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Les Dieux S'amusent

Les Dieux S'amusent

Titel: Les Dieux S'amusent
Autoren: Denis Lindon
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force à rebrousser chemin et l’on voit, pour la première et
dernière fois de l’histoire, le soleil se déplacer d’ouest en est. Les dieux, affolés,
pressent Jupiter d’intervenir pour faire cesser ce scandale. Mais le maître de
l’Olympe, jugeant que les questions solaires n’entrent pas dans ses
attributions, hésite encore à punir son petit-fils. Phaéton, cependant, décide
de frapper un grand coup : pour que ses petits camarades puissent le voir
de plus près aux commandes de son bolide, il force les chevaux à se rapprocher
de la terre et entreprend un vol en rase-mottes. Sur son passage, le soleil
brûle les récoltes et les maisons, fait fondre les glaces des banquises, dessèche
les rivières et noircit, pour toujours, la peau des habitants de l’Afrique.
    Cette fois, c’en est trop. Jupiter foudroie l’imprudent
Phaéton, cependant qu’Apollon reprend précipitamment les commandes du char en
folie.

Midas
    Attristé par la disparition tragique de son fils, Apollon
chercha une consolation dans la musique. Se consacrant avec passion à la
pratique de la lyre, un instrument analogue à la guitare et très prisé chez les
Grecs, il ne tarda pas à en devenir un remarquable virtuose. La modestie n’étant
pas son fort, il se considéra dès lors, non sans raison, comme le meilleur
joueur de lyre de tous les pays et de tous les temps.
    Une occasion s’offre bientôt de faire admirer son talent :
un concours international de musique est organisé, dans une ville de Grèce, par
le roi de cette ville, un certain Midas. Ne doutant pas un instant d’en être le
vainqueur, Apollon s’y présente sous un déguisement et sous un faux nom. Lorsque
arrive son tour, il joue sur sa lyre une sonate de sa composition avec un tel
talent que l’auditoire, subjugué, l’acclame. Mais c’était le roi Midas qui
présidait le concours et qui décernait les prix. Or il avait, parmi les
concurrents, un protégé nommé Marsyas, à qui il avait promis d’avance de donner
le premier prix. Il faut dire que ce Marsyas n’était pas, lui non plus, dépourvu
de talent musical, et qu’en outre il était le seul à posséder un instrument
tout à fait nouveau à l’époque, une flûte en or qu’il avait un jour
mystérieusement trouvée dans un champ. Certes, il n’était pas un virtuose de la
force d’Apollon, mais il avait l’avantage d’être ami intime du roi Midas, juge-arbitre
du concours. Contre toute justice, Midas déclare donc qu’Apollon (qu’il n’a
évidemment pas reconnu) a fait quelques fausses notes, et que le premier prix
revient à Marsyas. Apollon se retire ulcéré et bien décidé à se venger de Midas.
     

     
    Une idée amusante lui vient : pour punir Midas d’avoir,
en matière musicale, une si mauvaise oreille, il lui fait pousser sur la tête
une paire d’oreilles d’âne. Pour cacher son infortune, Midas décide alors, comme
certains acteurs contemporains désireux de dissimuler leur calvitie, de
toujours porter un chapeau. Ainsi, personne ne verra jamais ses oreilles d’âne.
Personne ? Si, il y a quelqu’un à qui il ne peut les cacher : son
coiffeur. Il fait donc jurer à celui-ci, sous la menace des pires châtiments, de
ne pas trahir son secret et de n’en parler à personne, absolument personne. Le
coiffeur promet et, pendant quelque temps, tient son serment. Mais ce secret l’étouffait,
il fallait à tout prix qu’il le confiât à quelqu’un ou du moins à quelque chose
qui ne le répéterait pas. Faisant un trou dans la terre, le coiffeur se penche
et murmure, au fond du trou :
    — Midas, le roi Midas, a des oreilles d’âne.
    Puis il rebouche précipitamment le trou et rentre chez lui, soulagé
et persuadé que le secret est bien enterré.
    Quelques semaines plus tard, des roseaux poussent sur le
trou et, agités par le vent, font entendre à tous les passants le secret que le
coiffeur avait cru ensevelir à tout jamais. Seulement, comme les roseaux ont un
léger accent, intermédiaire entre celui des Auvergnats et celui des
Martiniquais, cela donnait : « Midache, le oi Midache, a des jœilles
d’âne. » Il n’empêche que tout le monde comprenait fort bien.
    Honteux et confus, Midas, qui, dans l’intervalle, avait
appris la cause de son malheur et l’identité de son persécuteur, fait
intervenir toutes ses relations humaines et divines pour obtenir le pardon d’Apollon.
Celui-ci accepte de lui restituer ses oreilles d’origine et même,
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