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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable
Autoren: Christopher John Sansom
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Il me reste juste une visite à rendre avant cela. » Je lui serrai la main. « Partez à présent, Joseph, et emmenez Elizabeth et votre frère avec vous. »
    Il me serra la main avec vigueur. « Merci, messire, pour tout ce que vous avez fait. Je ne l’oublierai jamais. »
    Je me contentai de sourire. Les mots me manquaient.
    « Si on demande après vous, je dirai que je ne sais pas où vous êtes, dit-il.
    — C’est plus sage. Merci, Joseph. »
    Une cloche se mit à tinter dans le matin brumeux, appelant les membres du Collège à venir entendre la nouvelle. Une foule d’avocats à la mine étonnée apparut. Tous convergèrent vers la chapelle. Bealknap courait de l’un à l’autre, annonçant l’événement, le visage rosi par le plaisir de le connaître avant tout le monde. Je me levai et restai un moment immobile, rassemblant ce qui me restait de forces, puis je partis vers mon cabinet.
    Je laissai à Skelly de l’argent et des instructions pour distribuer mes affaires en cours ainsi que celles de Godfrey à des confrères en qui j’avais confiance. Je lui dis que je ne savais pas combien de temps je serais absent. Puis je me glissai dehors, pendant que tout le monde était rassemblé dans la chapelle, et regagnai rapidement la maison à pied. Joan était sortie faire une course et avait emmené Simon avec elle. La maison était silencieuse et vide dans le matin calme. J’étais heureux de ne pas avoir à leur expliquer ce dernier bouleversement.
    Je pris de l’argent dans la réserve de ma chambre et leur laissai le reste, avec un message. À l’écurie, la place de Sukey, la jument de Barak, était vide, mais je trouvai le paisible hongre, Genesis, tranquillement installé devant sa mangeoire. Je le flattai et lui murmurai : « Eh bien ! on dirait que nous allons rester ensemble bon gré mal gré. Lord Cromwell ne te reprendra pas. »
    Soudain, je me sentis submergé par les souvenirs. Je songeai à ma première rencontre avec le comte à un dîner de réformateurs, plus de quinze ans auparavant. Je me souvins de son zèle à défendre la Réforme, de la puissance de son intelligence, de l’énergie qu’il déployait en toute chose. Ensuite étaient venues les années du pouvoir, durant lesquelles il avait soutenu mon travail ; puis celles où j’avais été déçu par son absence de scrupules et depitié. Je me remémorai notre brouille, trois ans auparavant, et mon impuissance à le sauver à la fin. Peut-être qu’en fait, personne n’eût pu le sauver après l’échec cuisant du mariage avec Anne de Clèves mais, le front contre le flanc de mon cheval, je pleurai sur lui. Je pensai à ce grand homme enfermé dans la Tour où il avait envoyé tant de ses ennemis.
    « Je regrette, dis-je à voix haute. Je regrette. »
    Il fallait que je parte. Je devais reprendre mes esprits. Je m’essuyai le visage sur ma manche du mieux que je pus, puis sortis dans la Cité. Il me restait une chose à accomplir.
    Comme l’avait dit Joseph, tout le monde discutait du sort de Cromwell. En observant les visages, l’expression que je vis le plus fréquemment était la peur. Malgré sa brutalité, Cromwell avait assuré la stabilité du pays en des temps incertains. Et Londres était une ville réformatrice. J’entendis quelqu’un dire : « Le roi va épouser Catherine Howard ! » et me retournai prestement, mais ce n’était qu’un apprenti qui parlait à tort et à travers sans rien savoir. Je vis un spectacle qui me semblait présager davantage de l’avenir, celui d’une foule silencieuse regardant un ecclésiastique, un réformateur assurément, à qui une escouade de gardes royaux faisait descendre sans ménagement les marches d’une église. Je me détournai rapidement. Je compris que, ayant jadis été moi-même ardent partisan de la Réforme, j’avais toujours cru que je me trouvais en lieu sûr à Londres, même après que mon enthousiasme se fut évaporé. Brusquement, je me sentis vulnérable. Je compris ce que Guy devait éprouver la plupart du temps, dans cette Cité.
    Devant la Maison de verre, il y avait grand branle-bas. Un carrosse noir attelé de quatre chevaux attendait à la porte et les domestiques le remplissaient de malles et de coffres. Je descendis de cheval et demandai à l’un d’entre eux si lady Honor était chez elle.
    « Qui dois-je annoncer… Hé là, vous ne pouvez pas entrer comme cela ! » Mais j’étais déjà dans la cour, après avoir attaché Genesis à la
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