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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour
Autoren: Michel Zévaco
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gémissement.
    – Qu’as-tu donc à te plaindre ? fit l’oncle avec cette intonation narquoise qu’on prête à Satan dans les vieilles légendes.
    – Hélas ! répondit Gillot, comment vais-je faire pour entendre, à présent ?
    – Imbécile ! dit Gilles.
    Ce fut toute la consolation qu’il accorda au pauvre mutilé ! Seulement, il le prit par un bras, l’aida à se soulever, le remit debout, et tous deux, s’apprêtant à quitter cette cave où tant d’événements s’étaient passés, se dirigèrent vers l’escalier aux dernières lueurs de la torche mourante.
    Mais au pied de l’escalier, ils s’arrêtèrent aussi épouvantés l’un que l’autre.
    Un homme était devant eux !
    Et cet homme, c’était le maréchal de Damville !
    – Monseigneur ! s’écria Gilles qui tomba à genoux.
    – Cette fois, je suis mort ! gémit Gillot qui s’évanouit à nouveau et s’écroula.
    – Eh bien ! fit Damville d’une voix calme, que se passe-t-il ?
    – Ah ! monseigneur ! Un affreux malheur ! Je suis innocent, je vous le jure ! J’ai veillé, surveillé, comme vous m’en aviez donné l’ordre en partant. La fatalité et ce misérable imbécile ont tout fait !
    – Expliquez-vous clairement, maître Gilles ! fit Damville avec sévérité.
    – Eh bien, monseigneur, les prisonnières, le damné Pardaillan sait où elles se trouvent… et à l’heure qu’il est, sans aucun doute, elles sont en son pouvoir…
    – Et tu n’es pour rien dans cette trahison ?
    – Monseigneur, je vous le jure. Mais daignez interroger ce misérable à qui je viens de couper les oreilles…
    – C’est inutile. J’ai foi en ta parole, Gilles. Relève-toi.
    – Ah ! monseigneur ! s’écria l’intendant ; vous me croirez si vous voulez, mais ce que vous venez de dire est pour moi une récompense plus magnifique que le jour où vous me donnâtes cinq cents écus d’un seul coup !
    – Ainsi, tu me restes dévoué ?
    – Jusqu’à la mort ! Parlez, ordonnez, ma vie est à vous !
    – Et tu es décidé à tout entreprendre pour réparer le malheur que tu me signales ?
    – S’il ne faut que donner mon sang goutte à goutte, je suis prêt !…
    – Viens donc, et fais appel à ton génie d’astuce. Car si je n’ai nul besoin de ton sang, ce que je vais te demander sera plus difficile à coup sûr que de mourir pour moi.
    – Je suis prêt, monseigneur !
    Et le vieillard se redressa. Le maréchal lui avait dit qu’il avait foi en sa parole, à lui, laquais ! Comme s’il eût été gentilhomme !… Le maréchal, faisait appel à son génie ! Il le traitait de puissance à puissance !
    Gilles sentit ses forces d’intrigue se décupler et brûla de se jeter dans la lutte, entrevoyant au bout de cette lutte une victoire éclatante, et au bout de cette victoire, la fortune.
    Damville remontait l’escalier de la cave, tout pensif.
    – Monseigneur, demanda Gilles, et cet imbécile ?
    – Quel imbécile ?
    – Mon neveu, dit le vieillard en désignant Gillot toujours évanoui.
    – En bien ?
    – Faut-il l’achever ?
    – Non. Il pourra te servir dans ce que tu vas entreprendre. Viens !…
    q

Chapitre 3 L’ASTROLOGUE
    N ous laisserons le maréchal de Damville aux prises avec sa haine et sa rage, chercher quelque moyen de frapper à mort les Pardaillan et de s’emparer de Jeanne pour la cacher jusqu’au jour qu’il croyait proche où la maison de Lorraine édifierait sa fortune sur les ruines de la maison de Valois, où Charles IX tomberait sous quelque balle en même temps que son frère Henri d’Anjou, et où Henri de Guise mettrait sur sa tête la couronne de France. Nous laisserons également François de Montmorency, la pauvre folle et Loïse dans la maison du savant Ramus où les nécessités de notre récit nous rappelleront bientôt.
    Trois jours après les événements qui se sont déroulés, trois jours après la rentrée triomphale du roi dans sa ville, comme dix heures du soir sonnaient à Saint-Germain-l’Auxerrois, deux ombres marchaient lentement dans la nuit qui enveloppait les jardins du nouvel hôtel de la reine.
    Sur l’emplacement actuel de la Halle aux Blés (Bourse de Commerce), s’était élevé jadis l’hôtel de Soissons, non loin de l’hôtel de Nesles. Ce qui s’appelle aujourd’hui rue Coquillère s’appelait dans ce temps-là rue de Nesles, à cause de l’hôtel de ce nom. L’hôtel de Soissons était borné par les rues du Four, de Grenelle
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