, avait été envoyée au
couvent de Cippanhamm où elle avait vécu coupée du monde, priant et filant, filant
et priant, jusqu’à l’arrivée des Danes qui l’avaient violée.
    Elle gémissait toujours dans son sommeil et se
rappelait son humiliation, mais elle était heureuse d’avoir quitté le Wessex et
ceux qui lui répétaient constamment qu’elle devait retourner au service de Dieu.
Willibald l’avait grondée pour avoir abandonné sa sainte vocation, mais je l’avais
prévenu qu’une autre de ces remarques lui vaudrait un nouveau nombril encore
plus large, et depuis il s’abstenait. Désormais, Hild accueillait chaque
nouveau spectacle avec des yeux émerveillés d’enfant. Son visage pâle avait
pris un léger hâle doré assorti à ses cheveux. C’était une femme intelligente, pas
la plus fine du monde, mais pleine de sagesse rusée. J’avais assez vécu pour
savoir que certaines ne valent qu’ennuis et que d’autres sont d’agréables
compagnes, et Hild était des plus faciles à vivre. Peut-être parce que nous
étions amis. Nous étions amants aussi, mais sans amour, et elle était rongée
par la culpabilité. Elle ne s’en ouvrait que dans ses prières, mais dans la
journée elle riait de nouveau et prenait du plaisir aux choses simples, même si
parfois, quand elle touchait son crucifix, je savais qu’elle sentait les
griffes de Dieu lui lacérer l’âme.
    Nous étions donc dans les collines à cause de
mon imprudence et c’est Hild qui aperçut les cavaliers. Ils étaient dix-neuf, en
cuirasse sauf trois qui portaient une cotte, et ils commençaient à nous
encercler par derrière. Notre chemin longeait le flanc de la colline, au bord d’un
précipice où coulait un torrent. Nous pouvions fuir par la vallée, mais nous
irions plus lentement que cette troupe qui se rapprochait. Ils n’avancèrent
guère plus, voyant que nous étions armés et ne cherchant pas à combattre :
ils voulaient juste s’assurer que nous poursuivions vers le nord.
    — Ne pouvons-nous les repousser ? demanda
Bolti.
    — À treize contre dix-neuf ? Oui, si
les treize se battent, mais ils ne voudront pas. Ils sont juste bons à effrayer
les brigands, dis-je en désignant les hommes qu’il avait payés. Mais ils ne
sont pas assez sots pour affronter les hommes de Kjartan. Si je leur demande de
se battre, ils rejoindront l’ennemi pour se partager tes filles.
    — Mais…
    Il se tut, car nous venions d’apercevoir ce
qui nous attendait. Un marché aux esclaves se tenait dans un village de bonne
taille situé dans la vallée, auprès d’un pont fait d’une énorme saillie de
pierre enjambant une rivière plus large qui devait être la Wiire. Il y avait
foule, et je vis que les esclaves étaient gardés par des hommes. Les cavaliers
se rapprochaient un peu, mais ils ralentissaient quand nous nous arrêtions. Je
contemplai le bas de la colline. Le village était trop éloigné pour que je
sache si Kjartan ou Sven s’y trouvaient, mais il me parut raisonnable de penser
que ces hommes venaient de Dunholm et que l’un ou l’autre de leur seigneur les
menait. Bolti se répandit en jérémiades que j’ignorai.
    Deux autres sentiers menaient au village
depuis le sud, et je devinai que des cavaliers les surveillaient et
interceptaient les voyageurs dès le début de la journée. Ils poussaient leurs
proies vers le village et ceux qui ne pouvaient payer l’octroi étaient retenus
captifs.
    — Que vas-tu faire ? demanda Bolti, paniqué.
    — Sauver ta vie.
    Je demandai à l’une de ses filles de me donner
l’écharpe noire qu’elle portait en ceinture. Elle la défit, me la tendit d’une
main tremblante. Aidé de
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