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Les Lavandières de Brocéliande

Les Lavandières de Brocéliande

Titel: Les Lavandières de Brocéliande
Autoren: Edouard Brasey
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endolorie.
    – Non ! Ça se passera pas comme ça ! La lavandière de sang veut sa vengeance ! hurla Dahud en parvenant à s’extirper de la fontaine où l’avait précipitée Loïc.
    Mue par une force prodigieuse, elle sauta sur le muret et se jeta à nouveau sur Gwenn pour l’achever. D’une bourrade, Loïc la repoussa brutalement. Déséquilibrée, Dahud bascula en arrière et tomba la tête la première sur le perron de Merlin.
    Son crâne se brisa comme une coquille de noix, répandant sur la pierre son offrande de sang. Ses yeux écarquillés contemplèrent le ciel vide. Sa bouche s’ouvrit sur un long cri muet puis se ferma à jamais. La lavandière de sang emportait ses secrets avec elle, allongée sur cette tombe qu’allait engloutir la forêt.
    Lentement, le sang s’écoula dans l’eau de la fontaine, noyant avec lui les anciennes malédictions.
    Barenton gronda une dernière fois, puis se tut.

Épilogue
    Mai 1945
    C’était un beau dimanche du mois de mai 1945.
    Comme chaque matin, la nouvelle baronne du château de Ker-Gaël, Gwenn Gaël de Montfort Brécilien, était venue saluer les lavandières de Brocéliande dont elle avait naguère fait partie. Elle n’était pas fière et ses titres de noblesse ne l’empêchaient pas de s’entretenir sur un pied d’égalité avec les notables ou les gens du peuple, et chacun lui savait gré de cette simplicité. Mais sa préférence allait aux lavandières qu’elle encourageait à ne jamais baisser les bras, quels que soient les heurts ou malheurs que la vie leur réserverait. Selon elle, ces filles préposées aux lessives et aux basses besognes avaient droit à autant de respect que les nobles ou les bourgeois et ne devaient jamais accepter de se soumettre à qui que ce soit. Elles étaient libres de refuser ce qui était contraire à leur honneur.
    L’année précédente, la Bretagne avait été libérée de la présence des Allemands. Le 3 août 1944, le colonel Chenel, chef de l’armée des F.F.I., nouvelle appellation des forces de la Résistance qui avaient fédéré les divers mouvements jusque-là épars, dont l’Armée secrète, avait repris le commandement du camp militaire du Point-Clos. Le major Alfred Ernst s’était enfui avec ses derniers soldats, abandonnantderrière lui sa maîtresse Rozenn qui fut jugée pour intelligence avec l’ennemi, tondue publiquement puis exécutée. Quant au père de celle-ci, maître Le Bihan, qui avait rejoint à temps la Résistance et qui ne fit rien pour adoucir le sort de sa fille, il eut le droit de parader dans les chars conduits par les F.F.I. qui sillonnèrent le village sous les vivats de la foule.
    Le commandant Maurice Guillaudot, alias Yodi, avait été déporté à Neuengamme, en Allemagne, après sa séquestration dans la prison de Rennes. Malgré les tortures répétées, il s’était toujours refusé à parler. Libéré en avril 1945, il revint en héros dans sa Bretagne natale et fut nommé la même année compagnon de la Libération par le général de Gaulle.
    Le maquis de Saint-Marcel avait pris une part active dans la libération du Morbihan, sous la direction d’Émile Guimard. Loïc Le Masle, alias Lancelot, s’était révélé l’un des maquisards les plus courageux et les plus héroïques. Il fut lui aussi décoré et considéré comme l’un des braves et des justes qui avaient contribué à la libération du pays.
    L’abbé Guilloux avait continué à prier pour le salut de la France et à rêver aux plans de sa future église inspirée par les légendes des chevaliers de la Table ronde. Ce même mois de mai 1945, il reçut l’autorisation de se rendre dans le camp de prisonniers allemands n o  1102, situé dans la Marne, pour y recruter un peintre et un menuisier qui l’aidèrent à bâtir son église du Graal.
    Après la mort brutale d’Hubert et de Philippe de Montfort, Françoise s’était retrouvée seule et désemparée, privée dans le même temps d’un mari et d’un fils. Lorsqu’elle avait hérité du château, ainsi que d’une grande partie des terres de Brocéliande, Gwenn avait tenu à garder auprès d’elle la pauvre femme désormais sans ressources et sans affection. Comme par le passé, Françoise demeurait toute la journéedans son salon préféré, à tirer l’aiguille sur sa tapisserie. De temps à autre, elle levait la tête et contemplait le lac de Viviane. Nul ne sait à quoi elle songeait dans ces moments-là.
    La mort de Dahud
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