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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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huguenots qu’ils n’étaient point persécutés pour cause de
religion, Marteilhe déclare qu’il consent à se rendre sur ce point,
mais demande si on consentirait à le faire sortir des galères de
suite, en attendant que les doutes qui lui restaient étant
éclaircis, il se décidât d’abjurer. – Non assurément, répond le
missionnaire, vous ne sortirez jamais des galères que vous n’ayez
fait votre abjuration dans toutes les formes. – Et si je fais cette
abjuration, puis-je espérer d’en sortir bientôt ? – Quinze
jours après, foi de prêtre ! – Pour lors, reprend Marteilhe,
vous vous êtes efforcé par tous vos raisonnements sophistiques de
nous prouver que nous n’étions pas persécutés pour cause de
religion, et moi, sans aucune philosophie
ni
rhétorique,
par deux simples et naïves demandes,
je
vous fais avouer
que
c’est la religion qui me tient en galères
, car vous
avez décidé que, si nous faisons abjuration dans les formes, nous
en sortirons d’abord ; et au contraire qu’il n’y aura jamais
de liberté pour nous si nous n’abjurons. » Les raisonnements
sophistiques de ce missionnaire valaient ceux des jésuites qui
déclinent pour l’Église la responsabilité des massacres
et
des supplices qu’elle a provoqués ou ordonnés.
    Pour en revenir à l’édit de Nantes ;
faisant de la tolérance une loi obligatoire pour les partis
religieux, on comprend que cet édit ne pouvait être accepté sans
protestation par l’Église catholique qui professe la doctrine de
l’intolérance.
    Dès 1635, l’assemblée, générale du clergé
formulait ainsi son blâme : « Entre toutes les calamités,
il n’en est pas de plus grande, ni qui ait dû tant avertir et faire
connaître l’ire de Dieu, que
cette liberté de conscience et
permission à un chacun de croire ce que bon lui semblerait sans
être inquiété ni recherché
. »
    Et l’assemblée générale de 1651 exprimait en
ces termes, son regret de ne pouvoir plus fermer violemment la
bouche à l’erreur : « Où sont les lois qui bannissent les
hérétiques du commerce des hommes ? Où sont les constitutions
des empereurs Valentinien et Théodose qui déclarent l’hérésie un
crime contre la république ? »
    Mais si l’Église est invariable dans sa
doctrine d’intolérance, elle se résigne quand il le faut à accepter
la tolérance, comme une nécessité de circonstance, et modifiant son
langage suivant les exigences du milieu dans lequel elle est
appelée à vivre, elle dit, comme la chauve-souris de la
fable :
    Tantôt : je suis oiseau
,
voyez mes
ailes !
    Tantôt : je suis souris
,
vivent les
rats !
    Voici, en effet, la règle de conduite
opportuniste
que l’évêque de Ségur trace à
l’Église :
    « L’Église, dit-il, peut se trouver face
à face, soit avec des pouvoirs ennemis, soit avec des pouvoirs
indifférents, soit avec des pouvoirs amis.
    – Elle dit aux premiers : Pourquoi me
frappez-vous ? J’ai le droit de vivre, de parler, de remplir
ma mission qui est
toute de bienfaisance
.
    – Elle dit aux seconds ; Celui qui n’est
point avec moi, est contre moi. Pourquoi traitez-vous le mensonge
comme la vérité, le mal comme le bien ?
    – Elle dit aux troisièmes : Aidez-moi à
faire disparaître
tout ce qui est contraire à la très
sainte volonté de Dieu. »
    Or, ce qui est contraire à cette très sainte
volonté, c’est, ainsi que le proclamait l’orateur du clergé en
1635,
la liberté de conscience
. C’est, ainsi que le disait
le pape en 1877, la tolérance, à côté de l’enseignement catholique,
d’autres enseignements, l’existence de temples protestants à côté
des temples catholiques.
    « Vous voyez ici la capitale du monde
catholique, disait-il aux pèlerins bretons qu’il recevait au
Vatican, où on a placé l’arche du nouveau-testament, mais elle est
entourée de beaucoup de Dragons ; d’un côté, l’on voit
l’enseignement protestant
,
incrédule
,
impie
,
de l’autre des temples protestants de toutes
les sectes
. Que faire pour renverser tous ces Dragons ?
Nous devons prier et espérer que l’arche sainte du nouveau
testament sera bientôt libre,
et débarrassée de toutes ces
idoles qui font honte
à la capitale du monde
catholique. »
    Quand l’Église n’a pas à sa disposition, des
princes assez chrétiens pour fermer la bouche à l’erreur et
détruire les fausses religions, elle déclare attendre d’une
intervention d’en
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