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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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protégeant ses yeux contre les ardeurs du jour, calculait les gains de la semaine ; et le Grec, appuyé sur sa main et sans se défendre du soleil, divinité tutélaire de sa patrie dont la pure lumière inspiratrice de la poésie de la joie et de l’amour s’infiltrait dans ses veines, regardait avec ravissement la vaste étendue des eaux en enviant peut-être chaque souffle qui prenait son vol vers les rivages de la Grèce.
    « Dites-moi, Claudius, s’écria le Grec après un long silence, avez-vous jamais été amoureux ?
    – Oui, très souvent.
    – Celui qui a souvent aimé, répondit le Grec, n’a jamais aimé : il n’y a qu’un Éros quoiqu’il y ait beaucoup de contrefaçons de ce dieu.
    – Les contrefaçons ont bien après tout leur mérite de petits dieux, répliqua Claudius.
    – Je l’accorde, répondit le Grec, j’adore jusqu’à l’ombre de l’Amour ; mais lui je l’adore bien davantage.
    – Êtes-vous donc sérieusement et véritablement amoureux ? Éprouvez-vous ce sentiment que les poètes décrivent, un sentiment qui vous fait négliger vos repas, fuir le théâtre et écrire des élégies ? Je ne l’aurais jamais soupçonné ! Vous savez bien dissimuler.
    – Je ne suis pas si avancé que cela, reprit Glaucus en souriant ; je dis plutôt avec Tibulle :
    Celui qui prend l’amour pour guide et pour appui,
    Marche tranquille et sûr. Les dieux veillent sur lui.
    En réalité, je ne suis pas amoureux, mais je le serais volontiers, si j’avais l’occasion de voir l’objet que je désire. Éros voudrait bien allumer sa torche ; mais les prêtres ne lui donnent pas d’huile.
    – L’objet est aisé à deviner. N’est-ce pas la fille de Diomède ? Elle vous adore et n’affecte pas de le cacher. Par Hercule, je le dis de nouveau, elle est à la fois jeune et riche ; les jambages des portes de son époux seront attachés avec des cordons d’or.
    – Non, je ne veux pas me vendre. La fille de Diomède est belle, je l’avoue ; et dans un temps, si elle n’avait pas été la petite-fille d’un affranchi, j’aurais pu… mais non, elle porte toute sa beauté sur son visage ; ses manières n’ont rien d’une vierge et son esprit n’est cultivé que dans la science du plaisir.
    – Vous êtes un ingrat. Dites-moi alors, quelle est la vierge fortunée.
    – Écoutez donc, Claudius. Il y a quelques mois je séjournais à Néapolis {5} , une ville selon mon cœur, car elle conserve encore les mœurs et l’empreinte de son origine grecque et elle mérite le nom de Parthénope par l’air délicieux qu’on y respire et par ses magnifiques rivages. Un jour, j’entrai dans le temple de Minerve pour offrir mes vœux à la déesse, moins pour moi-même que pour la cité à laquelle Pallas ne sourit plus. Le temple était vide et désert. Les souvenirs d’Athènes revenaient en foule et avec douceur à ma mémoire ; m’imaginant être seul encore dans le temple et absorbé par mon zèle religieux, je laissai échapper de mon cœur les sentiments qui le remplissaient, et des larmes s’échappèrent de mes yeux en même temps que des paroles de mes lèvres. Un profond soupir interrompit ma prière ; je me retournai aussitôt et je vis derrière moi une femme. Elle avait relevé son voile et elle priait aussi. Nos yeux se rencontrèrent et il me sembla qu’un regard céleste s’élançait de ces astres brillants et pénétrait jusqu’au fond de mon cœur. Jamais, mon cher Claudius, je n’avais vu une figure de forme plus exquise ; une certaine mélancolie adoucissait et ennoblissait en même temps l’expression de ses traits. Ce je ne sais quoi, qu’on ne peut décrire et qui vient de l’âme et que nos sculpteurs ont réservé pour idéaliser Psyché, donnait à sa beauté un noble et divin attrait ; des pleurs tombaient de ses yeux. Je devinai sur-le-champ qu’elle était comme moi d’origine athénienne et que les vœux que j’avais faits pour Athènes avaient trouvé un écho dans son cœur. Je lui parlai d’une voix émue : « N’êtes-vous pas aussi athénienne, lui dis-je, ô vierge charmante ? » Aux accents de ma voix elle rougit et ramena son voile sur son visage : « Les cendres de mes aïeux dit-elle reposent sur les bords de l’Ilyssus ; je suis née à Néapolis mais ma famille est d’Athènes et mon âme est tout athénienne. – Prions donc ensemble » repris-je. Et comme le prêtre survint en ce moment, nous mêlâmes nos prières
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