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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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cyniquement répondre
aux protestations des réformés, invoquant en faveur de leur liberté
religieuse la parole du roi engagée lors de la réunion de Metz à la
France :
le roi est maître de sa parole et de sa
volonté

    Louis XIV, en effet, donna bien des exemples
de sa prétention
malhonnête
de rester maître de sa parole
après l’avoir solennellement engagée.
    En 1665, la guerre ayant été déclarée entre
l’Angleterre et la Hollande, celle-ci invoquant les traités,
réclame le secours des Français ses alliés.
    Le comte d’Estrades écrit au roi :
« C’est à Votre Majesté de voir si ses intérêts se rencontrent
avec ceux de ces gens-ci, et s’il lui convient de les trouver
occupés d’une guerre comme celle d’Angleterre, lorsqu’elle aura des
prétentions à disputer dans leur voisinage. En ce cas, elle peut
trouver les moyens de laisser aller le cours des affaires et
paraître pourtant faire ce à quoi l’oblige la foi des derniers
traités
. » Sur quoi, le roi, digne élève des jésuites,
répond qu’avant de remplir ses obligations, il veut attendre que
les Hollandais aient éprouvé quelque revers, car ils ne sont pas
encore assez pressés pour entendre aux conditions qu’il entend
mettre à l’octroi de secours qu’il leur doit.
    Malgré les engagements formels qu’il avait
pris envers l’Espagne par le traité des Pyrénées, Louis XIV envoie
au secours du Portugal Schomberg avec un corps d’armée ; et
quand l’Espagne se plaint de cette infraction aux traités, il
oppose à ses réclamations cette assertion
mensongère
, que
Schomberg est un libre condottiere dont les actes ne peuvent
engager la responsabilité du roi de France.
    Ce qui est plus curieux en cette affaire,
c’est la justification de sa déloyale conduite qu’il présente ainsi
dans ses mémoires :
    « Les deux couronnes de France et
d’Espagne sont dans un état de rivalité et d’inimitié permanentes
que les traités peuvent couvrir mais ne sauraient jamais éteindre,
quelques clauses
spécieuses
qu’on y mette, d’union,
d’amitié, de se procurer respectivement toutes sortes
d’avantages.
    « Le véritable sens que chacun entend
fort bien de son côté, par l’expérience de tous les siècles, est
qu’on s’abstiendra
au dehors
, de toute sorte d’hostilités
et de toutes démonstrations
publiques
de mauvaise
volonté ; car, pour les infractions
secrètes qui
n’éclatent point
,
l’un les attend toujours de
l’autre
,
et
,
ne promet le contraire
qu’au
même sens qu’on le lui promet. »
    Quand, en 1666, Louis XIV affirmait à
l’électeur de Brandebourg qu’il avait maintenu et maintiendrait ses
sujets réformés dans tous les droits que leur avaient accordé les
édits, il disait, pour donner plus de poids à son assertion et à sa
promesse également
inexactes
 : « C’est la règle
que je me suis prescrite à moi-même, tant pour observer la justice,
que pour leur témoigner la satisfaction que j’ai de leur obéissance
et de leur zèle pour mon service depuis la dernière pacification de
1660. »
    Il promettait
le contraire
de ce
qu’il avait l’intention de faire, il en était déjà aux infractions
secrètes
qui n’éclatent point ; il en vint plus tard
aux démonstrations et aux hostilités publiques, à la révocation de
l’édit de Nantes, et enfin aux mesures de violence les plus
odieuses qu’on eût jamais vues.
    Pour nous, habitués aux rigides principes de
la morale du monde moderne, pour laquelle un chat est toujours un
chat et Rollot toujours un fripon, nous sommes révoltés de ces
cyniques et malhonnêtes pratiques de Louis XIV. Mais il ne faut pas
oublier que la morale de l’ancien régime était basée sur ce commode
axiome que
la fin justifie les moyens
, et l’on constate
une absence de sens moral, tout aussi surprenante, chez les membres
les plus distingués du clergé, de la magistrature et de
l’administration aux XVII e et XVIII e siècles.
    Ainsi, par exemple, ceux qui voulaient,
sans violence
, ramener le royaume à l’unité religieuse
tentèrent à maintes reprises d’amener la réunion des deux cultes,
par une transaction consentie par une sorte de congrès entre
catholiques et protestants.
    Eh bien, tous ces projets de réunion dont le
premier échoua presque au lendemain de la promulgation de l’édit de
Nantes, et dont le dernier fut imaginé par l’intendant d’Aguesseau,
à la veille de la révocation, tous ces
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