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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir
Autoren: Anne Tremblay
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bouquet de fleurs, une bouteille de
     vin et un panier de provisions. Il m’a demandé pardon, m’a expliqué que depuis
     la guerre, il perdait quelquefois le contrôle de lui quand il avait trop
     d’émotions.
    Laura ne bronchait pas et écoutait attentivement. Yvette réalisa à quel point
     cela faisait du bien de raconter ces épreuves à sa jeune sœur. Elle chuchotait
     pour que son fils ne l’entende pas. Laura avait dû s’approcher tout près d’elle.
     Les deux sœurs s’étaient lovées sur le divan. Laura avait appuyé sa tête sur
     l’épaule d’Yvette. Celle-ci lui caressait les cheveux rasés, aimant la douceur
     unique de la repousse. D’une voix monocorde, Yvette reprit le cours des
     événements. Elle expliqua que le bouquet de Paul-André était magnifique. Son
     gérant était détendu, souriant. Il avait dégotté un contrat de chanteuse pour
     Yvette. Tous leurs problèmes étaient réglés !
    — Cendrillon, tu vas faire un malheur dans ce numéro dechant.
     C’est un petit cabaret, un peu dans le style de Chez Gérard à Québec. Les
     deux propriétaires se connaissent. Je ne sais pas pourquoi je n’y ai pas pensé
     avant. J’avais aidé, en 1949, à faire signer Charles Aznavour chez Gérard . Il m’en devait une. Alors, je lui ai téléphoné et il m’a envoyé à
     ce cabaret. J’ai travaillé fort pour toi, ma Cendrillon. Mais une fois lancée,
     ici à Paris, tu vas faire la carrière internationale que je t’ai toujours
     promise. Le Sanglier chantant , c’est pas rien !
    Yvette était estomaquée. Elle était enceinte ! Elle ne pouvait monter sur une
     scène !
    — Mais Paul-André, je ne pourrai pas chanter !
    — Mais oui, voyons. Regarde, j’ai apporté avec moi des partitions. On va
     choisir. Pas de Piaf certain, ici on touche pas à cela, mais tu pourrais
     interpréter du Alys Robi. Si j’avais le temps de te trouver un
     compositeur…
    — C’est impossible, Paul-André, je…
    — Ta robe de scène du spectacle va être parfaite !
    — Je suis enceinte…
    Tendrement, il lui avait caressé la joue.
    — Je sais, ma pauvre Cendrillon...
    Il avait ouvert son portefeuille et lui avait tendu un papier entourant une
     liasse d’argent.
    — J’ai demandé à une ancienne amie qui fait du théâtre et qui vit ici depuis
     quelques années de m’aider avec notre petit problème.
    Yvette savait maintenant où il avait passé la dernière semaine.
    — L’adresse est dessus, tu prendras un taxi. Tu garderas le même montant pour
     revenir et tu donneras le reste à la personne qui va te recevoir à cet
     endroit.
    — Je ne comprends pas, Paul-André. Où veux-tu que j’aille ?
    — Dans notre milieu, les filles sont habituées de passer par là. Il semble que
     ça fait pas plus mal qu’un petit serrement dans le ventre. Tu vas juste saigner
     un peu après. On va être débarrassés decette affaire. Et tu vas
     pouvoir faire ton numéro de chant.
    — Tu veux que je tue notre bébé ?
    — Chut... Ne parle pas comme ça. Si j’avais un autre choix, je serais si
     heureux.
    — Paul-André, comment peux-tu me demander une chose pareille !
    — Dans quelques années, quand j’aurai eu mon divorce, nous aurons d’autres
     enfants. Pour le moment, tout ce qui compte, c’est ce contrat.
    L’homme revint vers elle.
    — Viens, viens ici, contre moi.
    En sanglots, elle s’était jetée dans ses bras.
    — J’ai beaucoup de travail pour la réussite du spectacle. Je vais revenir te
     chercher dans trois jours.
    — Non, tu vas pas me laisser seule, encore !
    — Allons, Yvette...
    — Je le ferai pas, Paul-André, tu m’entends, je le ferai pas !
    En l’embrassant sauvagement, il l’avait fait taire. Il l’avait doucement
     repoussée en lui murmurant :
    — Je le sais, que tu ne me décevras pas...

    — Tu es déçu, je le sais...
    Pierre regarda Mélanie. Sa jeune épouse affichait un air triste.
    — Ben non, voyons..., répondit-il.
    — Ah, bon ! je pensais que tu voulais ce bébé, toi aussi.
    — Mais oui, Mélanie, mais... que je dise n’importe quoi...
    Mélanie se passa la main dans le visage.
    — Je m’excuse, Pierre. Je sais que c’est pas facile... J’étais ben certaine
     pourtant que ce mois-ci, j’étais enceinte.
    — On va s’essayer encore.
    — C’est peut-être l’air de la Gaspésie qui me fait pas !
     dit-elle en allant à la fenêtre regarder l’horizon.
    Les pêcheurs
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