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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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faire abjurer son
parent de Villette, un huguenot qui, de capitaine de vaisseau, veut
passer chef d’escadre. Elle lui fait donner par Seignelai un
commandement en mer qui doit le tenir éloigné de France pendant
plusieurs années, et lui permettre de se convertir sans y mettre
une hâte
suspecte
. Elle écrit à de Villette :
« Le roi vous estime autant que vous pouvez le désirer, et
vous pourriez bien le servir si vous vouliez… Vous manquez à Dieu,
au roi, à moi et à vos enfants, par votre malheureuse
fermeté. » Ses lettres se succèdent, de plus en plus
pressantes ; elle finit par lui écrire : « Songez à
une affaire si importante … Convertissez-vous avec Dieu, et sur la
mer, où vous ne serez point soupçonné de vous être laissé persuader
par complaisance. Enfin, convertissez-vous
de quelque manière
que ce soit
. »
    M. de Villette finit par se rendre
et se convertit :
douze jours après
,
il était
nommé chef d’escadre
.
    Cependant Mme de Caylus, sa fille,
raconte ainsi dans ses mémoires, cette conversion
désintéressée
 : « Mon père s’embarqua sur la mer
et fit pendant cette campagne des réflexions qu’il n’avait pas
encore faites… Mais ne voulant tirer de sa conversion aucun mérite
pour sa fortune, à son retour, il fit abjuration entre les mains du
curé de… Le roi lui ayant fait l’honneur de lui parler avec sa
bonté ordinaire sur sa conversion, mon père répondit avec trop de
sécheresse que c’était la seule occasion de sa vie
où il
n’avait point eu pour objet de plaire à Sa Majesté
. »
    Il faut reconnaître que ce converti, s’il
n’était pas
désintéressé
, était du moins un habile
courtisan.
    La conversion de M. de Villette,
avec qui l’on avait cru devoir garder des ménagements
exceptionnels, à raison de sa parenté avec
Mme de Maintenon, n’eut lieu qu’à la fin de 1684, mais,
la tactique des menaces mêlées aux promesses était déjà employée
depuis longtemps auprès des officiers de la marine royale. En
effet, dès le 30 avril 1680, la circulaire suivante avait été
envoyée aux intendants des ports de mer.
    « Sa Majesté m’ordonne de vous dire
qu’elle a résolu d’ôter petit à petit du corps de la marine tous
ceux de la religion prétendue réformée… Vous pouvez faire entendre
tout doucement à ceux desdits officiers qui sont de la religion,
que Sa Majesté veut bien encore patienter quelque temps… ;
mais que, après cela, son intention n’est pas de se servir d’eux
s’ils continuent dans leur erreur. »
    Seignelai prévient l’officier de marine Gaffon
qu’on lui enlèvera son emploi s’il n’est pas converti dans trois
mois, et il retire à un lieutenant de vaisseau le commandement de
quatre pinasses, attendu que le roi, lorsqu’il lui avait donné ce
commandement, ignorait sa qualité de réformé. En envoyant à
l’intendant de Brest un brevet de lieutenant et une gratification
de 50 livres accordée au sieur Barban de Gonches, pour prix de sa
conversion, Seignelai ajoute : « Il est à propos que vous
fassiez bien valoir cette grâce aux autres officiers de la religion
pour que cela serve à les attirer ». Le 16 décembre 1685, le
secrétaire d’État finit par s’impatienter du retard apporté aux
conversions et écrit à ce même intendant : « Il faut que
vous me fassiez savoir ceux qui refuseraient de se convertir, que
vous leur déclariez qu’ils n’ont plus pour y penser que le reste de
l’année. » (15 jours !)
    Avant même, que le délai accordé aux officiers
de marine ne soit expiré, Dobré de Bobigny, un enseigne de
vaisseau, huguenot obstiné est enfermé le 21 décembre au château de
Brest, et l’intendant écrit « Je lui ai fait entendre qu’il ne
devait pas s’attendre de sortir de prison qu’il n’eût fait son
abjuration. » Il n’en sortit, en effet, qu’en 1693, et ce fut
pour se voir expulsé du royaume comme opiniâtre.
    Louvois, de son côté, avait fait pour l’armée
de terre ce que Seignelai faisait pour la marine. « Le roi,
écrivait-il, disposera des emplois des officiers qui n’auront pas
fait abjuration dans un mois. Les derniers ne jouiront pas de la
pension que Sa Majesté accorde aux nouveaux convertis. »
    Le passage suivant d’une des lettres de
l’intendant d’Argouges montre bien l’esprit de la politique suivie
en vertu du plan de conversion imaginé par Louis XIV :
    « J’ai fait ; dit-il, plusieurs
voyages à
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