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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour
Autoren: Michel Zévaco
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digne oncle, mon bon oncle, voilà ! fit Gillot qui commençait à se demander si vraiment il n’allait pas tout à la douce se tirer de ce mauvais pas.
    Et il se mit à vider ses poches, ses chausses, son pourpoint.
    Le rangement commença avec ordre et méthode sous les yeux de l’oncle qui brillaient comme des escarboucles et ne perdaient pas de vue les mains du neveu.
    A mesure que chaque pile reprenait sa place dans le coffre, un nouveau soupir s’étranglait dans la gorge de Gillot, tandis que l’oncle comptait :
    – Encore quinze mille… encore douze mille… encore six mille…
    Le total baissait de plus en plus, à mesure que les écus étaient réintégrés.
    L’opération, comme bien on pense, dura longtemps. Commencée vers deux heures, elle s’acheva à cinq heures du soir.
    Or, cette opération s’accomplissait en même temps que le roi Charles IX faisait sa rentrée dans Paris, en même temps que les deux Pardaillan, après la visite du chevalier à Alice de Lux, et l’attente du vieux routier dans le cabaret de Catho, se battaient rue Montmartre contre les mignons et Damville.
    Donc, l’oncle Gilles annonçait le total à mesure que les piles d’or et les piles d’argent s’entassaient dans le coffre.
    – Il ne manque plus que cinq mille livres… plus que quatre mille… plus que trois mille…
    Gillot qui venait de placer délicatement le dernier écu et de pousser un dernier soupir, Gillot regarda autour de lui et ne vit plus rien.
    A part le coffre, il n’y avait pas de meubles dans ce cabinet.
    Le carreau apparaissait donc tout entier : il n’y avait plus un seul écu.
    – Comment dites-vous, mon oncle ? fit Gillot.
    – Je dis qu’il ne manque plus que trois mille livres.
    Gillot se fouilla et tira de sa poche l’écu, les deux sols et les six deniers qui, on se le rappelle, constituaient sa fortune personnelle. Héroïquement, il les tendit au vieillard qui s’en saisit, les fit disparaître, et dit :
    – Après !…
    – Après, mon oncle ?
    – Oui. Les trois mille livres !
    – Mais je n’ai plus rien, mon oncle !
    Gilles haussa les épaules. Cependant, une inquiétude commença à se glisser dans son cœur. Et son sourire devint amer.
    – Allons, dit-il, dépêche-toi, sans que je te fouille.
    – Fouillez-moi, mon bon oncle… je n’ai plus rien !
    Gilles étouffa un grognement de désespoir, palpa de ses mains tremblantes les vêtements de Gillot, et une sueur froide pointa sur son crâne. Gillot ne mentait pas !… Pourtant, l’espoir est tenace au cœur des avares.
    – Déshabille-toi ! gronda-t-il.
    Gillot obéit, plus mort que vif. Le vieux Gilles examina chaque vêtement, sonda les coutures, retourna les poches, déchira les doublures… Il dut se rendre enfin à l’horrible vérité :
    Trois mille livres manquaient au trésor !…
    Une sauvage imprécation et un hurlement d’épouvante retentirent dans le cabinet ; l’imprécation venait de Gilles, qui en même temps rugissait :
    – Rends-les moi, misérable !
    Le hurlement venait de Gillot que son oncle venait de saisir à la gorge et qui répondait :
    – Fouillez-moi, mon digne oncle, je n’ai plus rien !
    Gilles n’ayant plus rien à fouiller, puisque son neveu s’était entièrement déshabillé, le lâcha et s’arracha des poignées de cheveux.
    – Mes économies de cinq ans ! grinçait-il. Mais qui, qui donc me les a pris, mes pauvres écus ? Insensé que je suis de n’avoir pas veillé nuit et jour, l’arquebuse au poing ! Je suis ruiné ! Je suis mort ! Je suis assassiné ! Mes pauvres écus, où êtes-vous ?…
    Seul, le vieux Pardaillan eût pu répondre à cette question.
    Mais Gillot crut que le moment était venu de rentrer en grâce et insinua :
    – Mon oncle, je vous aiderai à les retrouver ! oui, je me fais fort de les retrouver !
    – Toi ! hurla le vieillard qui avait oublié son neveu, toi, misérable ! Toi qui venais pour me voler ! Toi ! attends ! Tu vas voir ce qu’il en coûte de se faire larronneur et traître ! Habille-toi ! vite !
    En même temps, il secouait son neveu avec une force qu’on n’eût pu lui soupçonner. Enfin, il le lâcha, et Gillot se revêtit rapidement, tandis que le vieillard marmottait des mots sans suite.
    Gilles, cependant, s’apaisa par degrés.
    Lorsque Gillot fut prêt, il le harponna au cou de ses doigts longs, osseux, durs comme du fer, et ayant soigneusement refermé le cabinet, il l’entraîna.
    –
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