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Les Médecins Maudits

Les Médecins Maudits

Titel: Les Médecins Maudits
Autoren: Christian Bernadac
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produisit une embolie gazeuse qui causa la mort.
    Question : Vous teniez-vous simplement à la fenêtre ou bien vous occupiez-vous d’un appareil pour Rascher ?
    Romberg : Je regardais l’électrocardiogramme ; quand l’expérience arriva à un point critique, où je l’aurais moi-même arrêtée, je le dis à Rascher.
    Question : Qu’auriez-vous pu faire pour sauver l’homme au moment où vous avez vu que l’expérience devenait dangereuse ?
    Romberg : Rascher avait dans la main les commandes d’altitude ; il aurait fallu tourner le volant pour augmenter la pression, ainsi l’altitude aurait été réduite dans la chambre.
    Question : Pourquoi ne pouviez-vous pas tourner cette roue et sauver la vie de l’homme ?
    Romberg : Dans ce cas j’aurais dû le frapper.
    Mais le docteur n’était pas boxeur…
     

2
la mort qui venait du froid
    Nini Diehls devenue Madame Rascher pouponnait près de son mari. Tous deux avaient bien mérité de la patrie. Et ce n’était qu’un début : leur fidèle servante Stakhanoviste venait d’annoncer une « livraison certaine » dans un délai de sept à huit mois. M me Rascher pouvait acheter de nouvelle aiguilles à tricoter ; elle serait mère une troisième fois, à quelques jours d’un demi-siècle d’existence. Quant au docteur, il mitonnait des « découvertes extraordinaires ». Torse bombé, cheveux gominés, des piles de dossiers sous les bras, il était l'« irremplaçable savant » du Reich. Sa fatuité lui fermait cependant de nombreuses portes ; ne déclarait-il pas au professeur de physiologie Rein :
    —  Vous vous croyez physiologiste mais votre expérience est limitée à des cobayes et à des souris. Je suis absolument le seul qui connaisse vraiment la physiologie humaine car, moi, j’expérimente sur des hommes et non sur des cobayes et des souris.
    Que craint-il ? Rien ! il est le protégé d’oncle Heinrich ! Plus que jamais.
    *
    * *
    Au lendemain de la Bataille d’Angleterre, les Services de Recherches de l’Armée de l’Air s’étaient penchés sur les statistiques des sauvetages en mer. Si les Britanniques abattaient sans rémission les avions, la Manche glacée tuait les pilotes du maréchal Gœring avec plus d’efficacité que les balles de mitrailleuse :
    —  Le problème du froid était très important pour nous xi . Des aviateurs tombés en mer mouraient de froid malgré leurs vêtements chauds ; des aviateurs repêchés vivants mouraient aussi malgré les médicaments, les couvertures chaudes et les autres soins. La Marine avait également l’expérience des naufragés ramenés vivants à terre et qui mouraient. C’était une énigme. Pourquoi ces gens ne récupéraient-ils pas ? Pourquoi leur état s’aggravait-il progressivement jusqu’à la mort ? Ils étaient tous sans connaissance et raides, mais encore vivants. Ils mouraient et nous n’y comprenions rien.
    Rascher à cette époque tuait les parachutistes-cobayes dans la chambre à basse pression de Dachau. Il collectionnait toutes les publications sur le froid mais débordé par ses « inestimables travaux secrets », il ne pouvait mener de front deux expériences différentes. Pour prendre date, il en avait parlé à Himmler. Ce dernier avait souri et cligné de l’œil :
    —  Les pêcheurs ont trouvé la seule bonne solution. Quand ils débarquent gelés, ils demandent à leur femme de se coucher sur eux…
    La fin de la phrase s’était perdue dans les rires et les tapes sur les cuisses.
    Le professeur Weltz, dans les semaines qui suivirent, publia un article qui passionna les services de Recherches de l’Armée de l’Air et le docteur Rascher.
    « Au cours de leurs études préliminaires sur des cobayes, ils (Weltz et ses assistants) découvrirent tout à fait par hasard que beaucoup de ces animaux qui avaient été refroidis à des températures habituellement fatales, pouvaient être réanimés avec une rapidité remarquable par un bain chaud à 40°. D’après les théories en honneur jusqu’alors, on s’attendait à ce que la littérature médicale appelait la syncope grave par réchauffement xii . Après cette surprenante découverte, ils essayèrent de plonger rapidement des animaux refroidis trois ou quatre fois dans de l’eau à 45 et même 60° ; le pourcentage des animaux ainsi sauvés s’accrut encore. »
    Weltz prit alors le chemin de Dachau… Il dépassa le camp de concentration et s’installa dans une
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