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Les hommes perdus

Les hommes perdus

Titel: Les hommes perdus
Autoren: Robert Margerit
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front nord-est, inattaquable directement, il présentait à lui seul, avec ses quatre cents pièces, plus d’artillerie que les armées prussienne et anglaise n’en possédaient à elles deux. L’approvisionnement en munitions était considérable.
    « Tout cela, messieurs, dit Bernard, me met à l’aise pour soutenir mon avis. » Il développa l’opinion qu’il avait exposée à Claude. Le maréchal Soult s’y rangea. « Il convient, déclara-t-il, de rappeler spontanément Louis XVIII et non de nous le laisser imposer par les coalisés. » La plupart des maréchaux et généraux présents opinèrent dans le même sens, mais les jeunes chefs de corps, en particulier Drouet d’Erlon, Lefebvre-Desnouettes, qui s’étaient déjà rebellés contre le roi avant le retour de Napoléon, protestèrent violemment. Le général Pajol s’emporta au point que Davout dut le menacer de le faire arrêter. Vandamme, d’abord très hostile aux Bourbons finit par se rendre aux raisons de ses pairs et de ses supérieurs. Vers trois heures du matin, ce dimanche 2 juillet, Davout leva la séance et se mit à rédiger le procès-verbal pour l’envoyer à la Commission de gouvernement. Bernard était resté. « Je mesure ton sacrifice », dit-il au maréchal prince d’Eckmühl, lorsque celui-ci eut achevé sa rédaction. « Comme généralissime, tu pouvais t’acquérir une grande gloire en battant les vainqueurs de Mont-Saint-Jean. Il serait facile de réussir ici ce que Napoléon n’a pas su faire là-bas, d’écraser successivement Blücher et Wellington deux fois séparés par la boucle de la Seine.
    — Parbleu ! répliqua Davout. Au lieu de quoi je vais me borner à escarmoucher. »
    Il transféra son quartier général sur la rive gauche, à la barrière d’Enfer. Bernard l’y suivit. Les opérations continuèrent toute la journée, se limitant à des combats d’avant-postes, fort meurtriers pour les Prussiens aux ponts de Sèvres et de Saint-Cloud, dont ils ne purent s’emparer. Claude passa la plus grande partie de ce temps à patrouiller dans Paris avec son bataillon. Le bruit d’un retour de Louis XVIII s’était répandu, provoquant une vive effervescence. Des royalistes imprudents avaient été tués boulevard Saint-Martin et à Montmartre. La garde nationale, en masse, rétablit l’ordre.
    Le lundi dès l’aube, la canonnade recommença, tout de suite très intense ; puis soudain, à sept heures moins le quart, elle se tut. Claude patrouillait comme la veille. Vers midi seulement, ses compagnons et lui apprirent, en regagnant le poste, place des Victoires, qu’il y avait suspension d’armes. Des commissaires se rendaient au château de Saint-Cloud pour négocier avec Blücher et Wellington.
    « En réalité, dit Bernard un peu plus tard, il ne s’agit pas de négociations mais d’une capitulation pure et simple. » Il se trouvait à Montrouge, avec Davout en situation d’infliger aux Prussiens une magistrale frottée, lorsque la Commission de gouvernement avait, à six heures du matin, envoyé au généralissime l’ordre de capituler. « Les soldats, les généraux étaient furieux. À juste titre ; car, encore quelques heures, et c’est Blücher qui aurait dû demander un armistice. La Commission de gouvernement a commis une faute énorme. Nous voilà loin de ce que je souhaitais, de ce que je recommandais. On ne rappelle pas le roi et on se livre aux étrangers. La pire de toutes les sottises ! »
    Claude ne vit pas, ce soir-là, Fouché retenu au palais Bourbon où les représentants examinaient, en séance secrète, la convention d’armistice rédigée à Saint-Cloud. Et le lendemain la garde nationale fut sur les dents. La Chambre avait ratifié la capitulation. L’armée, le peuple s’en indignaient. Des groupes se formaient autour d’orateurs de carrefours, qui criaient à la trahison, incitaient à la révolte. Des bandes exaspérées se mirent à parcourir les rues, tirant des coups de fusils, hurlant : « Vive l’Empereur ! » La ville prenait son aspect des jours d’émeute ; les boutiques, les fenêtres se fermaient. Cependant les gardes nationaux réussirent à empêcher tout désordre grave ; il leur fallut veiller toute la nuit. Dans la matinée du mercredi 5, les postes demeurèrent encore doublés. Enfin la discipline l’emporta, chez les soldats. Cet après-midi et le lendemain, ils évacuèrent Paris en grondant de colère, mais sans tumulte.
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