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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie
Autoren: Robert Merle
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façon dont les Brûlart le
trompent. Mais ne perdons pas de temps. De grâce, écrivez cette lettre !
    Il le fit séance tenante et me lut la missive à voix haute
dès qu’il eut fini. Elle était gauchement écrite, mais cette gaucherie même lui
donnait un accent de sincérité auquel il n’y avait pas à se méprendre.
    Je partis après un dernier embrassement par où il manqua
m’étouffer. Mon cœur se mit à battre la chamade et mes jambes tremblaient sous
moi quand je me décidai à aller trouver le roi pour lui remettre la lettre qui
m’allait peut-être priver de son affection. Dieu merci, il était encore seul en
ses appartements, occupé à ses reliures. J’entends par seul qu’il n’y avait là
que ses familiers, car je n’eusse pas voulu des témoins à la rebuffade que
j’allais essuyer.
    — Sire, dis-je en me génuflexant, voici une lettre que
Monsieur de Schomberg m’a prié de vous remettre avant son partement.
    — Est-il parti ? dit Louis sans lever la tête.
    — Oui, Sire.
    — Et d’où vient que c’est vous, d’Orbieu, à qui il a
confié cette lettre ? Vous n’étiez pas si liés ?
    — Il n’avait pas le choix, Sire, dis-je. Il n’y avait
personne d’autre que moi en son appartement.
    — Et qu’y faisiez-vous vous-même ?
    — J’avais appris sa disgrâce, et j’ai pensé qu’il était
seul.
    — Et vous n’avez pas eu vergogne à me porter une lettre
d’un surintendant que j’avais disgracié ?
    — J’ai supposé, Sire, que cette lettre pouvait être de
quelque conséquence pour votre service.
    — Eh bien, ouvrez-la et lisez-la-moi.
    Je l’ouvris en réprimant comme je pus le tremblement de mes
mains et je la lus d’une voix que je réussis à affermir. Quand j’eus fini,
Louis demeura silencieux si longtemps que je crus qu’il allait en finir avec
moi, sinon en m’envoyant sur ma terre d’Orbieu, à tout le moins en me donnant
congé.
    — Eh bien, d’Orbieu, dit-il enfin, que pensez-vous de
cette requête de Schomberg de faire vérifier ses comptes par une enquête du
Parlement ?
    — Je pense, Sire, que cette requête plaide en faveur de
son innocence.
    — Il n’est pas innocent, dit Louis en haussant la voix,
puisqu’il ne m’a pas dit la vérité sur le déficit du Trésor.
    — Sire, il l’a dite aux Brûlart et il a pensé qu’ils
vous en instruiraient.
    — Mais c’est à moi, et à moi seul, qu’il faut dire
d’aucunes choses qui sont de si grande conséquence pour mon royaume ! dit
Louis avec colère. Rien ne doit m’être caché ! Rien ne doit se faire à mon
insu !
    Il reprit :
    — D’où vient que Schomberg ait choisi de vous
compromettre au lieu d’envoyer cette lettre par la poste ?
    — Sire, je lui ai déconseillé de l’envoyer par la
poste.
    — Et pourquoi ?
    — Pour la raison, Sire, que les lettres qui vous sont
adressées par la poste passent par les mains de Monsieur de Puisieux, lequel
eût pu supprimer la sienne.
    — D’Orbieu, dit Louis d’une voix sèche, votre insolence
à l’égard de mes ministres dépasse les bornes. L’envie me démange fort de vous
envoyer épouser votre domaine d’Orbieu pendant quelques années.
    Je me sentis pâlir et mes jambes, à cette menace, se mirent
à trembler convulsivement. Mais quand je parlai, je réussis à garder quelque
fermeté dans ma voix.
    — Sire, dis-je, il serait étrange qu’après avoir exilé
Monsieur de Schomberg pour le punir de vous avoir caché la vérité, vous me
punissiez moi, quand j’essaye de vous la dire.
    — Pourquoi essayer de me la dire ? dit Louis en me
regardant œil à œil. Il faudrait me la dire toute.
    — Sire, Votre Majesté se ramentevoit que lorsque
j’étais dans l’emploi de Monsieur de Puisieux j’étais son truchement ès langues
étrangères quand il lisait les dépêches des souverains étrangers. Et j’observai
alors qu’après en avoir pris, grâce à moi, connaissance, il faisait deux tas de
ces dépêches : l’un qu’il allait porter à votre connaissance et l’autre
qui était, disait-il, « de nulle conséquence » et qu’il me demandait
de classer. Or j’eus un jour la curiosité de jeter un œil sur ces dépêches qui
étaient « de nulle conséquence » et j’y découvris une lettre qui lui
avait été traduite par moi et qui émanait du duc de Savoie.
    — Et que disait cette lettre ?
    — Elle vous pressait d’intervenir dans la Valteline.
    — Et pourquoi
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