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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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chasse.
    – Belle comparaison ! s’écria Glaucus, mais application injuste. Épuisement, ce mot est fait pour la vieillesse, non pour la jeunesse. Quant à moi je n’ai jamais connu un moment de satiété. »
    L’Égyptien sourit encore mais son sourire fut sec et glacé et Claudius lui-même, qui ne se laissait pas entraîner par son imagination, ressentit une impression désagréable. L’Égyptien ne répondit pas néanmoins à l’exclamation passionnée de Glaucus ; mais après un moment de silence, il dit d’une voix douce et mélancolique :
    « Après tout, vous faites bien de profiter du temps pendant qu’il vous sourit ; la rose se flétrit vite, le parfum s’évapore bientôt ; et d’ailleurs, ô Glaucus ! à nous étrangers dans cette contrée et loin des cendres de nos pères, que nous reste-t-il si ce n’est le plaisir ou le regret ? L’un le plaisir pour vous ; l’autre le regret pour moi ! »
    Les yeux brillants du Grec se remplirent soudain de larmes.
    « Ah ! ne parlez pas ainsi, Arbacès, s’écria-t-il, ne parlez pas de vos ancêtres ; oublions qu’il y a eu d’autres villes libres que Rome. Et la gloire !… Oh ! nous voudrions vraiment évoquer son fantôme des champs de Marathon et des Thermopyles.
    – Ton cœur n’est pas d’accord avec tes paroles, dit l’Égyptien ; et dans la gaieté de la nuit que tu vas passer, tu te souviendras plus de Leaena {6} que de Laïs. Vale ! »
    Il dit et, s’enveloppant dans sa robe, s’éloigna lentement.
    « Je respire plus à mon aise, reprit Claudius. À l’imitation des Égyptiens, nous introduisons quelquefois un squelette dans nos festins. En vérité, la présence d’un tel personnage, semblable à celle d’un spectre, suffirait pour faire aigrir la plus belle grappe du raisin de Falerne.
    – Homme étrange ! murmura Glaucus d’un air pensif ; quoiqu’il semble mort au plaisir et froid pour tous les objets de ce monde, si ce n’est pas un bruit calomnieux, sa maison et son cœur démentent ses discours.
    – Ah ! Oui, l’on dit que sa sombre maison est vouée à d’autres orgies que celles d’Osiris. Il est riche aussi, assure-t-on. Ne pourrions-nous l’entraîner dans nos fêtes et lui faire connaître les charmes du dé, le plaisir des plaisirs ? Fièvre d’espérance et de crainte, passion qui ne lasse jamais et dont on ne peut exprimer les délices ! que tu es beau et terrible, ô Jeu !
    – Il est inspiré vraiment inspiré, s’écria Glaucus en riant. L’oracle fait de Claudius un poète. Il n’y a plus de miracle possible après celui-là ! »

Chapitre 3
  La parenté de Glaucus. – Description des maisons de Pompéi. – Une fête classique
     
    Le ciel avait prodigué à Glaucus tous ses biens, un seul excepté : il lui avait donné la beauté, la santé, la richesse, le talent, une illustre origine, un cœur de feu, une âme poétique ; mais il lui avait refusé l’héritage de la liberté. Il était né à Athènes, sujet de Rome. De bonne heure, maître d’une fortune considérable, Glaucus avait cédé au goût des voyages si naturel à la jeunesse et s’était enivré à la coupe des plaisirs, au milieu du luxe et des pompes de la cour impériale.
    C’était un Alcibiade sans ambition. Il était devenu ce que devient aisément un homme doué d’imagination, ayant de la fortune et des talents, lorsqu’il est privé de l’inspiration de la gloire. Sa maison était à Rome, le rendez-vous des voluptueux mais aussi de tous les amis des arts ; et les sculpteurs de la Grèce prenaient plaisir à montrer leur science en décorant les portiques et l’exedra d’un Athénien. Sa demeure à Pompéi… Hélas ! les couleurs en sont fanées maintenant, les murailles ont perdu leurs peintures ; sa beauté, la grâce et le fini de ses ornements, tout cela n’est plus. Cependant, lorsqu’elle reparut au jour, quels éloges et quelle admiration excitèrent ses décorations délicates et brillantes, ses tableaux, ses mosaïques ! Passionné pour la poésie et pour le drame, qui rappelaient à Glaucus le génie et l’héroïsme de sa race, il avait fait orner sa maison des principales scènes d’Eschyle et d’Homère. Les antiquaires, qui transforment le goût en métier, ont fait un auteur du Mécène ; et quoique leur erreur ait été reconnue depuis, leur langage a continué de donner, comme on l’a fait tout d’abord, à la maison exhumée de l’Athénien Glaucus
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