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Les amants de Brignais

Les amants de Brignais

Titel: Les amants de Brignais
Autoren: Pierre Naudin
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il revint précipitamment et, plusieurs heures avant le lever du jour, attaqua les Français avec impétuosité. Surpris dans leur sommeil, ceux-ci ne purent s’armer. Ainsi succombèrent tant de vaillants barons et de nobles chevaliers (il est de règle, chez tous ces chroniqueurs, de ne jamais s’attendrir sur le sort de la piétaille)…
    Voici un récit simple et vraisemblable. Malheureusement aussi invérifiable que celui de Froissart. Comment une armée si impressionnante eût-elle succombé ainsi ? N’y avait-il aucun guetteur autour du camp ? Une bande de 5 000 hommes décidés à l’attaque, cela fait du bruit en s’approchant… surtout quand (comme le prétend faussement Villani) ces hommes étaient italiens ! Or, les Italiens ne furent qu’une infime minorité dans les Compagnies, trop occupés qu’ils étaient dans la Péninsule par des luttes incessantes. On peut d’ailleurs opposer à cette version fort incomplète celle du Thalamus parvus de Montpellier, vieille chronique romane écrite au jour le jour et qui atteste que la bataille eut lieu devant Brignais à l’heure de none, c’est-à-dire au début de l’après-midi. Hélas ! l’affrontement y est sommairement décrit : « À cette heure de none, les ennemis qui étaient dans Brignais et d’autres qui étaient sortis de Sauges tombèrent ensemble sur les assiégeants, de telle sorte qu’ils les déconfirent . » L’important, dans cette défaite, peut se résumer en quelques lignes : les routiers qui s’étaient emparés de Sauges, expulsés par Arnoul d’Audrehem qui les laissa partir avec armes et butin, opérèrent opportunément leur jonction avec ceux de Brignais. Assaillie de partout, l’armée de Jacques, de Bourbon fut vaincue.
    En quittant Lyon, le comte de la Marche n’était absolument pas décidé à attaquer immédiatement les routiers. Son but était d’assiéger le château de Brignais. Des lettres et courses de messagers l’attestent, qu’il serait fastidieux d’énumérer ici. Mais on peut tout de même s’interroger : assiégea-t-il la forteresse délabrée ? Les uns affirment ce fait sans preuves ; les autres l’infirment tout aussi péremptoirement. Si cette défaite est appelée par tous « la bataille devant Brignais », c’est évidemment parce que tous les chroniqueurs ne surent où la situer.
    Voyons maintenant l’exposé de M. Allut. Selon lui, ne sachant pas si l’armée de Jacques de Bourbon cheminerait par Saint-Genis-Laval ou par Francheville, les routiers fortifièrent le château de Brignais. Arrivant par Oullins et Saint-Genis sans trouver d’ennemis devant lui, le comte de la Marche fit installer son camp à cheval sur la route, sa droite s’appuyant sur Sacuny au pied des Barolles. Il pouvait ainsi observer les mouvements de l’ennemi dont il n’était séparé que par 2 kilomètres de plaine et par le Garon. Selon M. Allut, si l’on interrogeait, dans son temps, les traditions locales, le massacre avait eu lieu au bas du versant oriental de la colline du Janicu selon certains, dans la plaine des Aiguiers (entre Sacuny et la route) selon d’autres. Il réfutait cette dernière version car cet endroit n’était alors qu’un marécage, « un amas d’eaux stagnantes ». De plus, il suffit de constater que Sacuny est au nord de Saint-Genis-Laval, à plus de 2 kilomètres de Brignais, pour avoir un doute…
    Notons ici une anomalie : comment l’ost français aurait-il pu s’approcher par deux routes (Oullins et Saint-Genis) séparés par un massif montagneux ? En outre, Sacuny n’est pas au nord de Saint-Genis, mais à l’ouest. Quant au camp français, il ne pouvait appuyer sa droite sur Sacuny, mais bien sa gauche. Le village de Sacuny est sis à 2,500 km au nord de Brignais ; cependant le domaine est nettement plus proche, dans la vallée. Ce village est donc bien à une égale distance de Saint-Genis, mais un massif montagneux les sépare.
    Avant de donner son opinion, ce ne fut pas à Villani mais à Froissart que s’en prit cet auteur.
    Comment , écrit-il, les routiers maîtres de la colline et du bourg, et du château, et pouvant soutenir un siège, auraient-ils pu avoir la pensée d’aller se fixer sur un mamelon situé à une demi-lieue de Brignais ? Ils auraient manqué d’eau, de vivres, de réserves.
    Comment Jacques de Bourbon instruit par l’Archiprêtre de la force des Compagnies, s’en rapporta-t-il à ses coureurs qui lui
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