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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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aux siennes en restant ainsi l’un près de l’autre ; ensemble nous touchâmes les genoux de la déesse, ensemble nous déposâmes nos guirlandes d’olivier sur l’autel. J’éprouvai une étrange émotion de tendresse sacrée et de confraternité. Tous deux étrangers, nés sur une terre lointaine et déchue, nous étions seuls dans ce temple dédié à une divinité de notre pays : n’était-il pas naturel que mon cœur s’élançât vers ma compatriote car je pouvais l’appeler ainsi. Il me parut que je la connaissais depuis longtemps ; on eût dit que ces simples rites, comme par miracle, serraient entre nous les liens de la sympathie et du temps. Nous quittâmes le temple en silence et j’allais lui demander où elle demeurait et s’il me serait permis de la visiter, lorsqu’un jeune homme dont les traits avaient quelque ressemblance avec les siens et qui se tenait sur les degrés du temple vint la prendre par la main. Elle se retourna et m’adressa un adieu. La foule nous sépara. Je ne la revis plus. En revenant chez moi, je trouvai des lettres qui m’obligeaient à partir pour Athènes, où des parents m’intentaient un procès au sujet de mon héritage. Le procès gagné, je m’empressai de retourner à Néapolis ; je fis des recherches dans toute la ville sans pouvoir découvrir aucune trace de ma compatriote ; et dans l’espérance de perdre, au milieu d’une vie joyeuse, le souvenir de cette brillante apparition, je me plongeai avidement dans les voluptés de Pompéi. Telle est mon histoire. Je n’aime pas ; mais je me souviens et je regrette. »
    Claudius se disposait à répondre, lorsque des pas lents et graves se firent entendre et au bruit des cailloux remués par la grève chacun des interlocuteurs se retourna et reconnut le nouvel arrivant.
    C’était un homme, qui avait à peine atteint sa quarantième année, de haute taille, peu chargé d’embonpoint mais dont les membres étaient nerveux et saillants. Son teint sombre et basané révélait son origine orientale et ses traits possédaient quelque chose de grec dans leurs contours (surtout le menton, les lèvres, le front) à l’exception du nez un peu prononcé et aquilin ; les os de son visage durs et fortement accusés, le privaient de ces gracieuses et harmonieuses lignes, qui sur les physionomies grecques, conservent les apparences de la jeunesse jusque dans l’âge mûr ; ses yeux larges et noirs comme la plus sombre nuit brillaient d’un éclat qui n’avait rien de changeant ni d’incertain. Un calme profond, rêveur et à moitié mélancolique semblait s’être fixé dans leur regard imposant et majestueux. Sa démarche et son maintien avaient surtout de la gravité et de la mesure ; et quelque chose d’étranger dans la mode et dans les couleurs foncées de ses longs vêtements ajoutait à ce qu’il y avait de frappant dans son air plein de tranquillité et dans sa vigoureuse organisation. Chacun des jeunes gens, en saluant le nouveau venu, fit machinalement et en se cachant de lui avec soin, un léger geste ou signe avec les doigts ; car Arbacès l’Égyptien était censé avoir le don fatal du mauvais œil.
    « Il faut que le point de vue soit magnifique, dit Arbacès avec un froid mais courtois sourire, pour attirer le gai Claudius et Glaucus si admiré, loin des rues populaires de la cité.
    – La nature manque-t-elle donc de puissants attraits ? demanda le Grec.
    – Pour les gens dissipés, oui.
    – Austère réponse mais peu sage. Le plaisir aime les contrastes. C’est en sortant de la dissipation que la solitude nous plaît et de la solitude il est doux de s’élancer vers la dissipation.
    – Ainsi pensent les jeunes philosophes de l’Académie, répliqua l’Égyptien, ils confondent la lassitude avec la méditation et s’imaginent, parce qu’ils sont fatigués des autres, connaître le charme des heures solitaires. Mais ce n’est pas dans ces cœurs blasés que la nature peut éveiller l’enthousiasme qui seul dévoile les mystères de son inexprimable beauté ! Elle vous demande non l’épuisement de la passion mais cette ferveur unique pour laquelle vous ne cherchez en l’adorant qu’un temps de repos. Ô jeune Athénien ! lorsque la lune se révélait dans une vision lumineuse à Endymion, ce n’était pas après un jour passé dans les fiévreuses agitations des demeures humaines mais sur les hautes montagnes et dans les vallons solitaires consacrés à la
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