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Les hommes perdus

Les hommes perdus

Titel: Les hommes perdus
Autoren: Robert Margerit
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c’est nécessairement vouloir les Bourbons. Et mon propre fils n’ose pas la proposer.
    — Je serais hué par la Chambre entière, voilà tout », répondit Fernand.
    Le seul sentiment net dans la majorité, au Luxembourg comme au palais Bourbon et à la Commission de gouvernement, c’était une irritation, de plus en plus caractérisée, contre Napoléon. Les rapports militaires, les récits des officiers revenus siéger à la Chambre des députés ou à celle des pairs, une lettre de Ney à Fouché, insérée par le Moniteur, révélaient une accablante accumulation d’erreurs, d’inconcevables négligences, de fautes, dans cette lamentable campagne de quatre jours. Non seulement l’empereur n’avait pas, le 16, sous Fleurus – par suite de retards et de mouvements mal réglés –, remporté une victoire décisive, mais en outre pas su, le 17 au matin, profiter de son avantage momentané pour écraser entre lui et Ney l’armée anglo-batave restée aux Quatre-Bras jusqu’à dix heures, tandis qu’il allait à Ligny et à Saint-Amand visiter le champ de bataille. Se retirant avec trois heures d’avance, elle avait pu, au soir, lui couper la route de Bruxelles en prenant de fortes positions sur les pentes et le plateau de Mont-Saint-Jean, devant lequel il était arrivé trop tard pour tenter un assaut. À l’aube du dimanche 18, il en demeurait incapable, car ses troupes, laissées depuis la veille sans ordres de stationnement, s’éparpillaient de la ligne du front à plusieurs lieues en arrière. Pendant qu’elles se concentraient, Wellington renforçait ses défenses, transformait en solides redoutes les fermes de Papelote, de la Haie-Sainte, le château d’Hougoumont. À midi seulement, Napoléon s’était trouvé en mesure de commencer la bataille par une attaque de diversion contre Hougoumont, où toute l’aile gauche avait été inutilement engagée. À deux heures enfin, il ordonnait l’offensive en masse sur le centre anglais. À ce moment, on distinguait déjà, vers la droite, un corps d’armée prussien prêt à déboucher, on apprenait que Blücher, retraitant parallèlement à la route de Bruxelles et non vers Namur, n’avait jamais été à plus de trois lieues et demie de Wellington, et que depuis l’aube il marchait avec toutes ses forces pour le rejoindre. Au lieu de révoquer ses ordres et d’attendre une chance meilleure, l’empereur avait cru pouvoir, en plaçant deux divisions en potence sur sa droite, contenir là les Prussiens le temps d’enfoncer les Anglo-Bataves. Mais, tandis que son propre centre et sa gauche s’usaient dans des assauts désordonnés contre la Haie-Sainte, Hougoumont et le rebord du plateau, les Prussiens recevaient sans cesse des renforts, car Grouchy, trop éloigné dans l’est, n’avait réussi à fixer qu’un seul de leurs quatre corps d’armée. À huit heures du soir, la droite était repoussée sur le centre ; en revanche, la déroute s’esquissait chez les Anglais. Mais alors un autre corps prussien se présentait juste à point pour soutenir Wellington. Celui-ci, appelant ses ultimes réserves, passait alors à l’offensive, descendait du plateau pendant que ses alliés déboulaient de l’est. Aux dires des témoins, ç’avait été un chaos effroyable. Les bataillons de l’aile droite, luttant depuis des heures en héros, ne comprenaient pas pourquoi de nouveaux ennemis débouchaient sur eux par là où l’empereur venait de faire annoncer l’arrivée de Grouchy. Ils criaient : « Trahison ! Sauve qui peut ! » et, entraînant tout dans leur panique, se ruaient vers la route de Bruxelles à Charleroi : seule voie de salut, aucune autre ligne de retraite n’étant prévue en cas d’insuccès. Encore une très grave faute.
    Comment Napoléon avait-il pu tomber à un tel degré d’incapacité, d’aveuglement, de confusion mentale ? En tout cas, il ne lui restait rien de son génie militaire. Se laisser anéantir par deux généraux très médiocres ! On se désintéressait totalement de lui, on voulait oublier cet homme des désastres, n’en plus jamais entendre parler. C’est Davout en personne qui l’avait invité, assez rudement, à s’éloigner de Paris. À présent, la Commission de gouvernement le pressait de quitter la Malmaison pour Rochefort. Deux frégates l’y attendaient ; elles le conduiraient en Amérique ou ailleurs, à son choix.
    En dépit de son abdication, les hostilités continuaient.
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