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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon
Autoren: Axel Aylwen
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plénipotentiaire et le directeur du commerce contemplaient la scène avec une frustration mêlée d'angoisse tandis qu'on jetait des cordages aux rameurs en difficulté. La Loubère se tourna vers les badauds. « Ne restez pas plantés là ! cria-t-il. Mettez une autre chaloupe à la mer, morbleu ! Et en vitesse ! »
    Un marin tendit une longue-vue à La Loubère, qui la leva pour scruter l'océan. Il dut la lever de plus en plus haut pour trouver ce qu'il cherchait. « Je veux bien être pendu ! » s'exclama-t-il en découvrant Kosa au loin. Il avait presque couvert la moitié de la distance qui le séparait du rivage, et ses mouvements paraissaient toujours aussi réguliers.
    Une deuxième chaloupe s'élança à sa poursuite. Un énorme matelot menait les rameurs qui chantaient en cadence. La chaloupe fit un bond en avant et La Loubère sourit pour la première fois de la matinée en voyant la rapidité de sa progression. Malgré la distance, une telle équipe n'aurait aucun mal à rattraper le nageur bien avant qu'il n'atteignît le rivage.
    « Ohé ! du navire ! »
    Le cri soudain de la vigie, qui avait enfin pris son poste au sommet du grand mât, interrompit ses pensées.
    La Loubère leva les yeux. « Où ?
    — Là-bas, Votre Excellence. »
    Il suivit la direction du bras de la vigie et leva à nouveau sa longue-vue. Un point noir se déplaçait au loin, apparemment près du rivage. Il remercia Dieu en silence. « Tachard, enfin ! dit-il entre ses dents. Il était grand temps. »
    La chaloupe rattrapait rapidement le nageur tandis que la nouvelle embarcation semblait également se diriger dans leur direction.
    « Ce bateau a une drôle d'allure, Votre Excellence. Longue et effilée. » C'était de nouveau la voix de la vigie.
    La Loubère regarda une fois de plus dans sa longue-vue mais ne distingua qu'une tache sombre. Frustré, il baissa son instrument, enviant l'acuité visuelle de la jeune vigie. « Vous voulez dire que ce n'est pas le bateau de Tachard ?
    — Je n'arrive pas encore à distinguer les visages, Votre Excellence, mais ce n'est certainement pas le bateau sur lequel le révérend père est parti. » Tachard avait pris la plus petite des chaloupes de L'Oiseau et deux hommes pour l'aider à ramer. Les matelots avaient ordre d'attendre le retour du prêtre au point de débarquement. Seul Tachard s'aventurerait à terre.
    La Loubère se retourna avec colère vers Cébéret. « Tachard a intérêt à avoir une sacrée bonne excuse s'il n'est pas à bord ! Il sait mieux que quiconque que nous manquons cruellement de vivres et de médicaments pour les malades.
    — On dit que c'est un long voyage pour remonter le fleuve jusqu'à la capitale du Siam, Simon ; plus de quinze heures, je crois. Et nous savons combien les choses vont lentement en Orient. Peut-être Sa Majesté siamoise examine-t-elle nos demandes en ce moment même, suggéra Cébéret.
    — Qu'y a-t-il donc à examiner ? rétorqua La Loubère. Leur roi ne nous a-t-il pas envoyé une invitation officielle ? Nous devrions être au moins invités à débarquer. Est-ce là la célèbre hospitalité orientale ? »
    Cébéret eut un fin sourire. « Peut-être le roi trouve-t-il quelque peu excessives nos demandes concernant ses deux ports les plus stratégiques. »
    L'ambassadeur ne releva pas le sous-entendu sar-castique. « Comment ce Phaulkon ose-t-il nous ignorer ? Un Grec ne peut être assez bête pour faire attendre une ambassade du Roi-Soleil.
    — S'il est aussi retors qu'on le dit, il pourrait bien, à force de cajoleries, avoir amené Tachard à révéler la véritable dimension de nos forces armées. Auquel cas les Siamois sont peut-être en train de délibérer sur ce qu'ils vont faire.
    — Mais Phaulkon est avec nous, insista La Loubère. C'est un catholique ! N'a-t-il pas indiqué dans ses lettres qu'il était prêt, par tous les moyens, à aider la France à... à... » (l'ambassadeur faisait attention au choix de ses mots) « à atteindre ses objectifs ici ? »
    Cébéret lui adressa un sourire ironique. « Vous voulez dire nous livrer le Siam ? » Il marqua un temps. « Et s'il avait simplement besoin du prestige de la France pour se maintenir au pouvoir ? »
    L'ambassadeur plénipotentiaire se raidit et répondit, la tête haute : « S'il y avait la moindre chance que ce fût le cas, Claude, notre souverain, le roi Louis, ne m'aurait pas chargé de lui conférer le titre de comte de France.
    — Je ne partage pas votre
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