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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale
Autoren: Sinclair McKay
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étaient déjà entrés en Tchécoslovaquie, elle opta plutôt pour un établissement germanophone. « J’ai en fait découvert le disciple de Freud, Carl Jung. »
    On imagine toujours le travail à Bletchley Park comme particulièrement exigeant sur le plan intellectuel pour les jeunes pensionnaires. Et pourtant, comme nous l’avons vu, en dehors des éclairs de génie, la mission de déchiffrement des communications était plus une question de patience et de tâtonnement. En outre, cette génération avait la particularité de ne pas être uniquement focalisée sur sa discipline. Ce n’était pas parce qu’ils avaient des aptitudes dans leur domaine (mathématiques, linguistique, lettres) qu’ils ne s’intéressaient pas à autre chose.
    « On entend aussi que nous étions plus ou moins prisonniers à Bletchley, poursuit Mavis Batey. C’est absolument faux. Nous pouvions faire ce que nous voulions en ville et je me suis d’ailleurs inscrite au cours de psychologie hors faculté de Cambridge. Je le suivais avec les habitants du coin. »
    Elle se souvient également de ceci : « Lord Briggs me disait toujours, ainsi qu’à quelques autres : “C’était notre université, Mavis.” Ces cinq années sont extrêmement importantes à cet âge-là […] nous avons tous été mis dans le bain et j’en ai été très reconnaissante. »
    Mme Batey reconnaît que Bletchley Park lui a permis de prendre confiance en elle.
     
    J’avais toujours voulu être historienne. Et je le suis devenue. Je me suis lancée dans une branche bien spécifique, l’histoire des paysages, créée par W. G. Hoskins. C’était mon gourou.
    Au fil du temps, je me suis retrouvée dans des comités du patrimoine, à travailler sur le patrimoine naturel, au sein du National Trust 58 . Comme il s’agissait d’un thème nouveau, je n’avais pas à me soucier de ce qu’avait dit le professeur X ou le professeur Y. J’étais ravie de m’essayer à cette discipline, puis de lire ce que les autres disaient de mes idées. Et c’est là que j’ai pris conscience de l’héritage de Bletchley. Vous faites ou non des choses, mais si vous n’agissez pas, personne ne le fera à votre place.
     
    Sheila Lawn fut elle aussi convoquée à Bletchley avant d’avoir pu décrocher son diplôme. Mais l’atmosphère du Park lui convenait parfaitement : « Rencontrer des gens et leur parler était très stimulant. J’y avais des amis dans mes âges. J’ai l’impression que j’étais la seule à avoir laissé la maîtrise en plan car ils semblaient tous l’avoir décrochée. Ils venaient de différentes universités et régions du pays et présentaient divers domaines de prédilection et expériences. C’était une atmosphère universitaire, avec toutes sortes de disciplines réunies. »
    Sarah Baring avait elle été exclusivement prise en charge par des institutrices intervenant à domicile. Bletchley Park lui paraissait néanmoins ressembler à un campus :
     
    Bien entendu, les cryptographes étaient tous de brillants mathématiciens. Ils étaient vraiment à part. Dingues pour certains, mais très très mignons.
    Je ne suis jamais allée à l’université, mais je me retrouvais là au cœur des choses et les gens avec qui je travaillais étaient vraiment merveilleux. Ce fut génial de rencontrer Turing et tous ces individus.
     
    Une autre ancienne des lieux, Gwen Watkins, se souvient avoir souhaité s’immerger totalement dans cet étrange tourbillon intellectuel. Et après coup, lorsque Bletchley Park cessa ses activités et qu’elle se retrouva comme tout le monde face aux boulots austères qu’offrait la Grande-Bretagne d’après-guerre, elle se sentit honorée d’avoir travaillé dans un tel endroit. Dans un certain sens, Bletchley Park lui avait fourni des bases : « Côtoyer des gens pour qui les livres, la musique, l’art, l’histoire faisaient partie de leur vie quotidienne me permit vraiment de m’épanouir. »
    Pendant ce temps, Mimi Gallilee avait eu la chance de voir comment les plus grands esprits d’une génération étaient capables de s’amuser au quotidien. Elle assista à des scènes qui, s’il n’y avait pas eu la guerre, auraient été monnaie courante à Oxford ou Cambridge et dont elles n’auraient jamais été témoin ailleurs.
    « Comme Alan Turing, par exemple, se rappelle Mimi. Le concernant, je me souviens uniquement l’avoir vu marcher sur le sentier et tourner à gauche au
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