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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour
Autoren: Michel Zévaco
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monseigneur !… Sais-tu bien, infâme, quels malheurs ta trahison va attirer sur mon illustre maître ?
    – Hélas ! pardonnez-moi, mon oncle !
    – Et moi-même, que vais-je devenir ? Que vais-je répondre à ce puissant seigneur lorsqu’il va me demander des comptes ? De quel front oserai-je l’aborder ? Ne vaut-il pas mieux que je me pende avant son retour ?
    – Ah ! mon oncle, ne faites pas cela, j’en trépasserais de douleur !
    Le vieux Gilles était sincère. Il avait laissé tomber sa tête dans ses deux mains et se demandait s’il ne valait pas mieux mourir plutôt que d’avoir à essuyer la colère du maréchal.
    Cependant, il avait un témoin de sa résistance et de sa parfaite innocence.
    Et ce témoin n’était autre que Gillot lui-même, en ne comptant pas la lettre que le chevalier Pardaillan avait promis d’envoyer au maréchal.
    Gillot était donc précieux à conserver.
    Et pourtant, il fallait le punir d’un châtiment exemplaire.
    – Ecoute ! dit-il en relevant la tête. Je ne te condamne pas à mort. Monseigneur prendra à ton égard telle décision qui lui conviendra. Mais il faut que je punisse ta lâcheté, ta trahison qui me met moi-même au pied du gibet, sans compter qu’elle me déshonore. Note que je ne te parle pas des trois mille livres qui me manquent à mon coffre…
    – Mais ce n’est pas moi ! hurla Gillot.
    – Que je ne te parle pas, continua Gilles impassible, du vol énorme que tu as voulu perpétrer. Que n’as-tu eu l’idée de me poignarder plutôt que de toucher à mes pauvres chers écus ?… Mais je te pardonne ce crime, te dis-je !… Et quant à ta trahison, monseigneur en jugera, et peut-être te fera-t-il grâce si tu lui racontes les choses telles qu’elles se sont passées. Me le jures-tu ?
    – Sur ma part de paradis, je le jure ! dit Gillot transporté de joie.
    – Bon. En ce cas, je vais me contenter de juger le tort que tu me causes à moi-même en me faisant courir le risque d’être pour le moins chassé par monseigneur. Et je vais te punir par où tu as péché…
    – Comment cela ? Comment cela ? bredouilla Gillot en verdissant de terreur.
    – Oui, tu as trahi ton maître et ton oncle pour sauver tes oreilles. Eh bien, je vais te couper les oreilles !
    – Miséricorde ! rugit l’infortuné Gillot.
    Gilles s’était levé tranquillement et essayait le tranchant de son couteau sur l’ongle de son pouce.
    Il s’approcha de son neveu qui, livide, les yeux fermés, eut encore la force de se dégager.
    – Au moins, n’en coupez qu’une !…
    Il avait à peine terminé cette singulière objurgation qu’une clameur terrible jaillit de sa gorge : le terrible vieillard venait de lui saisir l’oreille droite, et la tirant fortement, l’avait tranchée d’un seul coup de couteau.
    L’oreille tomba sur le sol de la cave.
    – Grâce pour celle qui me reste ! vociféra Gillot ivre d’épouvante et de douleur. Grâce ! pitié !…
    Un deuxième hurlement lui échappa, et alors il s’évanouit.
    Avec la même tranquillité, l’oncle était passé à gauche, et au bout d’une seconde, l’oreille gauche de Gillot avait rejoint son oreille droite sur le sol ensanglanté…
    Nul n’évite sa destinée, assurent les fatalistes. Il paraît que celle du malheureux Gillot était d’être tôt ou tard privé de ces deux vastes et larges ornements que la nature avait prodigalement octroyés à chaque face de son visage.
    Une fois sa besogne accomplie, le hideux vieillard se mit à sourire.
    C’était là une de ces bonnes farces comme il les adorait.
    Mais lorsqu’il vit son neveu inondé de sang, lorsqu’il le vit sans connaissance, il frémit et grommela :
    – Diable ! il ne faut pas que cet imbécile meure tout de suite. Il est mon témoin devant le maréchal !
    Il s’empressa donc de courir à l’office et en rapporta de l’eau, du vin sucré, un cordial, des compresses. Alors, il délia Gillot, l’étendit sur le sol de la cave et se mit à le soigner.
    Lorsqu’il eut bien lavé les deux plaies, lorsqu’il les eut cautérisées au vin sucré, lorsqu’il les eut bandées convenablement, il introduisit une gorgée de cordial entre les lèvres du patient et aspergea son visage d’eau fraîche.
    Gillot revint à lui, ouvrit des yeux hagards, et, croyant avoir fait un cauchemar, son premier geste fut de porter les deux mains à ses oreilles.
    Elles n’y étaient plus !…
    Gillot poussa un lamentable
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