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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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royale, marchands privilégiés
suivant la cour, messagers publics, loueurs de chevaux, hôteliers,
cabaretiers, cordonniers, orfèvres, marchandes lingères,
apothicaires, épiciers, instituteurs, libraires, imprimeurs,
maîtres d’équitation, chirurgiens, médecins, accoucheurs ou
sages-femmes… »
    Un certain nombre de ces interdictions étaient
basées, contrairement à une disposition formelle de l’édit de
Nantes, sur la
clause de catholicité
 ; c’est ainsi,
par exemple, que la déclaration qui ferme aux filles ou femmes
protestantes l’accès de la communauté des lingères, invoque les
statuts de cette antique communauté, établie par saint Louis,
lesquels portent : « qu’aucune fille ou femme ne pourra
être reçue lingère, qu’elle ne fasse profession de la religion
catholique. »
    Le motif le plus fréquemment invoqué à l’appui
des interdictions prononcées, c’est le
crédit
que
l’exercice de la fonction ou de la profession peut donner pour
empêcher les conversions : ainsi un édit ordonne aux médecins
et
apothicaires
huguenots de cesser l’exercice de
leur
art
afin d’empêcher les mauvais effets que produit la facilité
que leur profession leur donne d’aller fréquemment dans toutes les
maisons, sous prétexte de visiter les malades, « et d’empêcher
par là les autres religionnaires de se convertir à la religion
catholique. »
    Un Purgon [2] huguenot,
obligé de cesser l’exercice de
son art
parce que, allant
dans toutes les maisons, armé de son
chassepot
, il
pourrait par là empêcher les Pourceaugnac ses coreligionnaires de
se convertir à la religion catholique, n’est-ce-pas un
comble ? À l’appui de l’interdiction faite aux médecins
huguenots de continuer l’exercice de leur profession, le roi
invoquait cet autre motif, qu’il jugeait nécessaire que ses sujets
huguenots pussent,
pour leur salut
, déclarer dans quelle
religion ils voulaient mourir, et qu’ils ne pouvaient faire cette
déclaration quand ils étaient soignés par un docteur de leur
religion, lequel n’avertissait pas le curé
en temps
utile
.
    C’est par une préoccupation
de salut
semblable, qu’en 1877 le directeur de l’Assistance publique à
Paris, avait prescrit d’apposer sur chaque lit d’hôpital un
écriteau indiquant dans quelle religion voulait mourir le malade
couché dans ce lit.
    Louis XIV pour poursuivre l’application de son
plan de restriction aux édits, ou plutôt de destruction des édits,
trouva la plus grande facilité dans l’esprit d’intolérance qui
animait tous les corps constitués du royaume, les parlements,
l’université, les communautés de marchands et d’ouvriers, etc.
    « Dès qu’on pouvait, dit Rulhières,
enfreindre l’édit de Nantes dans quelques cas particuliers, abattre
un temple, restreindre un exercice, ôter un emploi à un protestant,
on croyait avoir remporté une victoire sur l’hérésie. »
    À défaut d’une loi à invoquer, on recourait à
l’arbitraire administratif pour molester les protestants et les
priver de leurs droits. Un exemple entre mille :
    Un menuisier huguenot est admis à faire
chef-d’œuvre
, Colbert écrit à l’intendant Machault
d’ordonner au prévôt de Clermont d’apporter de
telles
difficultés
à la réception de ce menuisier, qu’il ne soit
point admis à la maîtrise.
    Plus tard, on n’eut même plus recours à ces
habiles subterfuges, pour interdire la maîtrise aux huguenots.
    On sait que, sous Louis XIV, le gouvernement
battait monnaie en vendant des anoblissements et des privilèges de
noblesse à
beaux
deniers comptants, anoblissements qu’on
annulait, de temps en temps, par un édit, de manière à faire payer
aux anoblis une deuxième et troisième fois les privilèges de
noblesse qu’on leur avait vendus. D’un autre côté, au cours des
guerres de religion, beaucoup de
vrais
nobles avaient vu
leurs titres perdus ou brûlés, en sorte qu’ils étaient dans
l’impossibilité de pouvoir établir
légalement
la réalité
et l’antiquité de leur noblesse. Dans de telles conditions une
vérification des titres était une menace pour tous, anoblis et
vrais nobles. Pour faire fléchir les gentilshommes huguenots
obstinés, on imagina de faire de la vérification des
titres
un moyen de conversion. À ce propos, Louvois écrit
à l’intendant Foucault : « Le roi a fort approuvé
l’expédiant
que vous proposez pour porter quelques
familles des gentilshommes du Bas
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