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Les amants de Brignais

Les amants de Brignais

Titel: Les amants de Brignais
Autoren: Pierre Naudin
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signalèrent quelques poignées de gens sur le coteau ?
    Comment Jacques de Bourbon, qui était à Crécy et Poitiers, aurait-il pu concevoir d’attaquer les Tard-Venus sur le coteau et de gravir une pente difficile ?
    Le comte de la Marche considérait ses adversaires comme un vil ramas de pillards qui ne tiendraient pas un moment devant les lances et les épées. Il ne voulait voint les considérer comme d’anciens guerriers. Quant à la configuration du terrain, faut-il préciser que le commandement français d’alors n’en avait cure.
    Selon M. Allut, l’armée française dut camper à l’écart des marais des Aiguiers, au pied des Barolles, où ses arrières étaient assurés, sa gauche appuyée sur la route, ce qui lui donnait l’avantage de maintenir ses communications vers Lyon. Il ne prit aucune précaution (gardes, rondes, éclaireurs) pour se mettre à l’abri d’une surprise nocturne.
    Le Petit-Meschin, revenant sur ses pas à marches forcées, envoya un détachement pour occuper le plateau qui dominait la plaine en arrière du camp français, ce qui était facile dans l’obscurité. Les routiers en profitèrent pour s’établir sur ce point où abondaient les cailloux : les chirats , en jargon paysan. Les frondeurs avaient reçu commandement de passer à l’attaque dès le début des hostilités, puis de se précipiter sur les Français. On entama l’assaut dans les ténèbres. Nul renfort, nulle possibilité de fuite ; ce fut l’écrasement.
    On peut émettre une objection de taille à ce raisonnement par ailleurs acceptable : comment un frondeur, un archer eussent-ils pu, de nuit, ajuster leur cible ? Et puis, c’est oublier le texte de Denis Sauvage ! Il a vu les fortifications et la petite forteresse provisoires, certes, mais certainement solides, des routiers. Il a interrogé des « gens dignes de foy » qui avaient trouvé des fragments de lances et d’armes d’hast et des restes de harnois sur les lieux de la bataille…
    Peut-on conclure que le point fort de l’affrontement fut surtout celui que décrit Denis Sauvage : la butte du Mont-Rond, fortifiée, creusée de fossés, hérissée de remparts ? Nul ne pourrait l’affirmer, mais ce fut là, certainement, que l’échec des hommes de Bourbon fut le plus spectaculaire.
    Il avait bien fallu, pour ériger ces escarpes et ce fortin de 50 grands pas d’une part et de 70 de l’autre, monter quantité de pierres, qui n’étaient évidemment pas maçonnées mais empilées avec celles que l’on récupérait et sélectionnait en creusant les excavations. De là, sans doute, les projectiles des frondeurs complétant ceux dont leur gibecière était pleine.
    Mais 2 000 charretées de pierres et cailloux ? Non, assurément.
    La thèse du Dr Humbert Mollière contredit en partie, parfois avec acharnement, les affirmations de P. Allut. Il s’accorde cependant avec lui pour ce qui concerne la « surprise de nuit » dans la plaine des Aiguiers. Pour lui, c’est au niveau de la ferme de Saignes que le combat s’acheva : à cette place seulement furent exhumés, en 1800, des fers d’armes et des débris d’armures. Il note :
    Les traditions populaires sont unanimes à placer sur l es deux points, ainsi qu’au bas des Balmes de Mont-Rond, le théâtre de la lutte. Le point le plus excentrique qui ait été signalé par les habitants est le Sonnet, où un chef aurait été tué, probablement dans la poursuite, mais on ne mentionne pas de véritable combat sur ce point.
    J’ai parlé, plus haut, de la ferme des Saignes. Certes ce nom propre ne saurait dériver de l’étymologie latine a sanguine, comme l’ont soutenu quelques-uns, mais la persistance avec laquelle les habitants désignent ce lieu comme ayant été le théâtre de la lutte a bien sa valeur comme tradition. M. Chambeyron, curé de Brignais, qui, à ma demande, a bien voulu étudier ces traditions, m’écrivait, il y a peu de temps, avoir entendu dire, par un habitant, que le nom du petit ruisseau, le Merdanson, qui traverse la plaine des Aiguiers, où il forme de petits marécages, venait de l’expression corrompue de mare de sang à cause d’une grande bataille qui avait été donnée là et où il fut versé du sang à en faire rougir le ruisseau. « Mais, ajoute mon obligeant correspondant, l’explication serait plus plausible s’il n’existait pas d’autres ruisseaux du même nom, qui ne peuvent revendiquer une si noble origine. » Telle
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