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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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d’un espace ouvert, carrefour formé par trois rues. À l’endroit où les portiques d’un temple élégant et léger jetaient une ombre propice, se tenait une jeune fille ; elle avait une corbeille de fleurs sur le bras droit et dans la main gauche un petit instrument de musique à trois cordes, aux sons duquel elle joignait les modulations d’un air étrange et à moitié barbare ; à chaque temps d’arrêt de la musique, elle agitait gracieusement sa corbeille ; elle invitait les assistants à acheter ses fleurs : et plus d’un sesterce tombait dans la corbeille, soit pour rendre hommage à la musique, soit par compassion pour la chanteuse car elle était aveugle.
    « C’est ma pauvre Thessalienne, dit Glaucus, en s’arrêtant. Je ne l’ai pas vue depuis mon retour à Pompéi. Silence ! sa voix est douce : écoutons-la. »
    CHANSON DE LA BOUQUETIÈRE AVEUGLE
    I
    Achetez mes fleurs je vous prie !
    La pauvre aveugle vient de loin,
    Mes fleurs la famille chérie
    Dont la terre prend si grand soin,
    Mes fleurs belles comme leur mère…
    Je les ai prises sur son sein,
    Car elles y dormaient naguère,
    S’y pressant comme un jeune essaim.
    Son haleine qu’on y respire
    Les enivrait d’aimables sons,
    Sa douce haleine qui soupire
    Ainsi que l’oiseau des chansons !…
    Son pur baiser sur leur lèvre demeure,
    Et sur leur joue on retrouve ses pleurs.
    Elle pleure oui la tendre mère pleure,
    Pour vous nourrir de sa rosée ô fleurs !
    Ces larmes-là ne sont jamais amères…
    En vous voyant embellir chaque jour,
    Elle pleure comme les mères
    Pleurent d’orgueil pleurent d’amour.
    II
    Il est un monde plein de joie,
    Un monde où brillent mille appas ;
    Mais toujours dans sa sombre voie
    La pauvre enfant traîne ses pas.
    Déjà comme un pâle fantôme
    Je me crois chez l’infernal Dieu,
    J’erre dans son triste royaume…
    Mes fleurs me raniment un peu.
    Je veux loin de l’ombre éternelle
    Aller où tout rit où tout luit,
    J’ouvre les yeux j’étends les bras j’appelle ;
    Autour de moi tout est silence et nuit.
    Achetez mes fleurs douces choses,
    Entendez-les crier merci !
    Elles ont leur langage aussi :
    Nous sommes les lis et les roses,
    Fleurs du plaisir non du souci.
    Fille aveugle ta main nous cueille,
    Pour nous mettre en ton noir séjour.
    Ton souffle glacé nous effeuille :
    Il nous faut la chaleur du jour.
    Passants ne soyez pas rebelles ;
    Délivrez-nous vous notre espoir :
    Nous qui sommes fraîches et belles,
    Nous voulons des yeux pour nous voir.
    Achetez…
    « Je veux prendre ce bouquet de violettes, douce Nydia, s’écria Glaucus, en fendant la foule et en jetant dans la corbeille une poignée de petites pièces. Ta voix est plus charmante que jamais. »
    La jeune fille aveugle tressaillit aux accents de l’Athénien ; elle se rendit presque aussitôt maîtresse de ce premier mouvement ; mais une vive rougeur colora son cou ses joues et ses tempes.
    « Vous êtes donc de retour ? dit-elle à voix basse. Et elle se répéta à elle-même : Glaucus est de retour !
    – Oui mon enfant ; je ne suis revenu à Pompéi que depuis quelques jours. Mon jardin réclame tes soins comme d’habitude ; j’espère que tu le visiteras demain. Souviens-toi qu’aucune guirlande ne sera tressée chez moi, si ce n’est de la main de la jolie Nydia ! »
    Nydia sourit joyeusement mais ne répondit pas ; et Glaucus mettant sur son sein les violettes qu’il avait choisies s’éloigna de la foule avec autant de gaieté que d’insouciance.
    « Ainsi cette enfant est une de vos clientes ? dit Claudius.
    – Oui. Ne chante-t-elle pas agréablement ? Elle m’intéresse, la pauvre esclave. D’ailleurs elle est du pays de la montagne de dieux ; l’Olympe a projeté son ombre sur son berceau, elle est Thessalienne.
    – Le pays des magiciennes.
    – C’est vrai. Mais selon moi toute femme est magicienne ; et par Vénus ! l’air à Pompéi semble lui-même un philtre d’amour tant chaque figure qui n’a pas de barbe a de charme pour mes yeux.
    – Eh ! justement j’aperçois une des belles de Pompéi, la fille du vieux Diomède, la riche Julia, s’écria Claudius pendant qu’une jeune dame, la figure couverte d’un voile et accompagnée de deux suivantes, s’approchait d’eux en se dirigeant vers les bains. Belle Julia, nous te saluons, dit Claudius. »
    Julia leva en partie son voile de façon à montrer avec coquetterie un beau profil romain, un
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