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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord
Autoren: Bernard Cornwell
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ordre.
    — Ainsi, ton nom est…
    Il se rendit compte qu’il n’en avait pas la moindre idée.
    — Steapa ! s’écria l’un des hommes
de mon escorte.
    — Uhtred ! annonça Willibald.
    — Je suis Uhtred de Bebbanburg, confirmai-je,
incapable de persister dans mon mensonge.
    — L’homme qui a tué Ubba Lothbrokson !
continua Willibald en essayant de lever mon bras pour montrer que j’étais un
champion. Et celui qui a renversé Svein du Cheval Blanc à Ethandun !
    Dans deux jours, pensai-je, Kjartan le Cruel saura ma venue, et dans trois mon oncle Ælfric l’apprendra. Si j’avais eu une once de sagesse, je serais reparti avec Hild vers le sud
aussi vite que l’archevêque Wulfhere avait déguerpi.
    — Tu étais à Ethandun ? demanda le
roi.
    — Si fait, seigneur.
    — Que s’est-il passé ?
    Willibald le leur avait raconté à tous, mais c’était
la version d’un prêtre, ponctuée de prières et de miracles. Je leur donnai ce
qu’ils voulaient : une histoire de guerrier, avec des morts et des épées, entrecoupée
des pieuses exclamations d’un prêtre échevelé et barbu au regard flamboyant. Je
compris qu’il s’agissait du père Hrothweard, celui qui avait soulevé Eoferwic. Il
était à peine plus âgé que moi, mais doté d’une voix puissante et d’une
autorité naturelle que renforçait sa passion. Chacun de ses alléluias était
accompagné de postillons, et à peine eus-je décrit la déroute finale des Danes
qu’il se précipita pour haranguer la foule.
    — Voici Uhtred ! clama-t-il en me
bourrant de coups dans les côtes. Uhtred de Northumbrie, Uhtred de Bebbanburg, tueur
de Danes, guerrier de Dieu, et épée du Seigneur ! Et il est venu à nous, tout
comme saint Cuthbert – béni soit-il – a visité Alfred en des temps de désarroi.
Ce sont des signes du Tout-Puissant !
    La foule poussa des vivats, le roi se
recroquevilla et Hrothweard, toujours prêt à se lancer dans un sermon enflammé
l’écume aux lèvres, se mit à dépeindre le bain de sang qui attendait jusqu’au
dernier des Danes de Northumbrie.
    Je parvins à me dégager et j’entraînai
Willibald par le cou jusque dans l’antichambre du roi.
    — Vous êtes un idiot, grondai-je, un bout
de cul. Un étron sans cervelle, voilà ce que vous êtes. Je devrais vous étriper
et vous jeter aux porcs. (Il me regarda bouche bée.) Les Danes vont revenir et
ce sera le massacre. Alors vous allez franchir l’Ouse et courir vers le sud
aussi vite que vos jambes vous le permettent.
    — Mais tout est vrai, plaida-t-il.
    — Quoi donc ?
    — Que saint Cuthbert nous a accordé la
victoire !
    — Bien sûr que non ! grondai-je. Alfred
a tout inventé. Vous imaginez que Cuthbert est venu le voir à Æthelingæg ?
Alors, pourquoi ne nous a-t-il pas confié ce rêve sur le moment ? Pourquoi
a-t-il attendu après la bataille ? Simplement parce que ce n’est pas
arrivé.
    — Mais… gargouilla Willibald.
    — Il a tout inventé parce qu’il veut que
les Northumbriens considèrent le Wessex. Il veut être roi de Northumbrie, ne
comprenez-vous pas ? Et pas seulement de Northumbrie. Je ne doute pas qu’il
ait envoyé d’autres sots comme vous raconter aux Merciens qu’un de leurs fichus
saints lui est apparu en rêve.
    — Mais c’est ce qu’il a fait, coupa-t-il.
Tu as raison ! expliqua-t-il en voyant mon expression perplexe. Saint
Kenelm a parlé à Alfred à Æthelingæg. Il est venu à lui en rêve et lui a dit qu’il
vaincrait.
    — Mais non ! répondis-je, malgré mon
impatience.
    — Mais si ! Alfred me l’a lui-même
dit ! C’est la main de Dieu, Uhtred, et c’est merveille à voir.
    Je le pris par les épaules et le plaquai
contre le mur.
    — Vous avez le choix, mon père. Vous
pouvez quitter Eoferwic avant que les Danes ne reviennent, ou pencher la tête
sur le côté.
    — Quoi ?
    — Pencher la tête sur le côté, afin que
je tape sur une oreille pour faire sortir toutes ces absurdités par l’autre.
    Il refusait de se laisser convaincre. La
gloire flamboyante de Dieu, allumée par le massacre d’Ethandun et alimentée par
le mensonge sur saint Cuthbert rayonnait sur la Northumbrie, et ce pauvre
Willibald était convaincu d’assister à l’avènement d’une grandiose époque.
    Il y eut ce soir-là un pauvre banquet de
harengs salés, fromage, pain dur et ale éventée. Le père Hrothweard débita un
nouveau discours passionné prétendant qu’Alfred
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